Chapitre 14

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William et Andrew passaient de plus en plus de temps ensembles et je voyais bien qu’ils étaient heureux. Mais nous devions gagner la résidence secondaire, un peu à l’écart de la ville. Ce qui ne semblait guère réjouir mon maitre. Napoléon m’avait raconté la première rencontre entre son maitre et Madeline, et je comprenais maintenant mieux la relation nouée entre les deux jeunes hommes.

Le grand jour était arrivé. En lieu et place de l’automobile se trouvait la calèche familiale, plus grande et spacieuse. Je devais y être attelé mais je ne voulais pas.

-Rex ? Que t’arrive-t-il mon vieux ? Tu ne rechigne jamais, d’habitude.

J’avais tourné la tête pour aviser Napoléon, dans son box.

-Tu as raison, ce vieux camarade mérite lui aussi de partir !

Le vieil âne fut donc attelé à mes côtés.

-William, tu es sûr ? avait demandé son oncle.

- Ils sont inséparables. Rex deviendrait fou s’il n’avait pas son ami.

Il me connaissait si bien ! D’après l’oncle de William, la demeure secondaire avait besoin de quelques travaux. Enfin ! J’allais pouvoir me rendre utile. Nous étions donc tranquillement parti.

-Will’ ! Will’ !

Je m’étais arrêté. Andrew arrivait à pied au pas de course. Il s’était arrêté, essoufflé.

-Tu vas où comme ça ?

-Nous quittons Londres pour un moment. Mais je reviendrai.

- Alors je t’attendrai, tu en as ma parole.

William avait rougit.

-Au fait, puisque tu pars…

Le jeune homme s’était hissé un instant sur le banc du cochet pour déposer un baiser sur les lèvres de mon maitre. Comme Madeline et Pierre ! William l’avait regardé, estomaqué.

-Je…tu…, avait-il bafouillé.

- Ne m’oublie pas.

- Jamais. En… en route les garçon !

Nous étions tranquillement repartis. Sur le banc, notre maitre était chamboulé mais heureux. Nous avions traversés Londres pour s’en éloigner. Enfin la campagne ! Il n’y avait plus de cacophonie ni d’odeurs étranges. Je me sentais à nouveau comme avant. Vivement que nous arrivions !

Nous étions arrivés en milieu d’après-midi. Le bâtiment qui se dressait-là était magnifique. Il était immense et plutôt bien entretenu. L’entourage, en revanche, avait effectivement besoin d’un peu de travail. Et j’avais hâte de commencer ! Nous fûmes désattelés et laissés en liberté. Napoléon trottait en tout sens, se permettant même de galoper un peu. Lui aussi était heureux d’être à nouveau libre. Il s’était roulé dans l’herbe. J’avais tourné la tête vers la bâtisse. Vivement le début des travaux ! Ceux-ci devaient commencer dès le lendemain.

C’était avec un plaisir évident que j’avais aidé à nettoyer l’immense terrain, tirant derrière moi le matériel habituellement utilisé par le tracteur. J’enchainer les tâches sans m’arrêter. Je débordais d’énergie et de motivation !

-Waouh ! avait dit Alan. Il en a sous le capot ton animal !

On m’avait ensuite attelé à un vieil appareil à traction animale sur lequel se tenait William. A son écoute, je trottais là où il me guidait. J’étais le plus heureux du monde. Rien ne m’aurait fait plus plaisir que de partager ces moments de labeur avec mon maitre. L’oncle et la tante étaient venu voir l’avancement des travaux.

-Sapristi ! Tu as fait tout ça ?

William m’avait arrêté à quelques mètres.

-Oui. Rex est plein d’énergie, alors on en profite !

Et nous étions reparti dans notre inlassable travail. J’aurai aimer que cela continue pour toujours. Si l’on m’avait proposé entre cette vie et une existence paisible, le choix n’aurait pas été difficile. Je ne me posais pas de questions, obéissant simplement à mon maitre et savourant le travail fourni. A la fin de la journée, nous avions terminé de dépouiller le terrain des branchages et de le tondre. Mais il restait encore beaucoup à faire. Des réparations concernant le toit et la cabane de pierre au bout du terrain étaient nécessaire.

-Demain, nous irons chercher le matériel, avait dit William.

Claudine était alors arrivée, demandant à faire un tour sur mon dos. Mon maitre avait accepté et m’avait préparé. L’enfant avait été hissée sur la selle.

-Waouh, c’est haut !

Nous avions quitté la demeure pour faire une balade au crépuscule. Je sentait Claudine bien moins encore que la première fois. Si elle s’était tenue tranquille et sans un bruit, je l’aurai oubliée ! Après une journée de labeur, une petite balade était appréciable. Que de moments qui me rendaient heureux et que je n’oublierai jamais.

-Dit William, c’était qui le garçon, hier ?

Mon maitre s’était crispé.

-Euh… un ami.

La fillette avait semblé peu convaincue mais aucune question n’était sortie de sa bouche. Nous étions rentrés. Le repas du soir avait lieu en extérieur, sur ce qui s’appelait un kiosque, d’après mon maitre. Situé à peut-être deux mètres du sol, j’observais William et sa famille. Napoléon, à quelques mètres, broutait tranquillement. Tout le monde était ravis. Les rires et les sourires en étaient la preuve. Que de changements depuis quelques temps ! Notre vie n’était pas facile. Napoléon, qui avait sûrement senti mon tracas, était venu me rassurer. Lui dont la vie n’était autrefois que changements perpétuels avait l’habitude. Il me disait que c’était d’abord inquiétant, mais qu’au file du temps, on apprenait à s’y faire, à savourer tout cela. C’était parfois difficile, mais c’était magique pour la plupart du temps. Il me racontait quelques voyages, comment il avait parcouru bien des contrées. Il me contait des rencontres qu’il avait fait sur les routes en compagnie de son maitre et ami, autrefois. Il disait que rien n’arrivait par hasard et que ces épreuves étaient destinées à nous rendre plus fort. J’étais admiratif.

-Rex !

Je m’étais tourné. William avait lancé un légume. Un poivron ! J’avais bondit pour le saisir. Quel délice. Cela avait fait rire Alan. Je m’étais couché au sol. Vivement le lendemain. Je ne m’imaginais pas vivre autrement que pour travailler. C’était ma raison de vivre.

La selle de William avait été modifiée pour que je ne porte plus de bride. Notre compréhension mutuelle permettait l’utilisation de deux simples poignées sur le pommeau. Il était à présent temps d’aller chercher le matériel dans une fabrique à proximité. Un gros charriot nous avait été prêtée.

-Allez, Rex, en route.

Il n’avait pas besoin de le répéter.

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