Chapitre 24

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 Le même soir, sur le toit de l'hôtel Nazari, Karoline contemplait la citée des ange brillé de mille feu sous ses pieds. Pensive, son cœur était rempli à la fois de ferté et d'un sentiment de vertige.

"Aujourd'hui, j'ai aidé à faire bouger les choses. Le maire ne sera plus un pantin de la compagnie Miller. Ça va nous donner du temps avec les autres pour tenter d'arranger la situation… Si seulement je pouvais arrêter tout ça, juste avec ma force. J'aimerais aider les gens dans chaque pays, chaque ville, jusqu'à chaque ruelles et recoin du monde… Quel que soit le prix que j'en paierais, ton rêve est le mien maintenant, sœurette."

Karoline entendit un bruit de pas léger derrière-elle. Il s'agissait d'Epsilon. Ce dernier s'accroupit à côté d'elle, n'ayant toujours pas remarqué que sa chemise était, encore une fois, mal boutonnée.

- Karoline, je tiens à te féliciter pour avoir réussi ta première opération. Tu as fait preuve de beaucoup de courage en sautant de cette fenêtre, et tu as réussi ta mission avec brio. Dit-il d'un ton sincère.

- Ce n'était pas du courage, mais de la témérité.

Epsilon soupira.

- Écoute, elle ne le laisse peut-être pas transparaître, mais je peux te dire que Mu est tout aussi fière que moi, sûrement même plus. Personnellement, c'est un plaisir de t'accueillir au sein de la division.

- Merci, je continuerais à faire de mon mieux…

Après ces paroles, Epsilon rejoignit Karoline dans ce moment de contemplation. Cette dernière, après quelques secondes hésitation, demanda :

- Dit-moi, vous devez connaître mon passé par cœur au sein de la division. Mais je ne connais rien sur vous, moi.

- C'est… Compliqué pour la plupart des membres. Tu dois bien te douter que les chemins de vie qui mènent à devenir commandant au sein d'ALP sont tumultueux pour la plupart. Il n'y a que moi qui ait eu une vie que l'on peu qualifié de banale ou de calme. Mais, un conseil : évite de poser ce genre question à Phi, surtout si tu l'apprécies…

- Je comprends… Et toi du coup, tu peux me raconter ton histoire ? Même si c'est banale. J'aimerais apprendre à connaître chacun de vous.

- D'accord, je vais tout te raconter… Mon vrai nom est Cyril Gray. J'ai grandi en France. Quand j'étais ados, ma famille à déménager ici, à Los Angeles. Ma mère était une riche propriétaire, c'est elle qui avait hérité de la société Merigold dans les années vingt.

- Merigold ? Tu veux dire la marque de voiture de luxe ? Répondit Karoline, légèrement surprise.

- Tout à fait, c'est elle qui a réussis à importer l'entreprise depuis la France dans le monde entier. De mon côté, l'affaire familiale ne m'intéressait absolument pas… À vrai dire, je méprisais la plupart des costards cravate que j'avais croiser dans mon enfance. C'est plutôt l'informatique m'a toujours passionner. Grâce à ma mère, j'ai pu avoir toutes les écoles les plus prestigieuses à portée de main. J'ai eu mon diplôme final à vingt-quatre ans et je me suis lancé dans la recherche en cybersécurité. Il faut dire que j'y étais bien. J'avais un travail qui me plaisait et je touchais très bien ma vie tout en refusant la richesse de mes parents.

- Pourquoi avoir voulu rejoindre ALP du coup ?

Après un léger silence, Epsilon repris, le regard fixer sur l'horizon.

- Il me manquait quelque chose d'important : un but… Je savais que j'étais utile à la société grâce à ce que je faisais, mais cela ne me suffisait pas. J'avais envie d'agir plus directement et d'aider d'autres personne que les corporations. Je me suis vite mis à faire mes propres cyberattaques de mon côté. J'étais plutôt doué à l'époque, je dois l'avouer… Durant l'été quarante-trois, peu avant ma trentaine, j'ai croisé la route de Mu. La suite est simple, j'ai tout plaqué pour intégrer ALP et je suis devenu, avec le temps, le netrunner que tu connais.

- Je ne la trouve pas banale moi, ton histoire. Répondit Karoline d'un ton calme et apaisé.

- Crois-moi, comparé à toi ou aux autres, ça a été plutôt tranquille de mon côté.

Karoline, après quelques réflexions, serra le poing et finit par demander :

- Dit moi, t'as déjà pirater des réseaux de gang ?

- Toi, tu as une idée derrière la tête, je me trompe ?

- Et bien, on m'a dit qu'on pouvait proposer nos propres opérations et j'en aie bien une à laquelle j'ai pensé… Il s'agirait de faire sortir les Cuervos et les Yakuza de l'équation. Ça serra un premier grand coup à porter avant de s'attaquer à Miller ou au gouvernement.

