CHAPITRE 15 (5/5)

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C’est une clé, plus grosse que celle d’un cadenas, plus petite que celle d’une chambre, possédant deux sortes d’ailettes à son extrémité. Cela ressemble à un pass de coffre-fort.

Clara et moi nous regardons, elle n’a plus la tête d’un poisson, mais celle d’une poule qui aurait trouvé un couteau. Ses yeux pleins de questions et d’incompréhension rencontrent les miens, vides de toute émotion. Simone reprend :

— Vous savez, je me présente ici chaque soir pour le cas où vous seriez là. C’était très important, votre père me l’a bien spécifié.

Un peu honteuse, je réponds :

— Je suis désolée, je n’ai pas pu me libérer avant. Hum… j’ai énormément de travail.

— Ah ça ! Les morts n’attendent pas, surtout avec cette chaleur. Bien, je vous souhaite une bonne soirée, je viendrai lundi pour le ménage. C’est un honneur et un plaisir de vous rencontrer enfin, mademoiselle Valbens.

Je souris poliment, et la mémé s’en va. Je suis toute retournée. Comment connaissait-il mon métier ? Il s’intéressait vraiment à moi ? Je décide de me poser sur le canapé. Je ne sais plus qui je suis, où je suis ni si je vis dans la réalité ou dans un rêve. Je tente de reprendre mes esprits, ferme les yeux, et respire comme me l’a montré la psy. Environ vingt minutes plus tard, je me rends compte que je ne suis pas encore montée dans la mezzanine. J’y vais et y découvre un bureau ovale en bois d’olivier brut, qui fait face au salon, un fauteuil en cuir dans lequel je pourrais m’endormir tant il a l’air confortable, un ordinateur, dont le très grand écran est incurvé, et un autre, portable. J’ai un coup au cœur quand j’aperçois les deux photos qui sont placées dans une vitrine, juste derrière. Sur celle de gauche, un petit garçon blond sourit, sur celle de droite, c’est moi vers vingt-cinq ans. Clara m’a rejoint. Je la regarde, stupéfaite.

— Comment a-t-il eu cette photo ? Qui a bien pu lui la donner ?

— Il faut croire que tu ne sais pas tout de ton patriarche… ni de ta mamy, soupire Clara.

Je me laisse tomber dans le fauteuil, et pleure. Cette chape de mensonges m’attriste. Je finis par me calmer, et refais le tour du propriétaire afin de m’imprégner de cette ambiance particulière. J’ouvre chaque placard, chaque tiroir, chaque meuble. Ce qui est étrange, c’est qu’il n’y a strictement aucune présence féminine. Mon père serait-il mort riche et seul ? Peu m’importe, ce ne sont pas mes problèmes, après tout.

Le dîner est servi vers vingt heures. Il est digne d’un restaurant étoilé. Nous nous en mettons plein la panse, et, la fatigue et les émotions aidant, nous allons nous coucher comme les poules. Il est vingt-deux heures vingt-deux lorsqu’après une bonne douche, je me glisse dans les draps propres et d’un blanc immaculé, de la suite parentale. Clara a opté pour la chambre à la décoration bohème chic. Jamais je n’ai aussi bien dormi.

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