Chapitre 33 : Ce que la peur inspire (2/3)

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La générale plissa les yeux. Banda son arc, visa et tira. La deuxième salve ressembla à la précédente, bien que le flux resplendît davantage. Sous cette harmonie de nuances percèrent les sifflements guidant les traits jusqu’à leur cible.

À peine davantage de jhorats s’éteignirent de cette seconde rafale. Twéji en grommela, parée à vider son carquois en toute prestesse. L’ombre des colosses se propagea cependant à proximité de leurs rangs, exhortant ses subordonnés à s’y préparer. À se défendre avant d’être submergés.

Il étudia les mouvements adverses dans la plus pure concentration. Une brève sensation enveloppait Guvinor, le fortifiait. Il suffisait d’ignorer les krizacles, quand bien même leurs cris déchiraient les cieux. Devant lui se resserrait l’armée dont les foulées résonnaient comme des tambours. Telle était sa priorité. Celle qui intensifiait les vibrations de ses poignets. Celle qui renforçait le flux spiralant autour de ses bras et de ses armes.

Guvinor jaillit avant quiconque. Fusa vers ses cibles sans tâtonner, ses lames semblant s’alléger sous sa vivacité. Akhème le talonna tandis que Yazden constitua l’arrière-garde, après avoir dégluti une dernière fois. Avisant leur promptitude, non sans maugréer, Twéji arrêta provisoirement de vider con carquois, et à brûle-pourpoint héla soldates et soldats.

— Massacrez ces jhorats sur-le-champ ! ordonna-t-elle. Au corps à corps, vite !

L’instruction se répercuta par échos. Les fantassins s’y référèrent et s’exécutèrent aussitôt. Peut-être que leurs cris ne rivalisaient guère avec ceux des krizacles, mais ils n’en avaient cure, tant ils fonçaient.

Et l’inévitable collision se produisit. Une myriade d’étincelles chatoya à l’entrechoc des métaux. Lances, haches et épées s’abattaient sur les colosses avec une force inouïe, amplifiée par le flux saturant le champ de bataille. Dans cette mêlée s’opposaient le vônli et le kolu comme les militaires et les jhorats se fracassaient l’un sur l’autre. Par-dessous la salve de flèches, à même le règne des armes et de la magie, les échos se répétaient en maîtresses de la journée.

Un poing de jhorat enfonça un soldat au sol, le tuant sur le coup. Sa consœur, désireuse de le venger, abattit le responsable de sa lance. Hélas voltigea-t-elle sous l’impact d’un autre colosse. Son armure se brisa dans sa chute, dont la teinte saphir s’éteignit en même temps que son existence. Témoin de la scène, une homologue brandit sa lance en réclamant justice, seulement pour se retirer sous la vague de traits dirigée vers l’agresseur. Même si quelques projectiles percèrent le kolu, le grondement des jhorats précéda la brutale riposte.

De rangées séparées en un compact rassemblements. Ainsi rapprochés, les colosses frappaient, encore et encore. Parfois les boucliers trempés de flux réduisaient l’impact de leurs coups, souvent le trépas accueillait les fantassins quand leurs défenses les trahissaient. Fréquemment, les jhorats se préservaient des flèches adverses, mais les intrus leur réservaient un incoercible assaut. Armes de distance et de corps à corps s’amalgamaient pour les briser. Nombreuses étaient ainsi les lances à transpercer leurs crânes, auxquels s’ajoutaient le puissant cliquetis des épées et haches triomphantes.

Au milieu de cette mêlée, Guvinor résistait, ripostait, s’avançait. Il se risqua d’abord à bloquer une attaque verticale, avant de se dérober d’une leste roulade. Désormais de biais, il esquiva l’attaque subséquente, se retrouva à hauteur des jambes de son assaillant. Son bras partit si vite que le jhorat ne put parer, et Guvinor n’eut plus qu’à reculer.

L’inspiration pour Akhème s’était dévoilée, toutefois son propre adversaire se déroba de ses lames d’un surprenant pas de côté. Sifflements et tintements cadencèrent la rencontre comme la garde se conforma à ses gestes. Une torsion pour l’atteindre, une estocade pour l’entailler. Bientôt Yazden rejoignit cette configuration. Elle se glissa subrepticement sous la silhouette du colosse, se préserva de son bras massif. Quand l’opportunité se présenta, malgré sa transpiration abondante, elle bondit et taillada le torse du jhorat de ses lames. Celles d’Akhème traversèrent nettement ses yeux, précédant l’ultime grondement.

Un large sourire perça dans le tumulte. Impulsa Yazden dans son élan.

