Acide cotonnée

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 Il est des rires d’enfants immortels. Plus vieux que le chêne fier et central les ayant vu grandir et vieux frère des briques et des pierres ayant tout leur temps pour mourir. Des éclats sortis d’un passé que seul le sein d’une femme vient à guérir, en adoucir la couche meurtrie des doutes qui s’émancipent. Doigts frêles et graciles au combat de lacets désinvoltes, le bruit des billes dans cet immense champ de joie est vite rattrapé par la cloche de ce théâtre. Retour au chaud, de manière sage et assidue vers des pupitres boisés d’amour et d’encre au long vécu.

 Assis aux côtés d’un bouquet de boucles de tendresse, devant cet écrin se terminera le jour, pour que la nuit venant, source d’espoir, de vie à deux, éclaboussent triomphes et amour. Un parfum d’enfant enivre chaque parcelle d’une pensée qui ne lui est que destinée. Un parfum de femme s’agite aussi, retenu, patient, et qui bientôt dévorera d’un feu ardent chaque plaie d’un cœur aussi doux que son esprit est perdu. Papillons naissant d’un nénuphar que Proust n’a que trop aimé. Perte assurée et poésie d’une horloge impartiale haranguant jour après jour ses plus fidèles. Les rides se reflètent maintenant de manière sobre et élégante, avec la honte d’une existence forcée, laissant dans ses sillons odeurs et vie d’une cours d’école abandonnée.

 Les craies et la baguette du professeur dansent à travers les voluptés que le soleil daigne donner en ce jour de rentrée. Le tableau semble scruter chaque tête blonde et silencieuse, attendant d’être happée par le souffle des bancs, chantant poèmes et rires d’enfants. Les fenêtres elles, donnent sur le monde, en proie à la folie, à la magie où rien ne paraît impossible. Le monde des hommes dort paisiblement dans sa roulotte. La route du précipice est encore longue pour que soucis soient au présent. N’est à l’heure que cabanes, ballons, vélos aux ailes d’argent et le souffle chaud d’un chocolat vous embrassant.

 J’ai foulé de quelques pas ce sol englouti de mille et un souvenirs. N’en reste que le chêne, central, à qui les branches manquent, maintenant que les billes et les ballons s’en sont allés. Le bois des bancs s’est consumé, notre professeur éteint et les larmes nostalgiques abdiquent elles aussi avec le temps. Hier où tout semblait possible ne reste que soufre et devoirs où tout semble forcé. Les images d’une cour d’école ont fait place à celle d’une vie où se prélassent tracas et démesure. Vaillant d’une enfance joyeuse et désinvolte, j’appelle l’aurore d’une main gantée. D’un teint azur, rêve sublimé, de songes bercés, les yeux fermés, pour y rejoindre ces contrées.

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