Rêve d'ilote...

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Cette nuit j'ai rêvé, mais ne rêve-ton pas chaque nuit... il est notoire, que le plus souvent, nous ne nous souvenons pas de nos rêves. Le fait est, qu'il faut des conditions particulières pour que les rêves effectués, remontent jusqu'à notre conscience diurne. On sait qu'une mauvaise digestion peut, durant le sommeil, se traduire par des cauchemars mais un événement marquant, des images chocs s'étant imprimées dans notre subconscient, peuvent aussi provoquer des rêves dont, au réveil, nous aurons le souvenir tantôt confus, tantôt plus précis jusque dans le moindre détail, souvent irrationnel... 

Or, la veille de ce que je vais maintenant vous conter, j'avais suivi une émission sur la fabuleuse histoire de Rome et, entre divers anecdotes, je fus sans doute plus particulièrement influencé par l’invraisemblable accession  au trône de Servius Tullius, dont l’origine d’esclave ne pouvait le prédestiner à être le 6ième roi de Rome, et son règne de 44 ans (579-535 avant J.C.) a été marqué par des réformes profondes du pouvoir et de la cité, réformes qui iront jusqu’à la distribution de terres conquises, en faveur de certains plébéiens. Et voilà que j'emmène ça dans mon sommeil... me retrouvant pauvre ilote, du nom de Xanates, au service d'un riche romain...

Ah oui, que je vous dise encore :  j'ai cette fâcheuse habitude de rêver en rimaillant...

Mon maitre, l’imposant Caius Megicella
Vigoureusement, me saisissant par le bras …
Dit : Xanates, demain, tu prendras ma place,
Tes spartiates, il faudra que je les lace !… »

Je le regarde d’un air ahuri : « Maître …
Je suis votre serviteur, ce ne peut être …
- A cet instant, tu dois encore m’obéir,
Dès l’aube, mes fonctions, tu devras tenir … »

Il ne m’en dit pas plus… soudain pris de vertige,
Le monde bascule … un esclave le dirige !
Vient une nuit de plomb que chasse le sommeil...
Caius, devant ma natte, attend mon éveil …

Les paupières collées, il me conduit au bain ;
Filles de la maisonnée, d’onguent m’ont oint…
Effluves de parfums, douceurs de fruits rares…
Adieu mon pagne, d’une toge on me pare !...

Sénateur au milieu d’une plèbe nouvelle,
On s’écarte sur mon passage, l’on me hèle :
Noble Xanates, que ta voix l’on entende,
A l’assemblée… où tes Paires t’attendent !…

Tribun déjà, je m’avance devant les Sages,
Le silence se fait comme après l’orage :
« Peuple de Rome un ordre nouveau décrète :
Au pied des plus humbles, que l’on se jette…

Qu’on leur voue, soins, attention et dignité,
Que l’esclave d’hier, connaisse prospérité,
Que les maîtres d’aujourd’hui, cessent de châtier,
Qu’une Paix durable soit notre unique chantier !...

Abolissons ces indignes privilèges,
Marchés d’humains, qu’il faut que l’on abrège,
Humiliations, combats à mort dans l’arène,
Ne nourriront plus les agapes souveraines !… »

Un tonnerre d’applaudissement suit ce discours,
Se répand dans la ville, résonne dans chaque cour…
La liesse transporte jusqu’au Colisée,
Ceux qui, jusqu’à ce jour, étaient méprisés …

On a orné mon front d’une couronne de laurier ;
Un nouveau César se lève du rang des roturiers …
Un cortège joyeux m’escorte au cœur de la cité,
Des roses blanches jonchent l’aire des félicités !...

Je pénètre dans le cirque, pour le triomphe final …
S’enfle, dans les gradins, rumeur de bacchanale…
En lice, les tribuns d’hier, sont entourés de fauves…
Et c’est mon pouce levé qui, de mort, les sauve !…


Je me réveille alors en sursaut...  en sueur... et... en érection...

On fait de ces rêves parfois !...

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