Chapitre 9 : le tableau magique

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Finalement, je m’étais bien habitué à ce corps de matou roux. Parfois, la nuit, je rêvais de ma vie d’avant, de ma vie là bas. Comme j’étais jeune, naïf, ignorant : en ces temps si récents !, j’aurais éclaté de rire, si l’on m’avait prédit que j’allais devenir un chat roux combattant, au milieu d’un monde magique.

Avant, oui mais quand ? Depuis combien de temps avais-je séjourné, dans ce monde étrange : des jours, des mois, des années ? Et qui me garantissait que le temps s’écoulait de la même façon de l’autre côté du miroir ? Que se passera-il quand je retrouverai la vie d’avant. ?

Une pensée étrange me vint à l’esprit : la vraie vie était ici ! De l’autre côté, je n’étais qu’un pantin vide, livré à tous les vents contraires de l’avidité et de mes passions. Oui mais là bas Julie était à moi. Sa beauté dénudée m’avait bouleversé, fait naître cette voix.

Sa beauté m’avait transpercé tel un cruel poignard, car c’est à lui qu’elle appartenait maintenant , lui qui jouissait de ses yeux, de sa bouche, qui souillait sa tendre poitrine qui violentait son intimité.

Je sentis la rage monter en moi et je retournai à l’entraînement avec fougue.

S’entraîner, encore et encore, tel était l’épuisant mantra de Zirki !

Kavali attendait de pied ferme le duo formé par le chat et l’oiseau. Chacun l’attaqua de son côté, espérant le déconcerter, mais le fauve sut retenir toute l’énergie de la terre pour les repousser.

Pire, il s’approcha du chat en simulant sa mise à mort.

Mais le chat roux puisa au plus profond de sa rage pour se surpasser. Avant que le fauve ne réagisse il avait ses deux pattes , de velours, contre les yeux du fauve.

Le chat attendit de sévères remontrances, mais au contraire , il reçut les félicitations de l’animal : « Bravo, petit chat, je reconnais tes progrès ! »

Kavali quitta le terrain d’entraînement et Zirki s’approcha les yeux brillants :

« Tu vois, tu te perfectionnes.

— Oui, mais j’ai bien cru qu’il allait me tuer.

— Mais non, tu te trompes, rétorqua la jeune fille.

— Je ne sais pas, je le sens méfiant, marmonna le chat.

— Allons nous promener, proposa l’oiseau, tu chasseras tes pensées noires »

J’acceptai sa proposition avec enthousiasme. J’avais repéré une maison abandonnée cachée dans la forêt et je souhaitais l’explorer.

Mais, à mon grand étonnement, mon amie devint fébrile :

« Partons d’ici,vite !

— Pourquoi donc, demandai-je ?

— Je n’aime pas ce lieu, me répondit l’oiseau, il y a une magie puissante et maléfique, dans les parages.

— Moi, je ne sens rien : aurais-tu peur ? »

La jeune fille me fusilla du regard et entra la première dans la vielle battisse, pour me prouver son absence de crainte.

Quel lieu étrange !

Tout était vieux, poussiéreux abandonné.

Pourtant une toile neuve et fraîche semblait nous attendre avec une palette et des peintures !

Étonné je reniflai ces étranges objets.

Je proposai à Zirki de la peindre. La jeune fille fit semblant de refuser, mais se montra en réalité, fort curieuse.

Elle prit la pose et je pus constater que la situation l’amusait beaucoup.

Je n’avais pas remarqué combien son plumage était coloré , combien la jeune fille était belle.

Je ne suis qu’un peintre médiocre et souvent fort lent. Mais rien n’était comme d’habitude, je peignais à toute vitesse et toute la beauté de Zirki semblait se projeter sur la toile : je n’avais jamais rien peint d’aussi beau !

Ce « je » est déplacé , en fait c’était le pinceau qui peignait pour moi, un oiseau plus vrai que nature apparaissait à une vitesse folle sur la toile.

J’allai mettre une touche final à mon chef d’œuvre, quand un hurlement retentit derrière moi.

Kavali me fixait les yeux injectés de sang, le fauve hurla :

« Arrête immédiatement !

— Plus qu’une touche et tu verras combien notre amie est belle , répondis-je en souriant.

— Je verrai surtout combien elle est morte .grogna le fauve. Cette peinture est maudite, si tu achèves le tableau, elle sera piégée à l’intérieur pour l’éternité. »

Je n’eus pas le temps de réagir, le fauve bondit m’arracha le pinceau de la main et l’avala.

La toile disparut immédiatement, avec une violente odeur de soufre.

Je balbutiai :

« Je ne comprends pas, balbutiai-je.

— Moi, je comprends trop bien, rétorqua le fauve, les yeux emplis de haine.

— Je ne comprend pas, répétai-je.

— C’est simple, la Voix m’a mis sur le chemin ; tu pues la magie, la magie noire et dangereuse. »

Ne me laissant pas le temps de me défendre le fauve prit son élan, Je fermai les yeux : j’allai mourir.

Après quelques secondes, je les rouvris interloqué : j’étais vivant !

Et le Fauve ?

Il était là, suspendu dans les airs, figé en plein bond.

Un rire me fit sursauter et je vis Merlin qui me regardait avec tendresse :

« Eh bien fiston, j’arrive juste à temps.

— Et lui, il va rester comme cela, demandai-je ?

— Il est amusant, me dit l’enchanteur en caressant le fauve.

— Je ne comprends pas, dis-je ;

— Tu radotes petit chat ! Je vais t’expliquer au cinéma on appelle cela « Bullet Time ».

— Tu as ralenti le temps ?

— Pour nous oui, pour eux, non. »

Je me tournai vers mon amie, elle aussi figée.

Je dis à Merlin :

« Il faut leur dire.

— Trop dangereux, rétorqua le vieil homme, ils t’en veulent de trop.

— Que faire alors ?

— Voyager me dit le vieil homme. »

Il lança un sort et je me retrouvai dans le château du chevalier noir, plus précisément dans son jardin ; je vis mon ennemi et j’eus envie de le tuer. Je me retins, non cela serait lâche : il ne pouvait pas se défendre !

Mais Julie, où était Julie ? Je vis le tour du château, je le visitai entièrement : aucune trace de la belle blonde !

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