Chapitre 17

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Les promenades nocturnes en compagnie d’Andrew étaient devenues plutôt récurrentes. Et cela ravissait William. Sa joie était évidente et il me tenait à cœur de m’assurer qu’ils passent les plus merveilleux moments. Nous pouvions également compter sur le soutient d’Alan qui, en échange de quelques services, se promettait de couvrir nos départs et arrivés au logis. Napoléon était devenu friand des récits de ces sorties que je lui rapportais, se remémorant le temps où il n'était qu’un jeune âne grâce à qui son maitre et Madeline partaient en vadrouille des jours entiers, parfois. Grâce au travail, notre existence s’était stabilisée. Peut-être pourrions-nous bientôt entamer une nouvelle vie, d’après William. Sa mère aussi s’était mise en quête d’un travail, disant qu’elle devait aussi mettre la main à la pâte. Je ne comprenais pas cette expression, mais j’en avais déduis le sens. Madeline participait à la récolte d’argent.

Un soir, nous nous étions promenés dans de beaux quartiers de Londres. Il s’était mis à pleuvoir drue d’un seul coup, nous prenant au dépourvu. J’avais trotté, cherchant un endroit où abriter William et Andrew. J’avais fini par trouver un grand porche sous lequel j’étais venu. Tous deux était descendus et je m’étais positionné de sorte à les protéger de la pluie. Ils étaient serrés l’un contre l’autre.

-Eh bien, avait dit William, ce n’était pas vraiment au programme…

-Ça ne fait rien. Et puis… être collé à toi ne me dérange pas.

Ils avaient ricanés. Quant à moi, je m’étais mis à guetter un homme sous un lampadaire. Il ne m’inspirait pas la moindre confiance. Heureusement, il semblait suffisamment impressionné pour ne pas s’approcher. Je sentais souvent une certaine hostilité à l’égard de mon maitre et son compagnon et je devais plus que jamais veiller sur eux. La pluie s’était calmée quelques instants et nous étions repartis en quatrième vitesse. La balade nocturne avait ainsi été écourtée. Nous avions ainsi déposés Andrew pour ensuite prendre le chemin de la demeure familiale. Mais alors, quelque chose m’avait arrêté. Une odeur reconnaissable malgré la pluie battante. Tournant la tête, j’avais aperçu une femme sous un lampadaire, vêtue d’un large vêtement. C’était…

-Rex ? Allez, il faut rentrer, je vais tomber malade, sinon.

Il n’avait pas fallut un mot de plus pour que je prenne le galop, m’assurant de ne pas le désarçonner. Les pensées attendront ! A peine étions-nous arrivés que je fus dessellé et laissé au box, ayant pour promesse un entretient rigoureux de mes écailles par William et Alan le lendemain.

La promesse avait été tenue. Au soleil du matin, les deux jeunes hommes s’affairaient autour de moi, m’inspectant minutieusement de partout. D’après Alan, seules mes pattes étaient un peu abimées, notamment à cause du sol dur de la ville. La cours était trempée et des flaques s’étaient formées sur les pavés, reflétant la lumière. William avait inspecté les membranes de mon échine et Alan avait vérifié ma dentition, assurant que tout allait bien.

-Ton Rex est étonnamment rustique, cousin. Il a quoi… une ration par jour ?

- Du bouillon de légume quand c’est possible, sinon, une alimentation à base de racines hautes en nutriment. Il a aussi une alimentation identique à celle d’un cheval de prestige, du moins j’essai. Je me suis renseigné, et comme les ressources sont cher, c’est en petite quantité.

- Je vois, pas étonnant. Et il pas l’air tout à fait adulte, ton Rex.

- Comment ? Il va encore grandir ?

- Il va surtout se développer. Avec un entrainement adapté, il perdra son côté un peu mastoc pour devenir plus athlétique, tu comprends ?

- Tu insinue qu’il est gros ?