Alors que la bataille se poursuivait, d’indiscrets témoins attendaient leur moment. Ils jaugeaient patiemment une plaine désormais parsemé de pierre et métal inerte, inondé de fluide vermeil. Depuis leur perspective, même les jhorats paraissaient minuscules. Êtres artificiels face aux organiques, tous immergés au sein d’un dynamique puits de magie. Là où mille nuances de filaments s’entrechoquaient. Où une quantité colossale d’énergie était canalisée et projetée dans des éclats de véhémence. Où les collisions ne ralentissaient jamais. Où les lignes se mouvaient en inlassable fracas.

Les jhorats eurent beau percer dans les rangs adverses, ils tombaient aussi en grand nombre. Le kolu déclinait par endroits tandis qu’il s’intensifiait au centre de la mêlée. Analysant les événements par-dessus la tumultueuse mêlée, les krizacles assistèrent au déluge de violence, à l’effondrement de leurs alliés.

Jusqu’au moment où ils plongèrent dans les eaux latérales, leur immersion suivie d’un tonitruant clapotis.

— Ils s’enfoncent dans la mer ? paniqua Yazden. Impensable ! Ces créatures ne peuvent pas avoir de branchies.

— Je crains que si, dévoila Guvinor. Ce n’est pas quelque chose que l’on oublie. Même après plusieurs décennies.

La figure de Yazden se décomposa, tout comme celle de militaires à proximité. Sitôt avisée de leur état, Twéji interpella ses subordonnés une fois de plus, ses rides se creusant outre mesure.

— Peu importe ! lança-t-elle. Ces monstres volants se sont rendus prévisibles. Couvrez les flancs et interceptez-les avant qu’ils ne nous atteignent !

De nouveau la générale initia le mouvement. Elle banda son arc en tressaillant. Bientôt s’approchait le risque d’être submergés, ce qui força soldates et soldats à se mouvoir avec diligence, à examiner les flots avec circonspection. Du précieux temps s’égrenait, lors duquel des frissons endiguèrent quelques-uns.

Parmi lesquels figurait Guvinor, pourtant exposé aux assauts des jhorats. Inquiète, Akhème se hissa tel un rempart, ses lames étincelantes comme jamais.

— Nous nous en sortirons, promit-elle.

— Ce ne sont pas des créatures ordinaires, murmura Guvinor. Je crains que nous ne sommes pas assez équipés. Pas prêts à nous mesurer à elles. Et j’ai envoyé cette compagnie ici, conscients de leur existence…

— Ils sont vivants et nous le resterons aussi ! Rappelez-vous, Guvinor ! En nous brûle le désir d’aller plus loin que votre précédente tentative ! C’est notre moment, alors nous…

Une série de clapotis supplémentaires brisa le silence relatif. Depuis la berge fusa la vingtaine de krizacles.

Leur hurlement se répercuta tel des ondes méphitiques.

Flèches et carreaux sifflèrent comme l’éclair. Peu touchèrent leur cible malgré leur envergure, tant elles filaient à une inconcevable célérité. Les krizacles parvinrent très vite aux flancs de l’armée, se dévoilèrent dans leur entièreté.

Des coups de queue fauchèrent de lents militaires, en empala d’autres. Des griffes pénétrèrent des plastrons et embrochèrent des fantassins, abandonnés dans une mare de fluide vitale. Des crocs se refermèrent sur plusieurs combattants et les déchiquetèrent en deux.

Lors des premières minutes, l’affolement s’empara de tout un chacun. Là où les jhorats sombraient, les krizacles terrassaient quiconque avait la malchance de se situer à leur portée. Sur leur sillage sonnait le glas de leurs victimes, dont la géhenne faisait tressaillir leurs camarades jusqu’à l’os. Borborygmes et gémissements d’agonie hantaient un terrain d’affrontement dominé d’écarlate. Encerclés de partout, à l’abri nulle part, les intrus se confondaient en cris. Il en résultait une succession de mouvements désordonnés, entre lesquels les rares sursauts de riposte se montraient peu concluants. Car les victimes se multipliaient de leur côté. Les jhorats progressaient implacablement. Par-dessus ou de côté, les krizacles guettaient en permanence, ne laissant nulle échappatoire à leurs proies.

Même la générale, ses réserves de flèches s’amenuisant, se courba quelque peu. Une grimace déforma ses traits comme elle assistait à la perte des siens. Dans le tumulte, elle vociféra. Dans la mêlée, sa flèche enchantée scintilla d’une teinte ambrée et transperça un œil d’un krizacle. Un tel projectile le ralentit, quoique ses queues balayèrent des fantassins alentour. Une troupe de combattants se coalisèrent alors autour de la nouvelle cible. Des traits se plantèrent sur ses ailes et son dos tandis que des haches, épées et lances s’abattirent sur ses pattes. Ainsi les attaques s’enchaînèrent, jusqu’à l’instant où les grincements supplantèrent les cris, et la créature s’immobilisa pour de bon.