- Je vois… pour répondre à ta question, les Cuervos sont difficiles à pirater. Ils sont totalement reclus et limites au maximum leur utilisation de technologies connectés. Les Yakuzas, par contre, je sais déjà tout sur eux. J'ai implémenté des backdoors dans tous leurs réseaux et je peux facilement le refaire s'ils les comblent. C'est grâce à ça que j'avais appris ton existence. J'ai même la possibilité d'avoir d'obtenir des infos sur les Cuervos par cet intermédiaire. Mais ça dépend vraiment de ce dont on aura besoin.

Epsilon se leva et repris avant de partir :

- Dans tous les cas, si tu veux mettre en place une opération, tu ferais mieux de voir ça avec Mu. C'est elle qui organisera une réunion avec tout le monde pour en discuter.

- D'accord, merci de ton aide.

Karoline décida de rester quelques minutes supplémentaires à regarder le paysage urbain. Lorsqu'elle rentra à l'intérieur du QG, sur le chemin menant à sa chambre, elle tomba sur Zêta. Ce dernier décompressait dans un fauteuil, il semblait exténuer.

"Il est là, et pour une fois, il n'est pas en train de bidouiller ou de souder des trucs. C'est le moment d'essayer de calmer un peu les tensions entre-nous." Pensa Karoline en le voyant.

La jeune femme fit quelques pas dans la direction de l'armurier tout en s'adressant à lui :

- Zêta ! Je tiens à te remercier pour l'équipement que tu m'as fait. Il est super, léger et résistant, c'est tout ce qu'il me fallait.

Le vielle homme ne répondit pas tout de suite. Il pris le temps de tourner lentement la tête vers Karoline, le regard sévère, avant de lui répondre :

- Oui, j'ai dû passer presque 3 heures sur tes foutues lunettes. Celles qui ne te servent à rien à part t'aveugler à moitié. Je n'ai pas voulu te poser trop de questions sur le coup, mais sincèrement, tu devrais les enlever ou les remplacer par quelque chose de moins opaque.

- Je les garde, c'est tout.

- T'es vraiment sûre de toi ? Quel amateurisme…

Le regard de Karoline gagna également en sévérité.

- …Mes raisons ne te regardent pas.

Zêta se leva de son fauteuil et s'exclama

- Ah, parce que tu veux garder tes petits secrets maintenant ! C'est ce genre de comportements que je n'aime pas chez toi. Tu nous caches des choses, et je le sens bien !

- J'ai été suffisamment sincère avec vous… Répondit Karoline en fronçant les sourcils.

Zêta attrapa la jeune femme par son col et haussa le ton.

- Sache que je n'ai aucune confiance en toi ! Tu débarques du jour au lendemain et tu fais tous ces trucs avec tes… "pouvoirs". Ta présence ici est bien trop risquée pour nous à mon goût. Si Mu n'avait pas placé autant d'espoirs et de confiance en toi, je t'aurais foutus dehors moi-même ! En plus, il faut dire que tu agis très bizarrement parfois…

Tandis que Zêta déballait son sac devant elle, Karoline restait relativement calme et impassible. Jusqu'à ce que le vieil homme prononce la phrase trop :

- …Je ne sais pas ce que tu es, mais tu n'es clairement pas humaine ! De quel genre de laboratoire tu sors exactement !?

Avec une voix grave, lourde et enragée, Karoline rétorqua :

- Tu penses que j'en ait la moindre aidée !? Tu crois vraiment que je n'ai pas capté que je suis un monstre !?

À la fois confus et impressionner, Zêta se tut. Il lâcha le col de Karoline et se recula d'un pas. Soudainement, la voix de Mu se fit entendre :

- Arrêtez tout de suite ! Ça suffit vous deux ! On n'a pas besoin de tensions au sein de la division. Vos enfantillages n'apporteront rien !

- …Excuse-moi Maria, je suis tendu aujourd'hui et je me suis emporté inutilement. Sûrement le stress. Je tacherais de mieux me comporter à l'avenir. Répondit Zêta avant de quitter la pièce.

Mu soupira, se rapprocha de Karoline et lui dit :

- Écoute, je sais que tu essaies de bien faire avec lui. Mais je te l'ais déjà dit, c'est un vieux grincheux.

- Au moins, j'aurais essayé. Repris Karoline sur un ton calme.

- Si tu veux qu'il t'apprécie, il ne faut pas t'y prendre comme ça. Pour qu'il puisse mettre sa confiance en toi, tu devras faire tes preuves par toi-même. Vois-tu, c'est un homme d'action qui valorise l'abnégation et l'effort par-dessus-tout. Ça viendra avec le temps, ne t'en fait pas. Mais la prochaine fois, tache de te contrôler !.. Qui sait les dégâts que tu pourrais causer si tu déclenchais la moindre bagarre.

