Chapitre 72

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Toc Toc.

Il grogna en enfonçant son visage dans l’oreiller. Poussé par le désir de s’y enfouir et oublier ce monde absurde et ridicule. Ce monde où le destin prenait un malin plaisir à se moquer de lui en permanence. Allant jusqu’à lui refuser cet éphémère instant de gloire qu’il avait toujours espéré et pour lequel il s’était ardemment préparé.

Toc Toc Toc.

D’un geste rageur, il rabattit sa couverture sur lui et s’y emmitoufla en position fœtale.

Lâchez-moi la grappe ! rugit intérieurement Cormack à l’adresse du propriétaire du tambourinement intempestif.

Il voulait juste être seul. Seul avec lui-même dans ces draps usés et cette literie douteuse dans laquelle le moindre mouvement provoquait le plus irritant grincement. Sitôt après sa « victoire » sur le baron de l’Entonnoir, le Rolf s’était enfermé dans la chambre qui lui avait été attribuée lors de son arrivée au domaine des Vignes. Une pièce de trois mètres sur quatre à la vétusté avérée. Les bougies s’étaient consumées depuis fort longtemps. Plongé dans un noir total, il avait rapidement perdu la notion du temps. Entre les phases de sommeil plus ou moins longues, s’était rejouée à maintes reprises dans son esprit la lamentable mascarade dont il avait été l’un des tristes acteurs. Une humiliation à la hauteur de la bouffonnerie à laquelle il avait pris part, malgré lui.

Toi, le baron du domaine des Vignes, va mener un combat bourré d’honneur face au cruel baron Gaylor, et ceci pour sauvegarder le mode de vie des opprimés… Le seul Rolf de l’histoire à accéder au titre de baron d’un royaume des Baronnies… Nous allons participer à la construction des Contrées de Soreth

Cormack serra les dents alors que les paroles de ce faux-jeton, qui osait se prétendre son ami, refaisaient surface. Des paroles maintenant saupoudrées d’ironie au vu de la tournure des évènements. Cette enflure d’Ezéquiel avait utilisé ses nobles aspirations pour le pousser à se ridiculiser en public. Ceci devant des centaines de spectateurs. Tout ça pour satisfaire aux sombres desseins d’un prince pourri gâté qui n’hésitait pas à sacrifier la dignité de ses propres compagnons.

Toc Toc…

Le Rolf secoua tristement la tête en se retournant dans son lit. Il revoyait encore ce couard de Gaylor refusant de ramasser son épée et poursuivre un combat qui serait rentré dans l’Histoire et auquel Cormack avait rêvé toute sa vie. Au lieu de cela, ce lâche lui avait tourné le dos et alors, il… Cormack ferma les yeux en grimaçant. Certes, cet acte colérique avait bien été une chose dont il aurait pu se passer. Guère réfléchi et spontané, ce coup se trouvait être le fruit de sa frustration.

Toujours en position fœtale, il se prit la tête à deux mains tout en laissant échapper un râle d’impuissance. Tout ça, c’était la faute d’Ezéquiel ! Cet odieux manipulateur qui…

— Seigneur Cormack ?

Ah non !

Le Rolf se retourna une fois de plus pour présenter son dos à la porte. Le propriétaire de cette voix nasillarde et fluette était bien la dernière personne qu’il souhaitait voir en ce moment-même. La dernière personne après Ezéquiel, bien entendu !

— Seigneur Cormack, je sais que vous êtes là !

— Et moi, je te dis que non, Gravis !

Semblable au croassement d’un corbeau blessé, il avait répondu d’une voix éraillée et coupante qu’il ne reconnue pas. Le confortant dans la triste idée qu’Ezéquiel avait fait plus que lui enlever sa dignité.

Cormack n’était tout simplement plus le brillant Rolf qu’il avait été en des temps bénis. Des temps où l’influence malsaine de ce prince des ténèbres ne pouvait encore écorner l’éclat éblouissant dont sa merveilleuse personne se trouvait auréolée. Suscitant admiration et joie auprès de tous.

Si cet opprobre venait aux oreilles de Leati…

— Vous venez pourtant de me répondre !

— Ouais… Eh bien, j’t’ai répondu pour que tu m’foutes la paix !

— Seigneur Cormack, je ne peux pas faire ça.

— Pas l’choix !

Un instant passa, durant lequel le Rolf continua de maugréer dans sa barbe, avant que Gravis, toujours derrière la porte, ne reprenne la parole.

— Seigneur Cormack, je ne comprends pas votre réaction…

C’est logique, t’es un gland !

— Vous continuez à vous terrer dans cette chambre comme si vous aviez fait quelque chose de mal, poursuivit le petit homme. Alors que vous avez été merveilleux !

