1/1 LE FLEAU : LANA

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Notre patron avait organisé un buffet dinatoire pour nous réunir à l’occasion des dix ans de la société. Le restaurant et son parc nous étaient réservés. Nos familles étaient présentes ainsi que quelques employés de nos six magasins, et les neveux du boss. Notre DR s’est lui aussi joint à nous. Surprenant de sa part ; pas le genre à s’amuser celui-là. Des hommes entouraient notre PDG et s’engageaient dans de longues conversations, certainement des investisseurs ou autres banquiers. Certains visages m’étaient plus familiers, des fournisseurs et de très bons clients.

Après le dîner, nos garçons sont retournés dans le parc, sous la surveillance de nos chers époux, prétexte facile et évident pour éviter de danser.

Qu’importe, nous, on s’amusait comme des gamines. Le DJ passait toutes sortes de musiques et on se moquait bien de ne pas savoir danser le tango ou la techno. Pas besoin de cavaliers, les petites remplissaient ce rôle à merveille.

Il s’agissait sans aucun doute de nos tous derniers instants de bonheur et d’insouciance.

Des grimaces ont transformé nos sourires quand d’ignobles cris d’horreur sont venus lacérer la chanson. Tout s’est ensuite déroulé très vite.

La salle et ses occupants se sont figés, la musique s'est effacée pour laisser place aux hurlements ! Des hurlements de terreur ! Dont ceux de nos proches !

La surprise n’a pas duré plus d’une minute. Le batiment entier s’est mis à gronder. Le vacarme résonnait contre les murs, s’infiltrait entre les lattes métalliques des clayettes, tambourinait le sol de chocs sourds et de bris de vaisselle. Des enfants se bouchaient les oreilles, la bouche déformée par un son inaudible, des femmes se cachaient derrière des tables sales retournées, des hommes couraient, renversaient un vieux monsieur sans se soucier de sa chute parmi des éclats de verres.

Je me souviens m’être précipitée vers la porte pour porter secours et ne pas avoir été assez rapide. Un homme l’a violemment fermée, juste devant moi. Sa main fermement collée dessus m’empêchait de la rouvrir, malgré mon acharnement. Je m’énervais après lui, le frappais de mes poings pour qu’il se pousse. L’hystérie me gagnait. Maintenue à distance par la force de sa poigne sur mon épaule, ses bras puissants ont fini par me serrer tellement fort que je ne pouvais plus respirer ; je suffoquais.

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