Petit tyran

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A peine sortie de la pièce, la jeune fille retrouve Maxime qui fait les cent pas dans la cuisine. Il est inquiet pour ses parents surtout qu'il a vu Christy pleurer et se précipiter dans le bureau alors qu'elle espionnait la discussion. Il a voulu faire de même mais elle l'as empeché et a fermé soignesement la porte après être entrée. La jeune fille voit sur le visage du garçon tellement de souffrances qu'elle décide de l'aider. Elle lui fait un grand sourire et lui prend la main.

— Détends toi petit coq. Tout vas bien. Nous avons parlé de choses du passé et fait remonter des souvenirs pénibles. Tout vas bien... Tes parents vont bientôt réapparaitre. Beaucoup de colères ont été comprises et oubliées.

— Maeve.. Je... Qu'est ce que je dois faire?

— Pour l'instant, me serrer dans tes bras et puis me servir à boire. Je suis assoiffée.

— Ok.. Euh Thibaut a appelé cinq fois. Je lui dit quoi?

— Mince je lai oublié. Je vais lui envoyer un message pour qu'il ne s'inquiete pas.

— Tu as fait la paix avec Papa?

— La paix est un grand mot mais oui ca va mieux. Les choses sont plus calmes.

Maeve boit le grand verre de jus de pomme que lui tend Maxime. Le brun l'enlace et lui caresse le dos et la tête de façon maladroite. Il ne sait pas trop ce qu'il a le droit de faire ou pas et a très peur de facher Maeve. Surtout après cette nuit. La jeune fille change si souvent et rapidement d'humeur. Il n'arrive pas à suivre. Le moindre mot peut déclencher une tempête de rire ou de colère. Il opte pour un sujet neutre pour la faire parler.

— Il faut nourrir les chatons? Tu n'es pas rentré hier soir. Ils doivent avoir faim. Tu veux qu'on y aille tous les deux?

— Ils sont chez Lisa. Je me doutais que je ne serais pas en super forme. Et puis même si j'avais oublié. Duchesse aurait fugué et serait venu réclamer sa pitance ici.

— Elle est comme moi. Elle a tout le temps faim. J'en avais marre qu'elle me vole mes sandwitchs. J'ai des gamelles de croquettes ici et au lycée.

— Elle t'aime bien.

— Et toi?

— Elle m'aime aussi.

— Je.. c'était pas ça que je voulais dire... Je...

— Je sais. Tu devrais rebrancher ton cerveau parfois. Ca aiderait.

— Tu es difficile à suivre...

— J'avoue que même moi je ne sais plus pourquoi j'agis comme ça parfois.

— Maeve... A propos de cette nuit.. De ce qui s'est passé.. Je..

— J'étais un peu sous le choc à cause d'une découverte. J'avais besoin d'un ami, de faire le point dans ma tête sur certaines choses. C'était mon premier baiser. Si même si tu m'as sauté dessus après, j'en avais besoin pour remettre de l'ordre dans mes pensées. Donc, ca va.

— Pardon, j'ai perdu le contrôle quand ... Tes lèvres ont touchées les miennes.

— Pas de soucis. On était deux et consentants, sans aucune substance toxique dans le corps. Ca ne change rien au fait que je suis fachée contre toi. Mais garde le secret. Même avec Christy. Thibaut et ton père serait trop contents et pourraient se faire des idées. Je ne te pardonnerais pas aussi facilement.

— On peut faire une trêve jusqu'à ce que Thibaut atterrisse et vienne te chercher? Juste quelques heures... Il est déjà dans l'avion.

— Soit. Tu as maintenant compris pourquoi tu étais incapable de réfléchir à propos de Thibaut?

— Oui... J'ai agi comme un crétin. Maintenant que je sais pourquoi, je pourrais lui expliquer. Enfin je crois savoir.

— Il le sait déjà. Il attend juste que tu le réalise. Thibaut n'est pas rancunier. Montre patte blanche encore quelques fois et vous retrouverez toute votre complicité. Surtout que bien des choses sont plus calmes pour moi.

— Tu es fachée contre moi à cause de ce qui s'est passé hier soir?

— Non. C'était un moment agréable. J'ai compris pourquoi tu es si crétin. Mais ca ne change rien pour moi. Tu as mal agi envers Thibaut. Contrairement à lui, je suis rancunière. Va falloir ramper longtemps avant que je songe à la possibilité de te pardonner un jour.

— Ca me va. Tant qu'il y a de l'espoir.

Maxime pose ses lèvres sur les cheveux de Maeve et continue de la caliner sans qu'elle ne bouge. Il profite de ce moment qui ne se reproduira pas de sitôt. Trop de pensées se bousculent dans sa tête. A propos de ses parents et de leurs liens avec Rudolf. De tout ce qu'a vécu Maeve. Il n'est même pas sûr de ce qu'il ressent après cette nuit. Il se demande si Maeve a conscience que pour lui aussi c'était son premier baiser.