Merveilleux ?! Cormack lança un coup d’œil sceptique en direction de la porte. Gravis Petitpieds se moquait-il de lui ? Jamais il n’y avait eu duel plus pendable que celui auquel avait assisté l’ancien majordome, le Rolf en était certain.

— Vous ne nous avez pas seulement sauvés, mon oncle et moi ! Mais aussi tous les habitants du domaine des Vignes, seigneur ! Et je peux même y inclure les autres royaumes prisonniers du joug de cet horrible Gaylor, ainsi que ceux qui y étaient promis.

Cormack se redressa sur son lit à ces paroles.

— Tu trouves que j’ai été merveilleux… ?

Le rire honnête de Gravis Petitpieds lui parvint.

— Mon seul regret est que jamais nous ne pourrons vous remercier à la hauteur de ce que vous avez fait…

Un silence s’installa, puis :

— Qu’est-ce que tu veux ?

— Le seigneur Ezéquiel m’a demandé de venir vous chercher.

— Eh bien, le seigneur Ezéquiel, y va être déçu !

Cormack retomba sur le matelas avec fracas tout en cassant quelques ressorts. Cependant, il n’en n’avait cure. Si Gravis pensait qu’il ne pourrait jamais le remercier à la hauteur de ce qui avait été fait, ce n’était pas pour une literie pourrie qu’il allait lui en vouloir.

— Seigneur Cormack, vous ne comprenez pas ! Il doit vous voir car il s’en va…

— Il… Quoi ?!

C’est un éclair brun qui s’éjecta des draps pour ensuite surgir dans le couloir après avoir violemment ouvert la porte. Gravis Petitpieds eut tout juste le temps de se plaquer contre le mur voisin que le corridor subissait le bruyant passage d’un mastodonte aux propos incompréhensibles. Dévalant les escaliers, le Rolf furibond déboula dans la taverne pour y retrouver Caes, Kappa et Ezéquiel tranquillement attablés devant un déjeuner simple mais copieux.

À son arrivée, tous trois échangèrent un regard amusé.

— Tu te lèves enfin…, l’accueillit le jeune prince. Viens donc t’asseoir.

— Oui, Cormack, renchérit Kappa, le sourire aux lèvres. Tu dois être affamé après tes prouesses de la veille !

— Notre héros, approuva Caes qui souriait lui aussi.

Le regard du héros en question s’étrécit dangereusement alors que ses compagnons poursuivaient sur le ton de la discussion.

— Il avait besoin de récupérer. Après toutes ces acrobaties à l’épée !

— Sans oublier ce coup de pied mémorable.

— Son adversaire était un rude combattant…

Quelques ricanements se firent entendre et le Rolf avança d’un pas menaçant.

— Vraiment ?! Vous allez réellement vous foutre de moi comme ça ?

Cette entrée en matière déclencha un fou rire chez les chevaliers qui s’en tinrent les côtes tandis qu’Ezéquiel faisait visiblement des efforts considérables pour ne pas les suivre.

— Voyons, Cormack, tempéra ce dernier. Il ne faut pas que tu le prennes de cette manière.

— Et de quelle manière veux-tu que je le prenne, Ezéquiel ?! Je suis passé pour le dernier des abrutis devant des centaines de personnes ! En fait, non ! On était DEUX idiots en train de se ridiculiser devant des centaines de personnes ! Moi et ce gros naze de Gaylor ! Mes exploits ne seront jamais chantés et s’ils le sont, je ne veux assurément pas les entendre, car ils seront sujets à moqueries pour des siècles et des siècles !

Il leva les bras au plafond, la mine horrifiée, avant de fermer des poings tremblants qu’il ramena devant lui. Fermant les yeux et serrant les dents, il grinça :

— Et en plus…, j’étais en robe !

Cette fois-ci, même le jeune prince ne put s’empêcher d’exploser, rejoignant les deux frères d’armes dans leur hilarité. Son rire cristallin retentit avec clarté dans tout l’estaminet. Les bras croisés et le regard peu avenant, Cormack attendit patiemment que ses trois « amis » se calment. Une veine battait dangereusement le long de la tempe.

Une bonne minute passa.

— Cormack, reprit enfin Ezéquiel en s’essuyant les yeux. Tu as quand même sauvé le domaine des Vignes.

— C’est exactement ce que je lui disais ! s’exclama Gravis Petitpieds en émergeant du dos du Rolf pour le dépasser.

— Leati serait tellement fier de toi, acquiesça Caes tout en donnant un coup de coude à Kappa qui reprit un semblant de sérieux pour approuver à son tour. Dans les faits, nous le sommes tous ! Viens donc t’attabler !

