Chapitre 43

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17 Juillet 2047 - 20 h, un quart d'heure avant la chute de Miller.

Centre-ville de Los Angeles.

 Felix était accablé par le stress et la précipitation. À bord de sa voiture, il roulait sur une avenue déserte, esquivant les flammes et les épaves avec de larges coups de volants. Sa destination était précise. Il voulait rejoindre la dernière position connue du Cauchemar.

"C'est le moment !" Pensa-t-il, déterminé.

Soudainement, un message paniqué résonna dans la radio de l'inspecteur :

"Le suspect a pénétré dans le bâtiment de la Compagnie Miller par l'entrée Sud. Nous n'arrivons plus à communiqué avec l'intérieur depuis plusieurs minutes. L'évacuation est impossible !"

En entendant ces mots, Felix accéléra. Une fois arrivé à destination, il gara sa voiture au milieu de la route. En sortant de son véhicule, il enfila sa veste et chargea son arme de service. En entrant, il constata une scène surréalise. Tout le monde à l'intérieur était paralysé et tremblant. Certains semblaient essoufflés. Décontenancé, il demanda à voix-haute :

"Vous allez bien ? Où est-elle partie !?"

L'un des employés rassembla ses dernière forces pour lui pointer du doigt l'ascenseur. Felix le remercie et continua sa course. Pendant qu'il enchainait les étages, il se murmura :

"C'est maintenant ou jamais ! Les risques ne m'importent plus !"

Au sommet de l'édifice, Karoline faisait face au vide. Calme, elle avança, profitant une dernière fois de la caresse des rayons auroraux sur son visage. Soudainement, elle entendit le bruit sourd d'une porte enfoncé derrière elle. Sans se retourner, elle s'arrêta devant le précipice.

"Ne bouge plus McBlue !"

Il s'agissait de Felix, qui la braquait fermement avec son arme. Ce dernier s'approcha d'elle et enchaina :

- Enfin seuls tous les deux… Tu ne peux pas savoir comment j'ai attendu ce moment…

- Vous n'êtes pas paralysé comme les autres ? C'est étrange… Répondit Karoline calmement.

- Oui, d'ailleurs, j'aimerais bien comprendre ce qui leur arrive à tous !

- Ils sont victimes de mes pouvoirs. Chacun d'eux arrive à voir ma monstruosité. Ça les paralyse… Mais, pas vous on dirait.

Felix enleva la sécurité de son arme et pris un ton sévère.

- En effet…

- Vous êtes venus pour m'abattre en personne ? Faites, je vous prie.

- Non… Même si la gâchette me démange… En réalité, je suis venu ici pour te poser une question.

Karoline ne dit rien pendant quelques instants, au final, elle répondit :

- Je vous écoute, inspecteur Young.

Felix était surpris que Karoline connaisse son nom et sa voix. Néanmoins, il se concentra et lança :

- J'ai été le premier à bosser sur ton cas, avant même que le gouvernement ne décide d'ouvrir cette foutue cellule d'enquête… Durant toute l'affaire, je me suis rendus compte que quelque chose clochait avec toi… Tu semblais si cruelle, si violente mais pourtant si soucieuse d'aider les autres… J'ai parfois été inspiré par tes actions, je l'avoue. Mais, je me suis toujours demandé au plus profond de moi : Quelles sont tes intentions, celles qui te pousse à faire tout ce que tu fais ?

- Ma sœur, avant de mourir, m'a dit qu'elle aurait voulus changer le monde si elle avait mes capacités. Au début, j'étais perdue, je ne savais pas quoi faire avec ces pouvoirs dont j'ignorais la provenance… C'est quand j'ai sauvé tous ces gens, instinctivement, que j'ai pu trouver ma voie. Elle consiste à éradiquer la folie qui ronge ce monde, pour le rendre un peu plus vivable… C'est ce qu'aurait voulu Emma… et ce que je désire moi aussi depuis ce jour… C'est simplement ce qui doit être fait, et je n'ai plus rien à perdre en me sacrifiant dans ce combat.

Felix avait écouté Karoline avec attention. Le poing fermement serré sur son arme, il répondit :

- Je comprends… Tu possèdes peut-être ce courage que je n'ai jamais eu. Celui de se battre à contre-courant, face au monde tout entier… Tu sais, j'ai essayé moi aussi de changer les choses comme je le pouvais, de montrer l'exemple… Malgré tout, je n'ai jamais rien accomplie. Ce que tu as vécu dans cette prison, c'est inhumain. Mais j'ai laissé les choses se faires… Tout ça parce qu'un supérieur me l'a dit. J'aimerais bien rejeter la faute sur ce système corrompus. Mais, force est de constater que je suis le seul à blâmer.

