Chapitre 4

7 minutes de lecture

 Karoline et Emma s'emparèrent ensuite d'un vieux matelas et de sièges de voitures trouvés dans la décharge afin d'installer un punching-ball rudimentaire. Une fois ce dernier caler contre une épave de bus, Emma se rassis et regarda faire sa sœur tout en l'encourageant. Karoline se concentra et frappa sa cible de son poing avec une force tout à fait banale. Elle tenta d'assener un nouveau coup juste après en essayant de s'énerver, sans résultat. À sa troisième tentative, elle se loupa maladroitement et frappa l'épave de bus à la place du matelas. Karoline s'arrêta, gémissant à cause du craquement que sa main a fait, tandis que sa sœur ne pouvait s'empêcher d'éclater de rire devant cette scène.

La jeune femme aux yeux d'azur ressentis alors une profonde rage monté en-elle, due à la douleur dans sa main. Elle serra les dents et refrappa volontairement l'épave de bus avec une force surhumaine. Le choc provoqua un vacarme infernal tout en créant un épais nuage de poussière qui engloutie la décharge. Devant cela, Emma cessa soudainement de rire. Inquiète, elle se leva et courus vers le brouillard.

- Karoooo ! Tu vas bien ? T'es où sœurette ?

Il n'y eut pas de réponse aux appels d'Emma. Elle décida alors de s'avancer dans le brouillard en cherchant Karoline. Quand le nuage de fumée fut dissipé, Emma pus être témoin d'une scène spectaculaire : l'épave de bus était à une dizaine de mètre de son emplacement initiale, complètement bousillé et presque plié en deux par le coup de sa sœur.

Elle resta bouche bée devant ce spectacle pendant plusieurs secondes avant d'apercevoir sa sœur non loin. Karoline était immobile et fixait son bras d'un air complètement décontenancer. Ce dernier fumait comme s'il était ardent. Même la manche autour était cramée et parti en lambeaux. Quand Emma la rejoignit, Karoline releva la tête et se tourna vers sa sœur, terrifié, pour lui dire :

- Qu'est-ce qui m'arrive !? Dis moi sœurette !

Emma resta silencieuse pendant quelques instants avant qu'un sourire ne se dessine sur son visage. Elle finit par soudainement éclater d'enthousiasme en s'exclamant :

- C'était trop bien ! T'es trop forte Karoline !

Emma sautillait sur place et semblait très admiratrice de sa sœur. Face à cela Karoline se détendu un peu et répondit d'un ton plus calme :

- Finalement, ce n'est pas moi qui délirais, ça au moins, ça me rassure…

- C'est fou ! Comment t'as fait ça ? Lui répondit sa sœur, des étoiles pleins les yeux.

Karoline n'eut même pas le temps de répondre que sa sœur attrapa son bras et enchaîna :

- Il a quoi ton bras ? Toute ta manche est brûlée !

- Je ne sais pas, j'espérerais qu'une petite surdouée comme toi aurait une explication…

Emma se calma et prit un air un peu plus sérieux :

- La chaleur qui a brûlé ta manche et qui fait fumer ton bras doit sûrement venir de toute l'énergie que tes muscles ont déployés pour faire… ça. Dit-elle en montra du doigt l'épave de bus.

- Mais du coup, comment ça se fait que mon bras n'a rien !? Ou que moi-même je sois capable de faire de telles choses ?

- Je ne sais pas, je ne peux rien dire de plus… À part que t'es la plus forte !

Emma se remit à sautiller partout. Karoline baissa la tête, prit une ton inquiète et dit à sa sœur :

- J'aurais pu te blesser. Je ne veux pas de tout ça. Je reffuse d'être un danger pour qui que ce soit… Tu comprends ?

Une larme coula le long de la joue de Karoline tandis qu'Emma, concernée, sa calma à nouveau. Elle pris la main de sa sœur avant de s'adresser à elle d'un ton bienveillant :

- Karoline voyons, je te connais. Je sais que tu utiliseras bien cette force.

- On n'est pas dans un de tes films de super-héros Emma. On est dans la vraie vie, celle où toutes ces conneries n'ont aucun sens. Répondit Karoline lâchant la main de sa sœur avant de lui tourner le dos.

- Je sais sœurette, il n'y a pas de bien ou mal en ce monde. Je te parle juste d'agir pour des choses qui te tiennent à cœur, suivre ta propre voie ! Comme tu le fais depuis toujours.

Emma se rapprocha de sa sœur et mit une main sur son épaule avant de continuer d'une voix douce :

- Comme ce jour où tu m'as empêché de me faire écraser. Comme cette fois où tu as convaincu cet homme de ne pas sauter. J'aimerais l'avoir moi, ce pouvoir, la force de changer le monde… C'est pour ça que je veux aller en Asie dès que j'aurais mes diplômes. C'est pour ça que je veux aider les gens. C'est pour ça que je t'aime sœurette.

En entendant ces mots, Karoline se retourna et s'effondra dans les bras de sa sœur.

