Bulles

2 minutes de lecture

Une bulle, deux bulles, trois bulles... Rien. C’en est fini de moi, je meurs. Aspirée par les profondeurs marine que je redoutais tant. Ces trois bulles dans un halo blanc sont les dernières choses que je verrai. J’avais pourtant tout pour être heureuse. 17 ans de grands yeux bleus, des lèvres charnues, de belles joues. Je ressemblais à une poupée un peu potelée, et j’assumais mon corps, je l’aimais bien même. Ce corps enfantin qui faisait craquer certains garçons. Ils voulaient me protéger qu’ils disaient, contre quoi personne ne le sait, mais ils me protègeraient. Le complexe du prince charmant sans doute. En tout cas, ils ne me protègent pas de la noyade apparemment.

Je venais d’avoir mon BAC avec un an d’avance et j’allais partir à Toulouse pour entrer en prépa et ainsi pouvoir aller dans une école vétérinaire, mon rêve. Mais avant ça je voulais profiter d’un dernier été avec mes amis. On allait tous se disperser pour suivre nos rêves ou nos envies et on ne savait pas quand on pourrait se revoir. Après de longs débats, ma petite bande a décidé de partir à la mer. Pour moi c’était le pire choix possible. Je souffre d’ablutophobie depuis toujours. L’idée même d’aller dans l’eau au-dessus du genou me mettait dans un état de peur panique, et voilà où je finis, j’avais raison finalement.

Mais voilà comme j’ai honte et surtout que je ne voulais pas passer pour la chieuse de service je n’ai rien dit et accepté en souriant. Seule Maya était au courant de ma phobie, elle m’avait promis de veiller sur moi, qu’elle ne me lâcherait pas des yeux... C’est sûr que ça m’aurait bien plu qu’elle ne me lâche pas des yeux, qu’elle me dévore avec même. JE pars avec ce secret là aussi, qu’elle conne ! Maya je ne pourrais même pas te dire au revoir, te dire combien je t’aimais.
Juste avant le départ elle est tombée malade, elle voulait nous rejoindre quand ça irait mieux, en attendant elle m’avait dit d’essayer de profiter quand même. Elle m’a offert la bouée qu’elle avait choisi exprès pour moi. Pour que je puisse aller à la plage au bord de l’eau. Un gros siège gonflable bleu avec des fleurs blanches : “Comme ça je ne pourrais pas te perdre de vue et toi tu pourras quand même mettre les pieds dans l’eau.”

Mais voilà tu n’es pas là Maya, et en à peine un jour je réussis à gâcher les vacances de tout le monde. Je me suis laissée influencer. Dès l’arrivée à l’appartement de location tous n’ont voulu qu’une chose : aller à la plage ! Je voulais rester avec eux, profiter avant mon départ pour Toulouse. Mais rester sur la plage sous le cagnard ce n’est pas la joie. J’ai réussi à affronter la première sortie. Mais dès le lendemain 10 heures on était déjà tous de retour sur la plage. Alors j’ai fait comme tu pensais Maya, j’ai gonflé ma bouée, je l’ai mise au bord et mis mes pieds dans l’eau. Ça faisait du bien ! Je suis restée là deux heures rien ne bougeait le vent était calme, la plage aussi. Marcus est venu m’apporter un verre, puis un autre. J’ai fini par me détendre trop, je me suis assoupi. Le vent s’est levé, j’ai dérivé, je suis tombée. Une bulle, deux bulles, trois bulles... rien.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Mathilde Guastavino ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0