Une matinée mouvementée

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Nous avons toujours des jours où on se sent vivant complètement et tout nous semble faisable. Or, pour toute chose, il existe son opposé tel une soeur jumelle; vous voyez de quoi je parle ? Ces matinées où dès la fin du rêve, on s'attend direct à prendre une bonne claque sur l'une de nos joues. Je vous prie de me permettre le plaisir de vous raconter une de mes anecdotes.

J'étais dans mon lit, l'endroit dans lequel tout est paisible, à dormir après une longue journée exténuante de travail. Je suis un ouvrier et la charge de mon travail, c'est toujours et systématiquement la même chose : *Je prends les plaques, je les mets dans la machine, je prends d'autres plaques, je les mets dans la machine*.

Alors que dans les rêves, nous pouvons tout faire ; je peux envoyer promener mon chef sur mon dos, mon patron tyrannique et ma femme toujours plus pour elle.

Cet incroyable sentiment de pouvoir et de force disparue en un éclair par la sonnerie de défaut de mon téléphone au son identique à mon responsable : "Bip ! Bip !".

-Encore six minutes, réclame-je en m'enroulant dans ma couverture si chaude et douce.

-Bip !! Bip !! Continu de sonner de plus belle mon téléphone en vibrant sur lui-même.

-Va chier, portable à deux francs ! Hurle-je dépité de m'être fait retirer de mes songes si brutalement..

Après un combat acharné, de la même manière que tous les jours, cette machine moderne gagna contre ma détermination matinale.

Je commence ma nouvelle journée en fixant l'heure en premier lieu avec mes yeux suppliants de retourner se reposer. Lorsque soudain, ma concentration augmente proportionnellement en mode maximal. Mon appareil Samsung indique 7 h 50, mon cerveau se met à bouillonner similaire à un super ordinateur. Ma centrale intelligente me signale que je n'ai plus que seulement dix minutes avant de me faire crier par mon chef pour retard. Il me rassure en coordonnant tout d'instinct ; je saute du lit à en faire voler mon chien et mon chat seul ma femme reste confortablement dans notre chambre à coucher.

Je poursuis ma lancée frénétique, j'attrape mon pantalon au sol, je fonce dans l'armoire à vêtements et mince ! Plus un seul tee-shirt pour aller au travail, alerte rouge ! Je demande où sont les vêtements à ma compagne et dans son charabia matinale, j'arrive à discerner : machine et linge. Je me précipite donc dans notre cellier, je vérifie les machines en espérant de tout coeur que ce soit la machine à sèche -linge.

Or énorme déception, les vêtements demeurent dans la machine à lave-linge. Heureusement, ma centrale continue de tourner à plein régime ! Il m'informe que dans le panier à linge sale, il doit avoir assurément un tee-shirt. "Pas le temps de trier les vêtements, pardonne moi femme !". J'attrape le panier et je renverse le tout par terre en priant le dieu tout-puissant dont le pauvre n'est là que dans mes pires tracas. Par chance, mon salut existe, je vois un tee-shirt tâché accompagner de l'odeur d'un phoque. Tant pis, je ne peux plus faire la fine bouche à ce moment-là.

Désormais, que j'ai résolu le problème des vêtements, je dois saisir mes chaussures et mes clefs enfin de pouvoir partir de la maison. Je vérifie l'heure, il me reste huit minutes en enlevant le trajet de cinq minutes donc un surplus de trois minutes. J'ai amplement le temps, je les range systématiquement au même endroit dans mon meuble à chaussure, l'investissement le plus utile de ma charmante femme. Seulement, je restais non confiant, car mon pire ennemi était toujours présent : l'escalier. Je n'avais nullement le temps pour la sécurité, j'attrape les taureaux par les cornes. Je bondis contre ce maudit adversaire, je trébuche et avec style, je me stabilise conforme à un valeureux Viking.

Le Valhalla existe, mes chaussures et mes clefs m'attendaient bien auprès de mon cher valet mobilier. Je me procure les clefs et mes tennis sans prendre le temps de négocier. Je sors de la maison frénétiquement en essayant de mettre ce satané manteau pour lutter contre le rude froid matinal. J'entre dans ma fidèle monture, ma Titine.

Un nouveau malheur s'abat ! Le pare-brise de Titine était complètement gelé ; je contrôle une nouvelle fois l'heure, il me reste six minutes. Je suis encore plus en panique qu'avant. Je mets en contact la voiture et je dois attendre que la glace fonde pour pouvoir conduire Titine. Les secondes à patienter semblaient être une véritable éternité, je fixais tantôt l'heure tantôt le pare-brise sans la moindre distraction. Je ne veux pas le moindre son me déconcentrer ni de mon téléphone, ni de la radio et encore moins de ma respiration. Le dégel de ma voiture prenait bien plus de temps que prévu, deux minutes se sont déjà écoulées et seulement la moitié du pare-brise était visible. Je suis à limite du retard, je ne pouvais plus jouer la carte de la sécurité. Je dois m'élancer avec la même fougue que mes sauts de l'escalier.

Je démarre la voiture sur le bitume, Titine était devenu un véritable bolide de course infernale. Je prenais les deux ronds-points tel un lion poursuivant sa proie. Lorsque j'arrivai au dernier rond-point, il était nécessaire d'attendre le passage des quatre véhicules prioritaires. Je demeure observateur de la circulation en étant impatient avec mon pied prêt à donner l'ordre de charger à tout instant. Je vois les quatre voitures traverser le grand rond point, c'était parfait, plus rien ne pouvait plus m'arrêter. Je ne conduisais plus ma gentille Titine, je commande un authentique cortège de l'enfer.

J'étais enfin arrivé au lieu de travail, mais je ne distinguais pas un chat. Alors que le chef est toujours et quand je dis toujours, c'est vraiment toujours le premier sur les lieux pour jubiler lors des cas du personnel en retard. Je regarde l'heure à nouveau en prenant cette fois le temps de vérifier la date. Je fus tellement choqué que je rentrais sans dire le moindre mot à ma maison. J'enlève mon manteau, mes chaussures, mes clefs et je me couche de plus belle dans mon lit double. Ma femme sentant de nouveau ma présence m'interroge :

-Tu as oublié qu'aujourd'hui, c'était fériée ?

-Oui, laisse moi dormir s'il te plaît ! Je ne veux plus en parler ! Ronchonne-je en m'engouffrant dans mon oreiller.

-Je t'aime aussi mon grand boulet, dit-elle en me caressant les cheveux.

Fin de mon anecdote, merci à vous de m'avoir écouté.

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