La première nuit

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C'est une douce nuit blanche, le sol est parsemé de flocons qui le napent d'une fine couche de neige. Le son environnant est faible, seul le fin bruit du vent me caresse les oreilles. Mais seulement, il fait froid, très froid. Quelle idée de rentrer à pied un soir d'hiver neigeux, quand son appartement est à plus de deux kilomètres, et qu'on est un peu alcoolisé, un peu très beaucoup même ? Je ne sais même plus pourquoi j'ai pris cette intéressante décision, mais le fait est que je dois continuer, non sans difficulté. Je glisse, avance en faisant du moonwalk, m'arrête pour regarder une voiture enneigée, dessine des stupidités dessus. Finalement, ce voyage qui devait être une simple marche d'une demi-heure à vitesse alcoolisée, se transforme en une bonne heure et demi de marche. Ce soir, je suis un enfant dans un corps d'adulte, merci à l'alcool ou à moi même ?

Je me décide finalement d'avancer, par peur que le froid m'absorbe dans ses abîmes. Je me retrouve alors dans une ruelle sombre qui trouve sa faible lumière grace à un grand arbe illuminé, dans un parc qui se trouve à la fin de la ruelle. C'est étrange mais, cette ruelle, cette nuit, cette lumière et cette sensation qui vient de me traverser en arrivant, me donnent un goût de dejà vu. C'est surtout cette situation qui me donne cette impression car, une femme se trouve dans l'abri bus abandonnée de la ruelle. Je me demande pourquoi elle est toute seule dans cette ruelle sombre ?

Je ne sais pas si c'est l'alcool, la fatigue ou le froid, mais j'ai vraiment l'impression d'avoir vécu cette scène. Je suis obligé de passer par ce chemin mais, plus j'avance, plus cette impression devient forte, et plus l'atmosphère devient pesante. Je commence à entendre des pleurs en me rapprochant de la femme, mais ils résonnent dans ma tête. Un malaise commence à s'emprégner de moi, je devrais normalement aider une jeune femme qui pleure toute seule à trois heures du matin, dans une ruelle sombre et froide en pleine nuit d'hiver, mais quelque chose me tracasse. Plus j'avance, plus les pleurs se déforment, pour finalement devenir des rires, des rires qui transcendent mon âme. Je suis à une dizaine de mètres d'elle, et dans ce rayon de lumière qui devoile le visage de cette femme, c'est à ce moment que je me rends compte de l'inéluctable.

Elle est là pour moi, et je ne peux rien faire, c’est trop tard. Mon corps s’allonge au sol, et mon regard se porte dans le ciel. Je me sens détendu et regarde les flocons de neige.

C'est une douce nuit blanche.

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