Chapitre 2

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Un certains temps s’était écoulé. Durant celui-ci, j’avais bien grandi jusqu’à atteindre quatre-vingt-dix centimètres au garrot. La mère de William avait par conséquent refusée que je reste dans la maison, parce que trop grand. Mais son fils s’y était opposé. Mes cornes avaient poussées, me faisant ressembler à un caméléon de Jackson, dont William m'avait fait une description grâce à un ouvrage. J’étais également capable d’aider à la ferme, à présent.

Un matin, de nouvelles odeurs m'étaient parvenues. Couché aux pieds du lit de mon maitre à la manière d’un chien, je m'étais redressé. J’entendais au loin un bruit inconnu. Il fallait que William se réveille !

-Rex ?

- William ! Le propriétaire du domaine est là !

- Mince !

Il n’avait mit guère de temps à m’emmener hors de la vue du véhicule motorisé qui approchait du portail. Je m'étais donc retrouvé avec l’âne Napoléon.

-Surtout, Rex, tu ne te montres pas, d’accord ?

Au ton de sa voix, j'avais compris que cette demande était très importante. Puis il m’avait laissé dans la grande stalle aux côtés de l’équidé. Je savais que je devais me faire petit. Car jamais je n’avais entendu de moteur depuis ma naissance. Je cherchais donc à entendre ce qui se disait. Les oreilles en avant, Napoléon avait l’air tout aussi curieux.Nous avions tenté de deviner ce qui pouvait bien se passer. L'âne m'avait expliqué que c'était à cet homme qu'appartenait le terrain, et que nos maitre lui versaient une partie de leurs gains. Je ne comprenais pas tout mais je savais que ce "propriétaire" n'était pas là pour une simple visite.

Un long moment plus tard, après le départ de la voiture, la mère de William était entrée dans la grange.

-Mais maman, tu n’y penses pas ! Avais dit mon maitre. Il est trop vieux !

- Napoléon a encore assez de force pour tirer la charrue. Va donc humidifier le terrain, ça nous aidera un peu.

- C’est de la folie !

- Et tu proposes quoi ? D’atteler ton pauvre Rex ?

- Il est trop jeune.

- Alors c’est décidé.

Elle avait mis le licol à mon compagnon de stalle et elle l'avait emmené dehors. Le pauvre animal n’avait plus la force de suivre le rythme, ni même de lutter un tant soit peu. Je m'étais cabré en rugissant.

-Tout doux, Rex, tout doux, avait dit William.

Mais je ne pouvais rester sans rien faire. Je ne savais pas ce qui s’était dit avec le propriétaire du domaine, mais j’étais sûr d’une chose : Napoléon ne pourrait tenir le travail longtemps.

-Du calmes ! Oh !

D’un violent coup de tête, j’avais fais voler la frêle porte en planches de bois pour m’élancer dehors. Madeline était en train d’atteler Napoléon. Arrivant à fond de train, je m'étais stoppé net, me cabrant en rugissant.

-William, contrôle ta créature !

- Rex !

Je ne tenais pas en place, piaffant et piétinant le sol. Mon maitre m'avait regardé.

-Maman, je crois qu’il essai de nous dire quelque chose.

La femme avait semblé dubitative.

-Voyons, Will, il est encore trop jeune.

- Peut-être, mais il sait aussi que si tu fais travailler Napoléon, ça le tuera.

- Et alors ?

M’approchant de Napoléon, nous nous étions gratouillés du bout des lèvres.

-Vu la vitesse à laquelle il grandit, il atteindra une taille correct d’ici peu, avait dit William.

- Très bien. Tu as gagné.

Puis elle avait retiré tout le harnachement du dos de l’âne.

-Je lui laisse un mois. D’ici là, prépare-le.

- Merci maman ! Tu verras, Rex sera le meilleur laboureur que tu ais jamais vue !

Et il m'avait gratifié d’une gratouille sur l’encolure. Napoléon avait été ramené dans la grange mais au vu de mes destructions, on l’avait déplacé en pâture. Etant donné son grand âge, William avait même proposé de le laisser en liberté sur le terrain en ma compagnie.

-Tu es décidément trop bon avec les bêtes, avait dit Madeline.

- Napoléon mérite bien ça, après tout.

Et c’est ainsi que le vieil âne pu profiter de l’herbe tendre du domaine. Je passais la plupart de mon temps en sa compagnie, écoutant toutes les histoires qu’il pouvait me raconter. Il me parlait du père de William, mort au combat durant la première guerre mondiale. De ce qu'il savait, la guerre était un évènement terrible où beaucoup d'humains mourraient. Ils y utilisaient des outils pour se donner mutuellement la mort, ce que j'avais du mal à concevoir. Du moins, c’est ce dont il avait entendu parler par ses maitres. Il avait compté cinq hivers depuis cet évènement tragique. Il me contait les merveilleux paysages qu’il avait eu la chance de voir durant sa vie. N'étant jamais sorti, je peinais à me faire une idée claire de ces fameuses montagnes ou de cet océan. Il me racontait également le dur labeur qu’il avait effectué aux côtés des Hommes.

A l’ombre d’un pommier, tandis qu’il savourait l’herbe, je me délectais d’une pomme juteuse que j’avais réussie à cueillir. Malgré ma dentition de carnivore, je ne mangeait que très peu de viande, au grand soulagement de Madeline. Mais de temps à autres, William m’en donnait un morceau séché. Et bien que je trouvais cela très appréciable, rien n’était meilleur que les bouillons de légumes dont je raffolais presque. En outres, ce qui n’était pas mangé au bout d’un certain temps m’étais donné. Le jeune homme arrivait justement dans notre direction.

-Rex !

Aussitôt, j'étais parti dans sa direction. A son approche, je faisais attention à ne pas le percuter de mes cornes. Je lui tournais autour, la nuque haute. J’avais même entrepris quelques foulées de galop, creusant le sol de mes griffes. Par la suite, il s’était mis en tête de me préparer à l’attelage. Concernant l’éducation en main, celle-ci ne fut pas bien longue. M’étant imprégné de sa voix dès la naissance, je comprenais chacune de ses demandes, m’exécutant à sa moindre volonté. Matilde disait même qu’entre un chien et moi, elle ne voyait plus vraiment la différence.

-Un peu plus et il donnera la patte, avait-elle dit.

Mais William s’en moquait bien, de ce qu’on disait sur moi. Il affirmait même que j’étais meilleur encore qu’un canidé. Sa mère avait également envisagée le fait que je devienne un gagne-pain. Qu’il suffisait de me mettre une selle sur le dos et de proposer des ballades aux enfants du village contre une certaine somme d’argent. Mais William s’y était opposé fermement, assurant que je n’étais pas une bête de foire qu’on pouvait montrer à qui le voulait bien.

-Ne t’inquiètes pas, Rex, disait-il. Tant que je serai là, il ne t’arrivera rien.

Et je savais qu’il disait la vérité.

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