Les yeux du colosse s’étrécirent encore un peu mais le gargouillis dans son ventre lui rappela à quel point il avait faim. C’est donc avec un grognement qu’il prit place près de Gravis qui s’était déjà installé. Tout en plantant son regard dans celui d’Ezéquiel, il s’empara sèchement d’une miche de pain qu’il rompit dans un geste bien explicite.

— Pourrais-tu me passer la confiture, Cormack ? demanda finalement le jeune prince.

— Mais bien sûr, Ezéquiel ! En passant, t’aurais pas quelque chose à me dire ?

— Plus précisément, j’ai plusieurs choses à te dire…

— C’est vachement précis…

Kappa lâcha un petit rire tandis que le regard du Rolf demeurait incendiaire. En silence, il tendit le pot de confiture à Ezéquiel pour le mettre hors de portée lorsque celui-ci tenta de s’en emparer.

— Vraiment, Cormack ?

— Ezéquiel, commença le Rolf, peu commode. On atterrit ici après s’être crashé d’un transporteur, après avoir été pourchassé par un chef de guerre sanguinaire qui s’avère être mon oncle et par d’horribles petits lutins poilus affamés de chair fraîche ! On se retrouve coincé dans le temple de la surconsommation d’alcool pour séquestrer un misérable héraut, qui doit être encore plus misérable à l’heure qu’il est, où qu’il soit ! On fait de moi un baron pour m’envoyer jouer au pitre avec un autre baron qui, en ce moment, doit être rentré chez lui la queue entre les jambes pour faire part de comment il a perdu son empire en devenir ! Ce qui veut dire, de nouveaux problèmes à l’horizon qui vont nous tomber sur le coin de la hure ! Sans oublier que Maître Cène ne se remet toujours pas !

Il posa violemment le pot de confiture dont le verre se fendilla sous l’impact, entrainant une exclamation horrifiée de la part de Gravis. Le jeune prince leva les mains, lui faisant signe de tempérer, mais Cormack n’en tint pas compte et poursuivit.

— Notre mission initiale était d’assister à un conseil en Irile pour éviter une nouvelle Guerre de la Chair qui a l’air de poindre à un autre horizon encore ! Cependant, c’est pas possible parce que quelqu’un ne veut pas de nous là-bas et a déjà fait assassiner la délégation Rolf. On devrait se faire discret, mais non ! Tu m’as fait appeler le Baron Rouge qui, je le rappelle, a tenté d’annexer les Contrées quelques deux cents cinquante ans auparavant. Et ça, avec le Gaylor parti raconter les derniers évènements à Nabar même, ça va empirer les ennuis dont je te parlais, justement !

Il pointa son ami d’un doigt inquisiteur.

— Je résume ! On est pas chez nous, on est dans la merde, on fout encore plus le bordel ! Et maintenant, j’apprends que tu t’en vas ?!

Ezéquiel haussa les épaules en esquissant un sourire entendu.

— C’est bien résumé, Cormack. Pour dire vrai, Caes et moi partons. Kappa restera pour veiller sur toi.

Le regard du Rolf se fit curieusement inexpressif alors qu’il dévisageait tour à tour ses compagnons.

— C’est quoi encore, ce délire ?

Caes prit la parole.

— C’est simple, Cormack. Nos actions ici vont entraîner de réelles conséquences. Après avoir débarrassé la Bande Centrale de la menace de Gaylor, il nous faut maintenant…

— Attends, attends…, le coupa le colosse en se prenant la tête à deux mains. Que sommes-nous réellement en train de faire, là ?

— Nous devons faire connaître notre situation à la Reine, poursuivit le chevalier. Les Rolfs sont sur le pied de guerre et les Hauts Royaumes semblent préparer quelque chose qui nous échappe. Sans compter l’attaque dont nous avons été victimes, ainsi que l’assassinat de Takem GrandRegard, il est évident qu’il nous faille en savoir plus.

— Qu’est-ce que tu me racontes, Caes ? Je ne comprends pas tout. On croirait entendre Ezéquiel !

Le regard du guerrier se durcit.

— Je veux simplement retrouver les responsables de la mort de nos frères.

Alors que Kappa donnait son assentiment d’un hochement de tête, Cormack leva les bras au plafond.

— Et tu crois que ces responsables se trouvent dans les Baronnies ? Ou que les Hauts Royaumes sont derrière tout ça ?!

Tout en prenant une grande inspiration, le chevalier croisa les bras avec fermeté.

— Je ne sais plus quoi penser, avoua-t-il. Je sais juste que tout a commencé avec les missives du baron de Nabar. S’il y a quoi que ce soit à découvrir, nous sommes au bon endroit. Et j’ai décidé depuis un moment de laisser les rênes à Ezéquiel. Il avisa le jeune prince le plus sérieusement du monde. Je veux lui faire confiance pour découvrir ce qu’il se passe ici et l’aiderai à trouver des réponses. Quel que soit son plan.

