Chapitre 19

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 Karoline était perplexe. La vielle femme, elle, semblait toujours aussi confiante. Après un court silence, elle repris :

- Je suppose, que vous n'êtes pas sans avoir remarqué l'état de ces rues, et de ce pays dans lequel la corruption est devenue maitresse. Sans répit, l'abus et l'exploitation de toutes richesses se perpétue… Nous avons suivi vos actions. Ces personnes que vous avez sauvés sont les victimes du fruit né de cette condition. Les gangs, les corporations, les gouvernements… Tous coopèrent, non pas pour survivre, mais pour se complaire en profitant de la situation.

Elle s'approcha de quelque pas en direction de Karoline avant d'enchaîner :

- Pensez-vous, qu'un jour, dans notre système actuel, Maximilien Miller pourrait être condamné ? Qu'un seul des gangs qui pourrissent les rues de cette ville puisse être inquiété par la police, ou bien la justice ?... Non, car tous les dirigeants sont bien trop terrifiés à l'idée revoir les choses éclatées comme il y a vingt-ans. Ils préfèrent laisser le contrôle aveuglément à ceux qui ont les moyens de mater la population, comme la Compagnie Miller. Mais, ces corporations ne suivent que leur intérêt et affirme un peu plus leur domination malsaine au fil du temps…

- Maximilien m'a déjà parlé de tout ça. Il se disait intouchable…

- Et pourtant, face à lui, vous n'avez pas réfléchis à tout ça. Vous lui avez régler son compte, nous le savons. Vous êtes au-dessus de tout-cela, vous avez des convictions. C'est pour cette raison que nous avons besoin de vous, Karoline.

Karoline, honteuse en entendant ces mots, baissa la tête.

- Vous vous trompez… Ce que j'ai fait à Miller n'était guidée que par une envie de vengeance. Ce n'est pas une conviction très noble, n'est-ce pas ?... Je n'ai fait que tuer un homme, et mettre à feux son bâtiment. Vous m'idéalisez un peu trop… Et puis vous êtes qui à la fin ? Qui est le "nous" dont vous parlé ?

- Voyons Madame McBlue, je pense que vous le savez déjà… Comment croyez-vous que nous vous avons retrouvé avant la police ? Qui a retirer votre nom du registre de l'hôpital ?

- Quoi ?... C'est vrai que j'avais oublié ce détail, on aurait dut m'avoir retrouvé depuis longtemps… Ne me dites pas que vous faite partie… d'ALP…

ALP était un nom qui évoquait beaucoup de chose. Il s'agissait d'une organisation anarchique composé de plusieurs groupuscules, travaillent dans l'ombre contre les corporations et les gouvernements du monde entier. Bien que floue, leur idéologie se basait sur trois principes : la lutte contre le néo-corporatisme, la restauration de lois démocratiques et la préservation de l'environnement. Ils étaient connus en majorité pour des braquages, des attaques d'usines et de chantiers ou encore des chantages à toutes les échelles. Bien que l'opinion publique leur était plutôt favorable, ils étaient officiellement considéré comme des terroristes.

- Vous avez touché dans le mille, je vous en félicite. J'ai une offre à faire, ALP aimerais de vous en son sein.

- Dans quoi je me suis embarqué... Écoutez, je ne suis pas faite pour ça. Je n'en ai peut-être pas l'air, mais je suis un danger pour quiconque s'approche de moi. Je… Je ne peux pas vous aider, j'en suis désolé. Personne n'a besoin de moi, je n'apporte rien de bon…

Karoline tourna le dos à son interlocutrice et se dirigea vers l'entré des escaliers. La vielle femme au manteau, qui ne semblait pas affectée par ce refus, répondit :

- Felizia Ximénez, immigré mexicaine ayant quitté son pays natale il y a cinq ans. Son exil l'a mené jusque dans les rues de Los Angeles, là où elle s'est fait enlever par un groupe de Yakuza. Son enfer dura cinq année et se termina lorsqu'elle rencontra sa sauveuse dans un petit bar des quartiers Ouest…

Karoline s'arrêta et ne dit pas un mot.

- Albert Bianco, ex-militaire à retraire ayant voulue dénoncé des conflits d'intérêts dans la défense nationale. Sans succès, car tout ce qu'il a obtenue était d'entré dans le collimateur de personnes bien trop influentes pour lui. Il disparut mystérieusement il y a quelques mois… Avant de réapparaitre dans un hôpital de banlieue, accompagné d'un groupe d'enfants, d'hommes et de femmes qui avaient subi le même sort que lui. Toutes ces personnes ont un point commun. Elles ont été victimes de ce monde et ont été sauvé par la même personne… Il s'agit de vous.

La vielle femme s'avança vers Karoline et repris avec une voix réconfortante :

- Laissez-moi vous guider. Je sais que vous n'êtes pas qu'une vulgaire meurtrière. Vous pouvez faire ressortir ce qu'il y a de mieux en vous. Imaginez un peu ce que vous pourriez apporter à ce monde si vous disposiez de nos moyens et de nos ressources…

Karoline ferma les yeux, prit une légère respiration et répondit :

- C'est d'accord… Je vous rejoins... De toute façon, je n'ai pas beaucoup d'options vu ma situation actuelle.