- Je comprends, mais je ne me serais jamais battus avec lui. J'ai tout à fait connaissance de ma dangerosité.

- Je le sais bien… Je te fais confiance mais, mieux vaut prévenir que guérir.

- Au fait, j'ai quelque chose dont j'aimerais te parler.

- Et bien, je suis tout ouïe…

Karoline raconta son idée d'opération à Mu. Après une petite discussion, les deux sortirent de la salle de repos. Le visage de Mu était ornée d'un grand sourire d'enthousiasme tandis que la détermination de Karoline débordait dans son regard.

Le lendemain, en début d'après-midi, toute la division était rassemblé dans la salle de réunion. Parmi les cinq commandants, c'était Mu qui pris la parole en première :

- Si je vous ai convoqué ici, c'est à la demande de Karoline. Nous allons discuter d'une opération importante qu'elle a imaginé. Je laisse la concernée vous présenter ce qui suit.

Karoline se leva. Zêta la regardait sévèrement, les bras croisés. Epsilon, lui, restait calme, avachis sur sa chaise tandis que Phi avait, une fois de plus, du mal à contenir sa curiosité.

- Hier, nous avons réussi à réduire l'emprise de la Compagnie Miller sur le maire, et plus largement sur la ville. Mais vous devez tous savoir que cela reste bien loin d'être suffisant. Car nos ennemies ont toujours leur bras armés : les gangs. C'est eux qui menacent le plus directement la ville et ils sont un rempart qui se dresse entre nous et les corporations. J'ai pu être témoins directement des horreurs que perpétue les Cuervos et les Yakuzas. De tous les groupes armés de la ville, ce sont eux les plus nocifs et les plus dangereux… Je propose qu'on les éradique. Non seulement au nom des valeurs d'ALP, mais également au nom des valeurs humaines. Tout cela doit cesser immédiatement. Il faut montrer que cette situation n'est plus possible.

- Et de quelle manière tu comptes t'y prendre ? Questionna Epsilon.

Le regard de Karoline devenue vide, comme ses iris bleutés ne reflétaient plus rien d'autre que le néant.

- En les massacrants. Répondit-elle avec froideur.

Phi perdit son excitation en entendant ces mots. Zêta, quant à lui, esquissa un léger sourire en répondant ;

- Tu comptes leur déclarer la guerre et les attaquer de front ?... C'est une idée qui pourrait me plaire. Ça fait longtemps que j'attends une opportunité pour leur régler leur compte… Mais, ces deux gangs ne sont pas des enfants de cœurs, surtout lorsqu'ils sont de mèche ensemble. Ils sont nombreux et très bien équipés.

- Ce n'est pas un problème. Faites-moi confiance. Avec votre aide et votre support, je pourrais tous les balayer, peu importe leur nombre.

Mu repris la parole :

- Karoline a déjà fait ses preuves, vous avez pu le constater à ces récents exploits. Je sais que c'est une guerre dont nous parlons, quelque chose de violent impliquant des morts. Mais avec le Cauchemar dans nos rangs, nous pourrions enfin mettre un terme à leurs horreurs. Je n'obligerais personne à nous suivre dans cette entreprise. Qui veut en faire partie ?

- Comptez sur moi et sur mes meilleurs hommes. Répondit Zêta, satisfait.

Epsilon leva la tête en l'air et enchaina :

- Vous aurez besoin d'informations sur eux quoi qu'il arrive… Je vous aiderais. Je commencerais à glaner ce que je peu juste après la réunion.

Le regard de Karoline se tourna ensuite vers son amie Phi. Cette dernière semblait confuse, presque attristée. Cette expression n'allait pas à son visage d'ange. Karoline chercha tant bien que mal à croiser son regard fuyant, comme pour avoir une approbation. Finalement, Phi se leva et répondit :

- Je suis désolé, ce sera sans moi…

Sans dire un mot de plus, elle sortit de la pièce. Karoline était surprise de cette réaction. Les autres commandants, quant à eux, ne semblaient pas étonnés.

La voix de Mu brisa le silence une fois de plus :

- Mettons-nous au travail dès maintenant, si vous voulez bien…

Quelques jours plus tard, alors que la lune trônait haute dans le ciel, Karoline se trouvait devant un large bâtiment en périphérie de la ville. En face d'elle, une limousine noir venait de se garer. Il en sortit Eiko Araki, accompagné par toute une escouade de Yakuza.

Tandis que l'Oyabun pénétrait dans le bâtiment, Karoline s'avança d'un pas lent et déterminer vers l'entrée. Elle enfila ses lunettes opaque et serra sont point.

"Je mettrais un terme à cette folie… Ici et maintenant."

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