— Alors, c’est ça ? s’écria Cormack en se massant les tempes. On s’en tient au plan d’Ezéquiel dont on ne connaît ni les tenants ni les aboutissants ! Vous allez où, d’ailleurs ?! Et pourquoi je dois rester là avec Kappa ?!

Le jeune prince, qui était resté étonnement silencieux depuis un moment, intervint enfin.

— L’Entonnoir est à nous désormais, Cormack. Kappa et toi devez consolider notre position.

— Pourquoi vous ne le faites pas, vous ?

Ezéquiel soupira.

— Car nous partons pour le Croissant.

Le Rolf marqua un temps d’arrêt, de même que son cœur qui manqua un battement.

— Le Croissant ? répéta-t-il sans en croire ses oreilles. Le fief des Douze et de la pègre où ne règnent que les coupe-jarrets, les voleurs et les assassins… ? Le Croissant ?

— Ouep.

S’humectant dans un premier temps les lèvres, Cormack prit le temps de la réflexion dans un second. Une réflexion profonde et perspicace qui l’amena à poser cette question concise et pleine de sens.

— Pourquoi ?

Ce fut Caes qui répondit.

— Si les Hauts Royaumes sont contre nous, il est vital de s’assurer que les Moyens Royaumes ne fassent pas de même. Nous serions coincés entre le marteau et l’enclume… Tu vas m’interrompre souvent comme cela ?

Le Rolf avait levé la main pour freiner le chevalier qui, à cette deuxième interruption, commençait à trahir quelques signes d’agacement. Cependant, Cormack commençait à voir où voulaient en venir ses amis. Les évènements et multiples éléments se mettaient en place dans son esprit avec une clarté aussi déconcertante qu’effrayante. À l’image des pièces d’un puzzle qui, assemblées, dévoilaient un tableau bien trop gros dont il regrettait déjà d’avoir un aperçu.

— Vous êtes malades…, souffla-t-il. Attendez, notre rôle à Kappa et moi ne va pas se cantonner tenir nos positions, pas vrai ?

— En effet, acquiesça Ezéquiel. Gravis et son oncle fédéreront les autres royaumes de la Bande Centrale et tu en seras le flambeau.

— Le Baron Rouge…, murmura le Rolf pour lui-même avant de se tourner vers Gravis Petitpieds. Et tu vas accepter ça, toi ?

Le petit homme lui renvoya un regard plein d’une volonté sans faille.

— Les Hauts Royaumes viennent de tenter de nous annexer par l’entremise de Gaylor, gronda-t-il. De nous ramener à ce que nous étions avant. Des miséreux sans la moindre dignité ! Je ne les laisserai pas faire ! Il est temps que les royaumes de la Bande Centrale se trouvent autrement unis que par une aspiration seule. L’empire de Gaylor va être créé mais ce seront les habitants qui en auront le contrôle !

Un silence accueillit cette déclaration. Silence durant lequel, Cormack resta interdit. Son esprit fonctionnait à toute vitesse alors qu’il tentait de se convaincre qu’il se trompait sur les évènements à venir. Il laissa aller son regard sur ses compagnons. Caes, Kappa, Gravis… Tous avaient leurs motivations propres s’accordant sur une action commune. Certains voulaient venger leurs frères d’armes, faire part de leur situation et protéger leur royaume… tandis que pour d’autres, ces motivations demeuraient plus incertaines. Il se détourna d’Ezéquiel tout en avisant ses propres poings serrés posés à même la table.

Et lui, que voulait-il ? Trouver les responsables, prévenir la Reine, éviter la Guerre de la Chair… Assurément ! Mais suivre le plan du jeune prince était-il la solution ? Si les Hauts Royaumes se trouvaient derrière tout ça…

Je sais juste que tout a commencé avec les missives du baron de Nabar.

Cela sonnait trop comme ce qu’aurait pu dire Ezéquiel. Cependant, si même Caes se mettait à croire en lui, pourquoi Cormack hésitait-il encore ? Se raclant la gorge avant de prendre une grande inspiration, il releva les yeux. Dévisageant chacun avant de s’arrêter sur son ami et son curieux regard gris.

— Ezéquiel, est-ce que c’est bien ce à quoi je pense ?

Le visage de ce dernier s’éclaira du sourire éclatant qu’il réservait d’habitude au Rolf. Tout en haussant les épaules, il hocha légèrement et plusieurs fois de la tête comme pour montrer qu’il appréhendait l’incroyable dimension de cette folle entreprise. Enfin, il déclara :

— Et oui, Cormack ! Nous allons conquérir les Baronnies.

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