Meenos tira un carreau sur sa tête après son décès, suite à quoi il jubila.

— Ces monstres ne sont pas immortels ! s’écria-t-il.

Ses traits s’assombrirent dès qu’il croisa le regard de sa mère. Twéji s’était raidie, sollicitée de part et d’autre du champ de bataille.

— Nous ne nous replierons pas ! tonna-t-elle. Pas maintenant, pas après tout ce chemin parcouru ! Montrez-leur que la peur ne nous pétrifie pas ! Prouvez-leur la valeur de notre alliance !

Par échos se transmit le signal de la contre-offensive. Salves contre vagues, les armes s’entrechoquaient sans cesse contre leurs adversaires. Mais ils eurent beau se mobiliser, ils eurent beau se jeter à corps perdu contre la résistance incarnée, leurs pertes restaient plus significatives.

Pour un krizacle vaincu, dix autres les ceignaient, jaillissant comme la foudre, grondant comme le tonnerre. Seuls quelques soldates et soldats, emportés par leur frénésie, ne trémulaient guère. Ni face à la débâcle, ni devant la mort de leurs sœurs et frères d’armes dans d’innommables souffrances.

Guvinor n’eut pas cette chance. Derrière lui s’étalaient deux jhorats qu’il avait occis avec Yazden, toutefois ses gestes demeuraient encore engourdis. Des krizacles avaient atterri à proximité, et le toisaient à pleine intensité. Du mieux qu’il pût, le parlementaire canalisa en lui, réprimait les tremblements faisant riper les lames de ses mains.

Akhème se positionna entre Guvinor et les créatures, et l’exhorta ce faisant.

— Maintenant ! suggéra-t-elle. Attaquons-les là où ils ne peuvent pas nous atteindre.

Non sans mal, la garde s’infiltra dans les défenses de la créature, se prémunit de ses assauts incessants. Elle bondit au-dessus des queues frappant comme des fouets, avant de parer les griffes de ses lames. Elle grimpa ensuite sur le dos du krizacle, auquel elle s’accrocha quand bien même il s’agitait beaucoup.

Là Guvinor eut une impulsion suffisante pour éradiquer ses frissons. Peut-être que des gouttes de sueur perlaient encore sur ses tempes. Sans doute qu’il peinait encore à maintenir ses lames dans le creux de ses mains. Il inspira et expira lentement avant d’accorder un coup d’œil vers l’arrière, où Yazden bataillait envers et contre tout. Si plongée dans la mêlée qu’elle fût, elle donna l’ultime encouragement au guerrier.

Il jaillit à l’instar de sa garde du corps. Et tout comme elle évita les crocs du krizacle face à lui. Quelques élancements le ralentirent, ses poumons parurent se consumer sous l’effort, pourtant il se hissa. Aucun hurlement ne l’empêcha, nulle morsure ne l’arrêta. Bientôt il se retrouva debout sur le dos du monstre, paré à transpercer ses écailles de sa lame.

Mais le krizacle entama son envol, si bien que Guvinor faillit basculer. Alors qu’il ripait, il aperçut Akhème mouliner à similaire hauteur, ce qui l’inspira dans sa propre lutte. Une de ses lames chuta de ses mains, aussi garda-t-il l’autre avec une plus ferme poigne. Traction par traction, il revint au dos de la créature au mépris des instabilités.

Le temps d’effectuer cette action, il subissait déjà les mornifles du vent, et le sol s’éloignait davantage à chaque seconde.

— Abattons-les maintenant avant qu’il ne soit trop tard ! fit Akhème.

Le geste se devait d’être bref, direct. Malgré les secousses permanentes, malgré le vide qui le cerclait. Au summum de sa concentration, triomphant de la douleur cisaillant ses muscles, Guvinor brandissait sa lame avec détermination. Il disposait cependant d’une vue inédite du champ de bataille.

Un instant fugace ou une éternité. Durant cet intervalle, terre et mer s’écrasèrent sous la domination des cieux. De là s’étendaient deux minuscules armées, piégées dans un entrechoc où se perdaient les détails. Tout ce qui en émergeait était la violence avec laquelle chaque belligérant bataillait. Des centaines d’âmes périclitant sans que Guvinor ne pût les reconnaître. Une vision prompte à le crisper, à creuser des sillons sur un faciès déjà ébranlé.

C’était dans un équilibre instable, propulsé aux confins du globe, que le parlementaire s’enferma en méditation. De lointains éclats percèrent ses rétines, lui révélèrent un monde si longtemps réduit à des réminiscences. Une succession d’îles se déployait plus bas : il en observait les contours, fragments éparpillés dans la vastitude de l’océan. Seule son imagination l’aidait à en reconstruire leurs éléments. Chaque édifice, chaque ruine, chaque chemin. Invisible était l’enchevêtrement où la compagnie, espérait-il, s’engouffrait encore.