Les deux adolescents restent l'un contre l'autre de longues minutes. Maeve s'est tournée afin de pouvoir se resservir à boire et maintenant, il est dans son dos, les mains sur son ventre, le nez dans ses cheveux. Elle sent le chocolat et les bonbons à la violette. Elle semble si calme, si paisible. En même temps, elle réfléchit. Il voit son nez et ses levres se tortiller comme à chaque fois qu'elle a un dialogue intérieur. Elle observe le bouquet de roses anciennes sur la table, le regard un peu vide.

— Maxime?

Le brun sursaute en entendant son prénom et sort de sa torpeur. Maeve n'a pas bougé et attends qu'il se réveille. Sans le voir, elle a compris qu'il était lui aussi dans sa bulle mentale. Elle pose ses mains sur les siennes et aide au retour à la réalité en tapotant doucement sur ses doigts sur le rythme d'une chanson qu'il ne reconnaît pas.

— Oui? Que veux tu savoir princesse?

— Tu sais cuisiner toi qui mange tellement?

— Non. Je suis une catastrophe. Maman a tenté plusieurs fois. Mais par contre je fais bien la vaisselle.

— Ca rattrape... Tu as d'autres talents d'homme au foyer?

— Euh... Maman a toujours tout fait. Mais je dirais que avec mes tocs, je dois être bon en rangement et ménage. Je sais aussi gérer un budjet.

— Tu sais changer les couches comme ton père ou Samuel?

— Je n'ai jamais essayé. Je leur demanderais des cours si c'est nécessaire.

— Tu aurais aimé avoir un petit frère ou une petite soeur?

— Ouais! Mais Papa n'aurait pas tenu nerveusement avec deux andouilles dans mon genre. Tu sais des choses? J'ai failli être grand frère?

— Tes parents ont essayé sans succès. En grande partie à cause de Rudolf mais c'est plus compliqué que ca en a l'air. Je t'expliquerais un jour. Moi ou tes parents. Tu savais que ton père était parfaitement au courant de tes amitiés depuis le début?

— A l'époque, je l'ignorais. Puis j'ai fini par comprendre qu'il me faisait tourner en bourrique. Il attendait que je sois prêt. Que je m'achète du courage comme tu as si bien dit une fois.

— Je suis une peste n'est ce pas?

— Je suis mal placé pour le dire. Tu étais en souffrance. Tes mots dépassaient très souvent tes pensées. Enfn c'est ce que je veux croire. Tu vas beaucoup mieux depuis que... Thibaut s'est occupée de toi.

— Je vais mieux depuis que mes parents sont morts. Il est vrai que l'arrivée de Thiabut a accéléré ma cicatrisation. Elle n'est pas encore finie. J'aurais toujours des séquelles.

— Je peux faire quelque chose?

— Non.

Maeve replonge dans le silence de ses pensées. Quand les deux adultes quittent le bureau, elle s'éloigne doucement de Maxime avant de les retrouver. La parenthèse est finie. Le visage de Marc porte des traces de larmes et d'émotions intenses. Il rassure son fils d'un sourire et d'une tape sur l'épaule. Après un baiser à sa femme, Marc repart au travail en serrant la main de la jeune fille.

Christy essuie son visage avec un mouchoir puis plaque elle-aussi un sourire sur ses lèvres. Elle s'assure que les deux enfants ont assez mangé et bu. Elle les questionne sur ce qu'ils souhaitent pour le gouter et le repas du soir. Christy camoufle son stress en se moquant doucement de son fils, encore en pyjama au milieu de l'après midi. Maxime n'est pas dupe et accepte les taquineries.

Le téléphone de Maeve sonne. C'est Thibaut entre deux avions. Elle s'isole pour discuter tranquillement. Le brun en profite pour faire un méga câlin à sa maman et tenter de récupérer des informations sur ce qui s'est dit dans le bureau. Christy lui réponds de ne pas s'inquieter et qu'il saura tout en temps voulu. Maeve et Marc sont en processus de paix. Tous les deux ont des choses à comprendre et à accepter.

Christy est ravie de la tendresse de son fils. Il est majeur maitenant mais reste tactile comme un enfant. Il se préoccupe de ses parents et cherche en permanence à les aider et les soutenir. La maman voit combien il est soucieux de cette discussion entre Marc et Maeve. Elle aimerait tout lui dire. Son époux lui a demandé de rester silencieuse. C'est à lui d'expliquer à son fils le passé et les répercussions. Pour l'instant, Marc est occupé à décortiquer les informations données par Maeve.

La jeune fille revient enfin et soupire sur le coté infantilisant de son meilleur ami. Elle râle mais la joie se lit sur son visage. La brune rassure Christy sur les secrets non révélés. La discussion tourne de nouveau vers la nourriture. Un cours de cuisine à destination de Maxime est improvisé. Il est tout à fait honteux qu'il ne sache même pas faire des cookies d'après les deux femmes.

