Chapitre 4 (deuxième partie)

7 minutes de lecture

Mercredi 21 juin 2006

Chère Tara,

J'espère que toi, Philip et Brendan vous portez bien. Sans doute peux-tu profiter de belles journées pour promener Brendan au parc. Je te le souhaite vivement.

Je t'écris depuis Fort William, car tout s'est un peu bousculé ces derniers jours... Je me trouve désormais chez Mummy, puisque la médecin a jugé qu'il fallait que j'arrête de travailler. J'aurais pu rester à Glasgow, mais, en parlant avec Mickaël, nous avons convenu tous les deux que je serais mieux ici. Mummy, Jenn, Ingrid, Shana et Véra sont venues m'aider tant au magasin pour honorer mes dernières commandes, qu'à l'appartement pour tout ranger et nettoyer. Même Léony m'a aidée ! Elle en était si heureuse et je dois t'avouer que toutes ces présences m'ont grandement facilité la vie. D'une part, je ne me suis pas fatiguée plus, j'ai pu me reposer sur des personnes efficaces et tout a été mis en ordre pour mon départ.

Mickaël nous a conduites Mummy et moi au cours du week-end passé et l'autre grande nouvelle est que Sam et lui ont signé lundi dernier l'achat du restaurant. C'est un grand saut dans l'inconnu, même si tous leurs proches les ont encouragés, y compris Harris, leur patron, qui est venu à Fort William avec son épouse il y a deux semaines maintenant et a dîné au restaurant. Il a pu leur livrer ses impressions et, de ce que m'en avait rapporté Mickaël, elles étaient tout à fait positives. Harris leur fait confiance pour tenir ce challenge et a souligné combien l'emplacement était bien situé, sur le port, dans un lieu de passage et, qui plus est, offrant une vue magnifique sur le Loch Linnhe et les montagnes en face. Faire aboutir cette première étape du projet n'était pas la moindre et je me sens soulagée qu'ils aient pu prendre une décision sereinement, en toute connaissance de cause. Maintenant, il reste plusieurs chantiers à lancer, puisque, comme je te l'avais dit précédemment, il y a d'importants travaux à mener pour mettre la cuisine aux normes et rendre la salle plus accueillante. Cela se fera au mois d'août. Il reste aussi à Mickaël - car c'est principalement lui qui aura cette charge - à signer les derniers accords avec les fournisseurs de la région. Il veut au maximum pouvoir travailler avec des produits locaux, que ce soit pour les poissons ou pour les légumes. Les fruits seront un peu plus délicats à trouver sur place, tout dépendra des produits et de la saison. Je pourrai te donner plus de précisions à ce sujet dans une future lettre.

Me voici donc chez Mummy où je dois me reposer... Et où je sais que je vais me reposer. Sa compagnie est si agréable, elle est très prévenante. Son rythme de vie est tranquille et convient tout à fait au mien, même si je l'abandonne toujours en début d'après-midi pour dormir... Nous pouvons aussi profiter de son jardin. Le matin, en général, elle veille sur son potager, y ramasse les légumes dont nous aurons besoin dans la journée et je peux ainsi manger de délicieuses salades et des légumes tout frais. En ce moment, elle me prépare de succulents plats à base de mouton, de petits pois et de carottes. Les ragoûts de Mummy sont une merveille ! Nous cueillons aussi des fraises, les premières framboises, pour nos desserts. Et elle va commencer des confitures de fraises d'autant que ses quelques jours d'absence la semaine dernière ont contribué à une forte production de fruits, puisqu'elle n'était pas là pour les ramasser au quotidien. Pendant que je t'écris, elle a d'ailleurs entamé une première cuisson et cela embaume jusque dans la salle où je me suis installée.

J'ai pris un premier rendez-vous à la maternité pour la fin de semaine. Mickaël ne sera pas avec moi, mais je tenais à voir un médecin, ici, le plus rapidement possible, afin que mon dossier puisse être transféré sans tarder et que je sois suivie. En cas de soucis, je préfère savoir que tout est en ordre, avoir fait connaissance aussi avec l'équipe médicale. J'ai repris des forces, un peu d'énergie et je me sens bien mieux que lorsque j'avais pris ce rendez-vous en catastrophe. Je sais que la doctoresse qui me suivait à Glasgow s'est montrée rassurante, que le repos que j'avais pris m'avait fait du bien et que le bébé va bien. Je le sens maintenant bouger chaque jour et je m'émerveille toujours de ces sensations ! Un lien nouveau se crée ainsi avec lui, je peux le caresser en sachant qu'il sent ma main. Je sais aussi qu'il entend ma voix et qu'il peut profiter également du bon air des Highlands.

Voilà, ma chère petite sœur, les nouvelles que je pouvais te transmettre. J'écrirai aussi très prochainement à Kenneth. Tu peux déjà lui donner ces nouvelles et le rassurer au sujet de ma santé et de celle du bébé.

Je t'embrasse bien fort ainsi que Philip et Brendan. Prenez bien soin de vous !

