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2 minutes de lecture

[...]

Tu me demandes souvent de te parler.
Mais après mes silences de tombe, je cherche quoi répondre, quoi te confier.

Je peux te dire les heures sans dormir, les réveils bleus zébrés vermeil, et comment j'enchaîne les culs secs, dans les chambres pleines et aux tessons des bouteilles.

Je peux te dire les nuits si longues, si lentes que je les peuple par des plongées dans tout ce que je trouve, dans tous ceux que j'enterre.

Je peux te dire mes baignades, je peux te dire mes noyades alors que je me mouille aux peaux dansantes, perlées d'alcool, couleur insomnie et sueur.

Je peux te dire mon infidélité passive et ma douleur amante que je prends contre les murs, elle qui me prend tant.
Je l'adore moins, si moins que toi.
Mais depuis si loin.

Je peux te dire mes fuites faciles, ces voyages en train derrière mes yeux vides, la poudre blanche et ses rails qui tatouent mon nez, me propulsent ailleurs.
Mais toujours trop près.

Je peux te dire tout ce qu'être ici me coûte, à côté de tes caresses, sous ma fatigue de vieux chasseur.
Guetter le sommeil et mes pensées qui s'écorchent, qui me détraquent, qui me rattrapent.

Je peux te dire mon "Avant toi", mon pendant aussi, mais ça... tu connais, ça.

Je peux te dire les failles le long de mes murs, les épines qui y poussent, me percent à demi-jour, embourbent ma tête et me la rendent en morceaux.

Je peux te dire tout ce qui me griffe et scratche, profond en-deçà de mon torse
me coupe le souffle, l'envie et la force.
Parfois.

Je peux te dire ce qui hurle en moi, comme une bête touchée, saignée à blanc et entrailles à l'air, qui ne meurt pas.

Je peux te dire nos longues poursuites, elle derrière, ses crocs qui frôlent mes os. Et je cours, et je cours parce que si elle plonge, elle m'aura.

Je peux te dire que ce fauve-là, il me protège un peu, de peu.
Je peux te dire aussi que je ne sais pas trop de quoi.

Tu vois, je me répète, me repais dans mes rimes en rondes.

Je suis mauvais conteur, tu l'apprendras.
Et sans tous ces "je" que j'abrite, j'existe si mal
Et sans mes jeux sombres, j'existe si faux.

Tu ne me crois pas, souvent, et moi qui te réponds : "Tu verras.".

Je ne sais pas quoi te dire, mais je peux te dire ça.

Mes jours en maillons sont mon manège fou.
Ma vie de feu de paille, mon éternelle échappée frêle.

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