Lorsque le sifflement frôla ses oreilles, Guvinor en appela à ses réflexes. Malheureusement, le coup érafla son épaule, et il faillit lâcher sa lame restante. D’un grincement de dents, d’un râle, il se rétablit et enfonça sa lame dans les écailles du krizacle. Suivirent un cri, succédèrent des secousses, forçant Guvinor à s’accrocher fermement.

Il continua à transpercer la créature.

Du sang lumineux giclait après chacune des attaques. Guvinor eut beau être éclaboussé, cela ne l’encouragea qu’à s’opiniâtrer. Encore, inlassablement. Jusqu’au moment où ses ailes cesseraient d’osciller. Où les hurlements arrêteraient de le tourmenter. Plus le guerrier entamait la bête et plus lancinaient les souvenirs d’antan, suite auquel des plis parcheminèrent son visage. Son arme se gorgeait du fluide vital et enchanté, propageait un semblant de sourire chez son porteur.

La pression grandit autour de son cœur. La chute libre débuta sitôt que les cris s’estompèrent. Il ne pouvait s’en soustraire, ni en minimiser l’impact. Des halètements le lancinaient. De la sueur lustra son front. Rapidement, Guvinor jeta un salvateur coup d’œil de biais. L’adversaire d’Akhème tombait lui aussi, mais à moindre vitesse.

Quelques secondes de terreur qui ne paralysèrent guère. Où Guvinor savourerait la caresse des rafales, insignifiants frottements contre la gravité. De justesse, le guerrier attrapa une patte du krizacle, autour de laquelle il referma ses doigts. Bourdonnements et grondements heurtèrent ses tympans sans affaiblir son maintien. Autant exposé, les queues de la créature menaçaient de l’embrocher, toutefois sa garde du corps assaillait de plus belle. Tailladait sans relâche le krizacle en dépit de ses propres éraflures.

Une fois à proximité du sol, Akhème porta l’ultime attaque. Ses deux lames se combinèrent en une courbe nette qui décapita le krizacle. Par-delà la carcasse vola une tête inondée d’un liquide scintillant, souillant tout autant l’assaillante.

L’atterrissage fut lourd. Akhème et Guvinor se réceptionnèrent malaisément. Des ondes de douleur se propagèrent le long de leurs membres. De cet impact spiralèrent des volutes de poussière qui leur arrachèrent des toussotements. Avec lenteur, mais non sans vigueur, les combattants se redressèrent, saisirent leurs armes rejetées à proximité.

Un bref coup d’œil vers la tressaillante Yazden, et Guvinor et Akhème se sentirent submergés. Un demi-cercle de krizacles s’était aligné face à eux, leurs yeux globuleux perçants comme jamais. Les jhorats s’érigeaient en mur impénétrable. Immobiles, tels d’inébranlables témoins, pourtant tâché du sang de leur ennemis.

Guvinor frissonna intensément, pétrifié.

— Nous ne sommes pas de taille, souffla-t-il. Qui que soit leur créatrice ou créateur, cette personne savait ce pourquoi elle les concevait. Pour la guerre, pour la destruction.

Guvinor cilla, incapable de se détourner de cette âpre vue.

— Le périple en valait-il la peine ? songea-t-il. Ou bien nous sommes-nous condamnés face à une volonté supérieure ?

Guvinor baissa la tête, proche de s’abandonner à ses larmes.

— Je ne m’étais plus battu depuis longtemps, rappela-t-il. Mais cela n’a plus d’importance. Mon destin me réclamait ici tout en se moquant du sort qui m’était réservé. Tout comme ces âmes si innocentes pour qui le trépas fut si douloureux.

La tension atteignait son paroxysme pendant que les survivants adoptaient une position défensive. Fantassins et archers avaient abattu bon nombre de jhorats, ainsi qu’une poignée de krizacles, toutefois restaient-ils désemparés face à la présence adverse. Une alliance dépourvue de nom et de voix, prête à terminer ce qu’ils avaient entamé.

Krizacles et jhorats firent volte-face. Les uns conquirent avant les airs avant de s’enfoncer dans les flots, les autres partirent aussi lentement qu’ils avaient débarqués. Plusieurs voix s’élevèrent parmi les militaires sans que des projectiles supplémentaires ne sifflassent. Bientôt le silence s’abattit brutalement au sein de la dévastation. Des minutes entières de vide dépossédèrent les combattants stupéfaits, qui s’effacèrent tels des pigments d’un tableau aux contours indistincts.

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