Maureen

Vendredi 23 juin 2006

Jenn patientait dans la petite salle d'attente du service de la maternité de Fort William. Maureen se trouvait, depuis un bon quart d'heure, avec le médecin qui allait désormais la suivre pour la fin de sa grossesse. Jenn avait pris un livre pour patienter et elle tentait par sa lecture de chasser au mieux son inquiétude pour son amie : la fatigue de Maureen, les douleurs qu'elle avait ressenties deux semaines plus tôt la tracassaient, même si la jeune femme lui semblait en bien meilleure forme que lorsqu'elle l'avait aidée, un peu en catastrophe, pour ranger ses affaires et nettoyer appartement et boutique. Elles avaient mené ce chantier tambour battant, les petites mains n'ayant pas manqué. Elle avait apprécié cette solidarité instinctive, ce soutien qui s'était spontanément manifesté autour de la future maman, que ce soit la présence toujours bienveillante d'Ingrid, l'efficacité redoutable de Véra, la gentillesse de Shana ou la chaleureuse attention de Mummy.

Jenn sourit en songeant à la façon dont la vieille dame avait pris les choses en main et avait organisé la petite équipe "d'aides ménagères" à sa disposition, en fonction aussi du temps libre de chacune. Si Jenn avait été avec elles chaque jour, Shana s'était vue attribuer le nettoyage de la salle de bain qu'elle avait pu mener sur deux soirs d'affilée, Ingrid et elle-même s'étaient occupées de la cuisine, puis de la chambre une fois que Maureen en avait vidé les placards avec l'aide de Léony. Elles avaient attendu que Véra puisse les rejoindre le samedi pour se lancer dans le grand ménage du magasin. Mummy, quant à elle, supervisait tout cela, en ayant l'air de ne pas y toucher, tout en s'occupant des repas pour que Mickaël n'ait pas cette charge en plus. Elle savait que tout ce soutien avait grandement contribué à rassurer Maureen, à lui faire accepter aussi cette nécessité de ne plus travailler pour préserver la santé de son bébé et la sienne.

Oui, toute cette solidarité émouvait profondément Jenn, car elle y avait retrouvé la même attention et la même présence que celles dont elle avait pu bénéficier lors de la fin de vie de sa mère et des premières semaines de deuil. Sa propre grand-mère, Mary, avait aussi agi comme Mummy. Rien ne pouvait remplacer l'amour d'une grand-mère, efficace et dévouée au bien-être de ses petits-enfants, et, maintenant, de ses arrière-petits-enfants.

Maureen sortit enfin de la salle et rejoignit son amie. Elles quittèrent rapidement la maternité. Jenn lui demanda :

- Ca s'est bien passé ?

- Oui. Le médecin est très gentil et il m'a assuré faire le nécessaire pour récupérer mon dossier auprès de l'hôpital de Glasgow. Il a pris ma tension, a même écouté encore le cœur du bébé. Tout allait bien. Certes, ma tension est toujours un peu basse, mais il m'a rappelé que c'était normal à ce stade de la grossesse. Néanmoins, et comme je suis sujette aux étourdissements quasiment depuis le début, même en faisant attention, il reste vigilant. Il m'a fixé un prochain rendez-vous pour un lundi, quand Mickaël sera là.

- Lundi prochain ? demanda Jenn.

- Non, car ce sera un peu trop tôt pour avoir récupéré le dossier médical, répondit Maureen. Mais le suivant. Après, avec le festival, je ne sais pas si Mickaël reviendra... C'est une période très fatigante pour eux, au travail.

- Oui, reconnut Jenn alors qu'elles approchaient de la voiture. Sam m'a prévenue aussi qu'il ne reviendrait peut-être pas au cours du week-end du 16.

Elles remontèrent dans la voiture et Jenn lui proposa alors de faire les quelques courses dont Mummy avait besoin. Ce ne fut pas long et elles regagnèrent bien vite la maison. Mummy quittait tout juste son potager, quelques radis dans une main, une salade dans l'autre, quand elles arrivèrent.

- Alors, ma petite ? demanda-t-elle dès que Maureen s'approcha d'elle.

- Ca va bien, Mummy, répondit-elle. Le médecin fait le nécessaire pour le dossier, et il a pris ma tension bien sûr, et encore écouté le cœur du bébé. L'examen a été un peu long, il m'a rassurée aussi. D'après les éléments que j'avais pu lui fournir, il pense que le repos m'a été bénéfique et que j'ai bien fait d'arrêter dès la première alerte.

- Ah, c'est bien, tu vois, sourit la vieille dame. Préconise-t-il que tu restes allongée ?

- Non, seulement si je me sens un peu fatiguée. Il dit que je dois marcher un peu aussi, tranquillement. Je lui ai dit que j'étais avec vous et que vous aviez un joli jardin. Il a trouvé que c'était un lieu idéal et que je devais profiter du grand air et des belles journées que nous avions le plus possible. Il m'a simplement conseillé de surélever un peu mes jambes quand je suis assise ou allongée.

- Bon, cela ne sera pas difficile à faire, dit Mummy. Jenn, veux-tu rester déjeuner avec nous ?

- Volontiers, Mummy. Papa est parti aider un voisin... Je vais juste le prévenir. Je suis certaine qu'il sera invité de son côté aussi ! rit-elle.

- Alors, c'est parfait.

Elles rentrèrent dans la maison, Jenn aida Mummy et le repas fut vite prêt. Elles mangèrent dans la cuisine : la salle était réservée au repas du soir, pour mieux profiter du soleil couchant. Puis Jenn repartit et Maureen alla s'allonger.

Une fois dans la chambre, elle appela Mickaël pour le tenir au courant des dernières nouvelles. Elle sentit bien son soulagement, et aussi sa satisfaction à pouvoir assister au prochain rendez-vous avec le médecin.

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