Après ce moment éprouvant, les deux sœurs entreprirent de rentrer chez elles. Bien que Karoline se sentait profondément apaisée d'avoir pu se confier à Emma, elle en ressortie avec plus de questions que de réponses.

Les deux marchèrent devant le coucher de soleil qui bordait de toute sa lumière leur ville natale de Los Angeles. Emma emboîtait le pas, pleine d'énergie, tandis que sa sœur restait un peu en arrière, visiblement très pensive. Le paysage lointain qui leur était offert par la ville était ponctué de nombreux et gigantesques buildings dont on commençait à discerner les premiers éclairages propres au crépuscule urbain. Parmi ces édifices, un seul transparaissait clairement au-dessus des autres. Il s'agissait de l'immense tour appartenant à la compagnie pétrolière Miller, dirigée par le père de Maximilien en personne. Le symbole de richesse et de grandeur qu'elle représentait trônait au milieu du centre-ville, exposant sa supériorité à la région entière. Cette tour donnait une image particulière à Emma à chaque fois qu'elle la voyait. Cette dernière se retourna soudainement vers sa sœur et pointa du doigts le bâtiment en s'exclamant :

- Sœurette, tu vois ce bâtiment là-bas ?

- Oui, qu'est-ce qu'il y a ? Répondit Karoline, intrigué.

Emma reprit avec un regard passionné :

- Promettons-nous que, quoi qu'il arrive, on se retrouvera là-haut un jour ! Et qu'à ce moment-là, ce gros bâtiment nous appartiendra. Et qu'on pourra aller au sommet et contempler la ville et le monde, rien que toutes les deux. Et on pourra être témoins de tout le bien qu'on a apporté, chacune a notre manière. Donc on finira par se rejoindre là-haut ! D'accord ?

Karoline sourit devant ce discours rêveur. Elle posa sa main sur la tête de sa sœur, se baissa pour la regarder dans les yeux et lui répondit :

- Pas de problème ! On ferra comme ça sœurette. Je te le promets.

Les deux continuèrent ensuite leur marche et arrivèrent peu de temps après à leur domicile. Une fois rentrée, Emma partit prendre sa douche tandis que Karoline se fit interpeller par son père :

- Ma puce, ça s'est bien passé ta journée ?

- Oui… La salle m'a fait du bien je pense.

- Bien… Sache que j'ai parlé à mon patron aujourd'hui.

- Ah bon ! T'as eu ta promotion ?

Maria arriva et prit son mari dans les bras tout en continuant à sa place :

- Un peu qu'il l'a eu ! Il est chef de son groupe maintenant, ça fait une jolie prime.

- Je ne sais pas ce qui l'a convaincu chez moi, mais j'ai bien réussi apparemment. Deux échelons d'un coup ! Ça se fête quand même ! Rajouta Jérôme, tout fière.

Les yeux de Karoline s'illuminèrent de joie, elle répondit :

- Du coup, on va enfin pouvoir finir de payer mes études, c'est trop bien !

Karoline enlaça ensuite son père. Quand Emma eut vent de la nouvelle, à la sortie de sa douche, elle explosa de joie à son tour. Il fallait dire que la situation financière de cette petite famille californienne a longtemps oscillé entre difficultés et précarité.

La faute à la crise qu'on dut endurer toutes nations du globe au début des années 2040. À ces périodes-là, une épidémie terriblement meurtrière avait ravagé l'est de l'Asie, menaçant le monde entier et faisant s'effondrer la mondialisation pour les décennies à venir. Certains pays comme l'Australie, déjà fragilisé avant ces évènements, n'ont tout simplement jamais pus s'en remettre. Mais cela était une autre histoire.

Fort de leur nouvelle situation, la famille McBlue se contenta d'un chaleureux et copieux repas le soir-même afin de fêter la promotion.

Le lendemain matin, alors que Karoline venait de se lever et était dans le salon avec ses deux parents, la sonnerie du domicile des McBlue se fit entendre. Maria alla ouvrir la porte et revenu quelques instants après avec un air décontenancé :

- Karoline, il y a des policiers qui sont là et qui te demandent. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

À peine la femme avait eu le temps de finir sa phrase que trois policiers entrèrent dans le salon. Karoline, elle, comprit la situation : Miller était plus rancunier qu'elle ne l'avait pensé. L'un des agents prit la parole d'une voix fatiguée :

- Karoline McBlue, vous êtes en état d'arrestation pour coup et blessures aggravés.

La jeune femme se laissa ensuite mettre les menottes pendant qu'un autre policier lui citait ses droits. Les deux parents assistèrent, bouche bée, à la scène. Ils se mirent à poser des questions à leur fille. Mais tout ce que Karoline eut le temps de leur répondre était :

"Je vous expliquerais tout ! Ne vous inquiétez pas, je serais vite de retour. "

Quelques minutes plus tard, menottée à l'arrière d'une voiture de police, Karoline regardait les rues de la cité des anges défilée devant elle, inquiète.

Can't tell if this is true or dream.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Mr.Bleu ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0