Christy sort les ingrédients. Maeve s'équipe d'un tablier et d'un torchon. Maxime sourit de sa prochaine torture. Il tente d'obeir aux deux casse pieds qui l'ont choisi comme souffre douleur. L'envie de le frapper est trop forte pour la brune qui le fouette avec le torchon sous le moindre prétexte. L'après midi se passe sous les rires enfantins. Après le gouter, Maeve va chercher son ordinateur chez elle et travaille un peu. Elle a aussi rapporté plusieurs classeurs qu'elle a posé dans le bureau de Marc sans un mot.

Maxime s'assoit à coté de Maeve pour tenter de regarder l'écran de la jeune fille. Elle rigole, et lui montre de bon coeur les dossiers qu'elle traite. Un problème Rh entre deux cadres qui veulent une promotion. Des choix de financement dans les secteurs recherche de plusieurs entreprises. Rien de bien secret. Maxime donne son avis et est écouté. Même si la brune garde le dernier mot.

Maeve fait appel à l'expertise de Christy sur une question saveurs pour un nouveau biscuit pour enfants. Un livreur améne chez les Bord les différents prototypes pour une dégustation auquel Maxime n'est pas convié. Le jeune homme ne se laisse pas faire et fini avec trois boudoirs dans la bouche pour faire taire son ronchonnage.

Quand Marc rentre, il est accompagné de Marcel. Il retrouve son fils ligoté sur une chaise avec le foulard de sa femme. Maeve est assise sur la table en face de lui et lui fait ce qui ressemble à un masque de beauté. Christy pleure de rire et met plusieurs secondes à réaliser la présence de son époux et de son beau-père. Elle n'arrive même pas à expliquer ce qui se passe. Marc s'en fiche. Les trois sont de très bonne humeur. C'est l'essentiel pour lui. Peu importe si Maxime se fait punir pour ne pas prendre assez soin de lui. Il laisse faire jusqu'à ce que Maeve, d'humeur taquine, suggére une épilation des sourcils.

Maxime se libère de sa prison aussitôt. Il n'a aucune confiance en la brune et son sadisme assumé. Pendant qu'il va se débarbouiller, Marcel et Christy papote un peu. Maeve accompagne l'homme d'affaires dans son bureau. Ils parlent quelques minutes et l'odeur du roti de boeuf qu'on sort du four les rappele tous au salon.

Maeve parle peu. Beaucoup moins que cette après midi. Les rares phrases sont des taquineries envers la gloutonnerie de Maxime. Elle est calme et semble ne pas vouloir se disputer avec les garçons Bord. Marcel aussi est peu bavard, ce qui ne lui ressemble pas. C'est surtout Christy et Maxime qui animent la soirée.

Après le repas, Marc s'enferme dans son bureau. Marcel parle avec Maeve et lui raconte son grand-père René. Le vieil homme comble les quelques lacunes de la jeune fille sur le passé familial des Bord et des Teyssier. Maxime est tout ouie. Il savait les liens d'amitié entre les deux grands-pères et entre les pères. Il ignorait que le vieux Monsieur Dimotopoulos était lui aussi un ami très proche. Christy évoque Sania et Claudia. Le brun enrage. S'il apprends quelque petites choses, il continue d'ignorer le coeur du problème.

La jeune fille est très curieuse des amitiés, disputes et événements marquants des cinquantes dernières années. Elle sait énormément de choses à la grande surprise de Marcel qui ne fait que valider les faits. Elle reconstruit un puzzle entre les deux familles et même d'autres. L'une de ses questions à propos de la grand mère de Maxime fait sursauter le viel homme. Ils apprennent que quand Rudolf était soul, il ne faisait pas que frapper Maeve. Il lui raconté sa vie aussi. c'est ainsi qu'elle en sait autant. Son excellente mémoire est un vrai journal intime de la vie des Bord. Cependant, elle ne révèle que ce qu'ils savent déjà et protége le reste avec un cadenas blindé.

Marc ressort assez vite de son bureau, assez chamboulé. Il dépose une bise sur les cheveux de Maeve et la remercie des informations partagées. Rudolf a agi comme un salopart sur bien des choses. Le brun n'en saura pas plus. Son mécontentement visible fait rire les quatres autres. Surtout que Maeve en rajoute pour le taquiner. Son père lui promet de tout lui dire bientôt, ce qui calme temporairement Maxime.

La soirée se termine de manière assez joyeuse. Tout le monde va dormir avec le sourire. Sans même se poser de questions, Maeve se dirige vers la chambre de Maxime et lui pique un autre pyjama. Elle se réfugie sous la couette et le grand garçon la rejoint. Elle se blottit contre lui et s'endort en quelques minutes. Lui aussi. Il sait que demain matin, la trêve sera finie.

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