- Se battre de l'intérieur, à son humble échelle. C'est plutôt admirable, je trouve, comme intention… Vous gardez au moins votre humanité.

- Peut-être… J'aurais quand même dut faire mieux…

- Votre curiosité a été satisfaite, inspecteur ?

- On peut dire ça, oui…

- Alors faites votre devoir, tirez… S'il y a bien un objectif dans lequel nos deux voies se croisent, c'est celui de m'abattre. Je suis le prochain maillon de folie à éradiquer, une menace bien trop grande… un cauchemar qui doit s'arrêter ici et maintenant.

Felix regarda Karoline, déterminé. Il resserra les doigts de sa main autour de sa gâchette, avant de se raviser. Il enleva le chargeur de son arme et la jeta au sol.

- Je te le répète, je ne suis pas venu ici pour t'abattre… Crois-moi, tu vaux bien mieux que certaines des personnes que je côtoyais au FBI.

- Vous n'avez pas peur de jeter votre unique moyen de défense ? Dans cette situation, seul, face à moi ?

- Arrête. Tu sais tout aussi bien que moi que je n'ai rien à craindre. Je te connais, tu n'es pas le monstre que tu prétends être.

- Vous ne savez rien. J'ai fait des choses impardonnables. Lui rétorqua Karoline.

- Je suis courant de tout ça, je connais ton histoire… Tu sais, j'ai eu l'occasion de parler à Xavier. J'ai vu la compassion dans son regard. Beaucoup de gens t'admire… Mais, surtout, je sais que tu t'es jeter dans le vide pour sauver Phi, et que tu n'as pas hésité… J'ai pu voir les grand de ce monde tremblés et, les plus faibles, reprendre gout à la vie. Tout ça grâce à ce que tu as fait. Emma aurait peut-être aimé que tu devienne une héroïne… Mais tu es devenue biens plus que ça. Pour les rêveurs comme moi, tu incarne un espoir, celui de voir enfin le monde s'améliorer. C'est sûrement pour cette raison que je n'ai pas peur en ta présence. Au contraire, je me sens rassuré.

- Non… Vous vous trompez… Les choses ne peuvent pas fonctionner comme ça.

Felix soupira et se rapprocha lentement de Karoline. Durant un instant de silence, il contempla les milliers de lueurs étincelantes atour de lui, avant de reprendre :

- Je comprends que tu ais choisis cet endroit pour mourir. La vue y est magnifique… D'ici, on peut tout voir dans son ensemble… prendre du recul et repenser à nous même, et à ce qui nous entoure.

- Ça doit être pour ça qu'Emma adorait s'imaginer à cet endroit, avec moi.

- Karoline, si tu sautes, tu ne seras pas la seule à le faire… Je ne veux pas vivre en m'imaginant que je t'ai laisser partir...

- Pourquoi ne peux-tu pas avoir peur comme les autres ? Pourquoi tu refuses de regarder la vérité en face ?

Felix fut surpris de ce tutoiement soudain. Malgré le ton impassible de Karoline, il remarquait ses frissons et des gouttes discrètes tombés à ses pieds.

- Non, c'est le contraire… Ta façade n'est pas un obstacle pour moi. Ta famille te manque, et ça te déchire. Tu te sent seule et perdue face à toi-même. Tu es exténué de vivre et de te battre, ça se comprend. Mais, malgré tout, tu n'as pas sauté lorsque je suis arrivé… Tu te répètes à toi-même que tu es inhumaine, mais tu pleures, je le vois… Il existe un autre moyen de régler les choses, et tu le sais. Au final, le choix t'appartient. Personnellement, j'ai toujours vécus pour les autres et j'aimerais mourir de la même façon. Donc, je serais là, avec toi, quoi que tu décides.

Karoline resta silencieuse.

Au bout de quelques seconde, elle commençait à trembler. Finalement, elle se retourna, laissant apparaitre ses larmes à Felix. Après s'être rapprocher l'un de l'autre, les deux s'enlacèrent.

L'inspecteur tenait la tête de Karoline contre sa poitrine. Cette dernière lui enroulait la taille aves ses bras. Tandis qu'elle serrait délicatement son étreinte, elle se mis à sangloter.

Réconfortés par la présence de l'autre, ils s'étaient tuent. L'espace d'un instant, ils ne se soucièrent plus du passé ni du lendemain, profitant simplement de cette paix.

Peace is a stream from the heart of a man.

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