Rencontre particulière

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Sous-titre : ... du troisième type peut-être.

Il marche l’esprit tendu, ses yeux glissent sur le monde, passe devant l’amour qui lui tend la main, lui mendie un regard.

Ce n’est qu’un angelot pense-t-il, un migrant de plus à nourrir…

de toutes façons on ne sait pas d’où ils viennent, d’Abyssinie ou d’ailleurs,

c’est du pareil au même,

la guerre squatte les quatre coins du monde !

Je voudrais être tranquille,

voilà…

bien assis dans ma zone de confort à regarder passer les années par l’écran de ma fenêtre,


voilà... Sans plus s’inquiéter s'angoisser, sans perdre le sommeil ni chercher l'espoir dans les regards vides de ceux qui n'ont plus rien...il voudrait être tranquille, apaisé, il n'irait pas jusqu'à dire heureux, mais enfin, presque...il voudrait que la vie s'écoule sans heurts ni injustices. Ce serait reposant.

voilà…

avec ma bière à siroter, la trompette et les couleurs de mon équipe préférée,

et tout et tout…

une ribambelle d’amis que je n’ai jamais eu et hurler :

ALLEZ LES BLEUS !!

ils seraient verts on aimerait moins,

c’est vrai hein ?…

on aimerait moins qu’est-ce qu’ils viennent nous emmerder ceux-là, hein !...

Qu’est-ce qu’ils viennent nous emmerder,

c’est vrai…

et encore je reste poli !

Je suis désespéré.

Le vert c'est pourtant la couleur de l'espoir, du monde végétal, celui qu'on a détruit et dénaturé, déformé, décoloré, délavé le vert, parti en fumée le vert. Même le vent est fatigué de disperser les cendres.

Alors j’ai mis du bleu dans mes narines et je snife jusqu’à Lover-dose,

voilà…

je suis bien dans mon illusion de légèreté,

L'illusion l'embarque, le calme un peu. Allez, fais briller tes artifices, avec tes faux airs de bonne comédienne, fais-le vibrer de plaisir, fais-lui oublier le reste !

C’est un jour plein de grande bouffe,

de grands chambardements,

et tout et tout…

je casse du banquier, me casse d’Europe.

Je joue à moi d’abord et puis les copains après … le contraire de Brassens

c’est tout,

les temps changent

voilà…

bluesés à mort les potes, comme moi

c’est vrai quoi !

Il ralentit sa marche, il change son itinéraire. Il a l'air tellement mal en point...il ne peux pas ne pas le voir. De toute manière, il n'est même pas sûr d'arriver à temps pour...il ne sait plus, c'est à se demander par quel bout commencer. Par l'autre...mais il réfléchira mieux le ventre plein.

Alors j’avale du super mâché je me goinfre, on ferme les frontières à double tour, on braille les chansons de la liberté :

j’ai trois z’ammours (humour)

puis l’autre, l’angelot, il me fait dériver c’est vrai quoi

Allez, viens mon brave, on va se jeter un sandwich au pâté devant un demi bien pressé,

c’est moi qui régale

voilà

Garde tes flèches pour les autres, moi j’ai déjà donné…

T’as plus de flèches ?

C’est la dèche…

et on t’a volé ton arc !!

T’es qui alors à poil comme ça sans défense, avec des petites ailes bouffées par les mites,

voilà.

Tu ne voles pas, enfin je veux dire tu ne fais pas comme l’oiseau hein,

tu bois

quoi

De la bière ! Tu te saoules à la bière quand tu peux, je croyais que les chérubins avalaient de l’ambroisie moi,

non ?

Plus maintenant

Il l'a dit, les temps changent. Avec ses joues creuses, le chérubin n'a pas seulement perdu ses traits poupins, son innocence ou sa famille. Il a perdu la rondeur rassurante des jours anciens, alors il part à la recherche de l'illusion au fond des bouteilles. Avec la bière, il vise l'accessible. L'ambroisie ? Foutaises ! Ça lui rappelle Ambroise, l'immortel. Son pote d'infortune qu'il avait surnommé ainsi pas seulement à cause de ses origines grecques, retrouvé mort les ailes coupées à quelques rues d'ici. Il n'y croit plus, ni à l'ambroisie ni à la douceur du miel.

C’est ringard

toi c’est la bière belge, t’es belge ?

Ok t’es belge

tu attends le second tour

mais c’est pas pour toi ces machins là ni pour moi d’ailleurs c’est vrai quoi

Ah tu veux dire la seconde tournée. Tu ne perds pas le nord toi

Il n'est pas fou, non, sa raison ne déraisonne pas même si la folie le guette au coin de la rue, il résiste encore. C'est se tenir au dessus des flots tempétueux quand le phare n'éclaire plus rien, c'est mettre une couverture écrasante d'oubli sur les blessures.

Mais dis-moi quand tu es saoul tu fais quoi ?

tu pisses

t’es le cousin de

Ah comment il s’appelait çui-là déjà

Aide-moi toi

Oui c’est ça

le petit belge de Bruxelles

Non vous n’êtes pas cousin

tant pis

Il essayait de détendre l'atmosphère avec son idée de fontaine et de petit garçon dodu changé en statue pour l'éternité, effronté pour toujours ! L'angelot esquissa une lueur comme on esquisse un sourire, à la façon des sculptures de pierre.

À la tienne l’archer déchu

Ça trinque, verres contre rêves, il faut bien se souhaiter des choses auxquelles on n'ose plus penser. Sinon, à quoi ça servirait de trinquer ?

Voilà…

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