- Non, au contraire. Mais il est massif ! De toute évidence, il appartient à une espèce naturellement puissante, et si tu le travaille bien, il deviendra un vrai monstre ! Tirer un train ne sera alors plus qu’une simple formalité.

- Bah mon vieux…

J’avais tourné la tête pour observer mon maitre, visiblement interloqué de cette révélation. Madeline nous avait alors rejoint, me donnant une caresse. Je reconnaissais cette odeur ! C’était celle de la veille ! J’avais émit un grondement, secouant la queue.

-Qu’est-ce qu’il a ?

- Je crois comprendre… Maman, dis, tu faisais quoi cette nuit ?

- Moi ? Oh, euh…

Un soudain malaise s’était installé. pourquoi Madeline sentait l’homme aussi fortement ? D’ailleurs, ce n’était d’une seule odeur dont il était question, mais de plusieurs ! William avait lancé un regard à Alan, sans que celui-ci ne comprenne, contrairement à moi. Poussant délicatement le jeune homme qui avait quelque peu protesté, je l’avais écarté, laissant mon maitre et sa mère discuter.

-Rex ! s’était insurgé Alan. Qu’est-ce que ça veut dire ?

J’avais tourné la tête vers William, émettant un grondement sec. Ce qu’ils disaient ne concernaient qu’eux, de toute évidence. Et puis, cela m’importait peu, j’avais autre chose à faire. Je m’étais dirigé vers le box de Napoléon et lui avait donné quelques gratouilles sur l’encolure. Une soudaine hausse du ton m’avait fait tourné la tête. William était à la fois furieux et désemparé. Il était partie vers les grandes portes séparant la propriété de la rue. Aussitôt, je m’étais élancé au trop pour le suivre.

-Non, Rex, avait-il dit en se retournant.

Je m’étais arrêté net, ne comprenant pas ce soudain agacement. Etait-ce à cause de moi ? J’avais reculé, l’encolure et la queue basse.

-Je… je suis désolé mon vieux. Mais j’ai besoin d’être un peu seul, là. Vraiment seul.

Puis il s’en été allé. J’étais retourné dans mon box, laissé ouvert, me laissant tomber dans la paille. William était mal, et il avait refusé ma compagnie. Cela n’était jamais arrivé, et la raison était surement grave. J’avais alors vu Madeline pleurer au milieu de la cours. Me redressant, j’étais venu la voir, frottant mon museau contre son épaule. Cela l’avait à peine fait sourire.

-Merci Rex… au moins, toi tu me comprends.

Elle avait tort. Je ne savais pas ce qui s’était passé, mais je pouvais au moins lui apporter un peu de réconfort. Elle m’avait donné une caresse et était rentrée, me laissant seul. La cours était vide. J’étais revenu auprès de Napoléon. Peut-être pourrait-il me donner des réponses ? Mais le vieil âne n’avait fait guère plus qu’éclairer faiblement ma réflexion. Les disputes arrivaient, les gens s’éloignaient les uns des autres… mais ils finissaient par se réunir. Seulement, jamais il n’avait été témoins d’une telle scène. Et lui qui connaissait Madeline depuis bien plus longtemps que moi, comprenait que la situation était critique.

La journée s’était ainsi écoulée et William n’était pas revenu. J’avais commencé à m’inquiéter. Couché dans mon box, je guettais les grandes portes, tous les sens aux aguets. Claudine était venu me donner un peu de nourriture mais je lui avais tout juste prêté attention. La nuit s’était lentement installée, faisant accroitre mon anxiété. J’avais peur qu’il ait pu arriver quelque chose à mon maitre. Partir à sa recherche me démangeait, mais il m’avait fait comprendre que je devais rester et attendre. J’avais lâché un gémissement plaintif. Mon camarade équin était de moins en moins rassuré également. J’avais levé les yeux pour observer les étoiles. Soudain, mon ouïe m’avait apportée un lointain sifflement familier. Aussitôt, j’avais bondit sur mes quatre membres. Me cabrant tout en rugissant, je m’étais élancé à vive allure. William avait des ennuis !

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