- Rassemblez toutes vos affaires et rejoignez-moi dans le dernier sous-sol du parking, au bout de la rue. Je vous expliquerais tout là-bas. Venez seule, et prenez conscience que c'est une voie sans retour.

- Pas de problème.

Une fois rentrée à son studio, Karoline ne pris que son pull bleu, encore taché du sang de Miller. Une fois prête, elle ferma derrière-elle et se rendit au dernier sous-sol du parking. L'étage dans lequel elle se trouvait était vide. Il n'y avait qu'un seul véhicule garé, tout au milieu. Il s'agissait d'une limousine aux vitre teintés et à la carrosserie blanche qui rayonnait dans l'obscurité comme des phares. Lorsque Karoline s'en rapprocha, la porte s'ouvrit devant elle. Sans réfléchir, elle embarqua.

À l'intérieur, il y avait un immense espace passager dans lequel la vielle femme l'attendait. Cette dernière, dévêtue de son manteau, semblait bien plus à son aise, malgré son expression stricte. Tandis que la limousine démarrait, elle pris la parole :

- Contente que vous soyez-là. Je vous prie de m'excuser, je n'ai pas pu me présenter plus tôt par soucis évident de confidentialité. Je suis Maria Nazari, mon nom de code est "Mu". C'est par celui-ci que je demanderais de m'appeler lorsque nous seront pas dans un endroit suffisamment sécurisé.

- D'accord, mais avant de commencer, j'aimerais vous poser une question…

- Je vous écoute.

- Ça vous arrive souvent d'espionner les gens que vous recrutez ? Parce que je n'aime vraiment pas que l'on m'observe…

- Nous avons un œil sur à peu près tout le monde… Mais, si cela peut vous rassurer, nous n'avons pas la nécessité d'espionner nos membres importants. Tout est une question de sûreté, je pense que vous pouvez le comprendre.

- Vos membres importants ? Répondit Karoline, d'un air intrigué, tandis qu'un léger rayon de soleil passa à travers la vitre pour caresser son visage.

- Je vais commencer par vous expliquer la hiérarchie qu'il existe au sein de notre organisation. C'est assez simple, vous verrez… Il y a trois types de membres. Les premiers sont les membres normaux, ceux-là peuvent nous aider plus ou moins directement et participer à certaines opérations. Ensuite, nous avons les commandants, qui sont les membres importants dont je vous parlais. Ces derniers dédient leur vie toute entière à notre cause et abandonnent souvent leur propre identité dans ce but. Ils peuvent décider des opérations à exécuté et de leur coordination. Pour finir, nous avons les chefs locaux, dont je fais partis et qui dirigent chacun leur division de commandants. Ils ont en contact avec d'autres chefs un peu partout dans le monde. Le tout forme une vaste toile recouvrant le globe, que vous appelez ALP.

- Je vois… Ça me parais tellement fou tout ça. J'ai dû entendre parler de vous des milliers de fois sur internet. Mais, jamais ne vous aurez pensé si organisé.

- Cela nous est bénéfique que l'opinion publique sous-estime nos capacités et nos ressources, croyez-moi.

- Au fait, je vais vous rejoindre sous quel grade moi ? Et puis, où on se dirige là ?

- Lorsque vous nous rejoindrez, vous serez directement Commandante. Il faut dire qu'au vu de vos capacités, pour les moins spéciales, vous aurez une place importante au sein de notre organisation. Mais avant cela, vous devrez faire vos preuves, même si je n'ai aucun doute quant à votre réussite… Pour ce qui est de notre destination, nous nous dirigeons vers le QG de Los Angeles. C'est le plus important de la région et celui que je dirige. Vous y rencontrerais les autres commandants sous ma tutelle. Une chambre vous y attend également, je suis certaine qu'elle saura vous satisfaire.

- Si je ne me trompe pas, on se dirige vers le centre-ville. Vous êtes sûre que c'est un bon endroit pour une base secrète ?

- Lorsque l'on veut rester discret, il vaut parfois mieux rester au dernier endroit où l'on nous attendrait, c'est à dire à la vue de tous.

- Genre, un souterrain sous un centre commercial ? Je vois l'idée.

- Non, pas vraiment… Je pense que vous êtes loin d'avoir deviné.

- Comment-ça ?

- Mon nom ne vous dit vraiment rien ?

- Maria Nazari… Se marmonna Karoline à elle-même, pensive.

Après quelques secondes de réflexion, elle repris :

- J'ai compris… C'est l'hôtel Nazari, il est à vous, c'est ça ?

- En effet, c'est moi qui l'ai construit il y a plus de six ans.

- Donc… le plus grand hôtel de Californie vous sert de planque. C'est complètement fou…

- C'est bien cela… D'ailleurs, nous sommes presque arrivé, préparez-vous à dire adieu à votre ancienne vie.

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