Chapitre 46

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 Karoline était remplie de doute. Au centre de sa luxueuse demeure, affalé sur un canapé, son regard se perdait dans le vide.

"Je me sens tellement frustrée de devoir rester là à attendre… Mais la situation est beaucoup trop tendue. Il va me falloir au moins quelques semaines, histoire de voir si ce vaccin est bien réel… Phi et les autres me manquent. J'espère qu'ils s'en sont sorti. Au moins, j'ai le champ libre pour m'évader quand je veux… Et je ne suis surtout plus dans cet enfer…"

Karoline entendit toquer à la porte grande ouverte qui séparait le salon du reste de la maison. En se retournant, elle aperçus la superviseuse de la sécurité.

- Mme McBlue, l'inspecteur Young est arrivé. Il vous attend pour votre entretient.

- D'accord… Je vous suis… Répondit Karoline en se levant.

Peu de temps après, les deux femmes arrivèrent dans une salle d'interrogatoire, aménager au sein d'un ancien bureau de la planque. Felix, en les voyant, se leva et fit signe à Vivienne de quitter la pièce.

- C'est tout ? Vous ne me menottez pas ? Vous ne voulez pas vous cacher derrière une vitre blindée ? Ou quelque chose du genre… Demanda Karoline.

Felix soupira.

- Inutile de jouer la comédie. Personne ne nous nous écoute, tu peux parler librement.

Karoline s'installa sur un chaise et rétorqua :

- Honnêtement, j'ai du mal à te croire…

- La personne qui vient de t'emmener. C'est celle qui gère tout ici… Elle est avec nous et elle a ma confiance.

- D'abord, il faudrait que tu ais la mienne…

- Après ce qui s'est passé sur ce toit, tu ne me l'accordes pas ?

- Je… J'aimerais vraiment pouvoir compter sur toi. Mais, je dois m'assurer de quelque chose.

- Je t'écoute.

- As-tu le moindre implant ? Même un truc tout petit.

- Non… J'en ait toujours eu horreur à vrai dire… Pourquoi cette question ?

- Tu n'es pas la seule personne que j'ai rencontré à être immunisé à mes pouvoirs… Il y avait aussi ce cyborg, ou plutôt cette machine, que j'ai combattu après mon évasion.

- Un cyborg !? Comment-ça ?

- C'était un soldat en uniforme lourd… Je n'ai pas réussis à déceler la moindre parcelle de chair sur son corps. Ce qui est sûr, c'est qu'il n'a pas pris peur devant moi, un peu comme toi…

Après quelques secondes de réflexion, Felix répondit.

- Je ne savais pas que l'armée pouvait aller jusque-là… Écoute, c'est sûrement dû à des implants neuronaux… Je comprends mieux où tu voulais en venir avec ta question maintenant. Mais, tu sais qu'on doit se faire charcuter pour avoir de tels équipements, ça se verrait tout de suite. Pour ce qui est de mon cas, je dirais que je me sens… d'une certaine manière… attaché à toi

- D'accord, j'ai l'impression que tu es sincère… Je veux bien te croire. Après-tout, tu es ma seule option.

- Merci.

Karoline leva la tête en l'air et pris un ton plus reposé.

- Sur ce toit… Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais tu as sus trouvé les mots. Ça m'a beaucoup touché ce que tu as dit. J'y repense encore.

- Moi aussi… ça m'a fait un choc, tu sais, quand je t'ai vu sur le point de sauter. Ça doit être difficile à force, de se faire traiter comme un démon.

- Ce n'est pas sans raison quand même. À la place de tous ces gens, j'aurais peur moi aussi… Maintenant que j'y pense, ce n'est pas la première fois qu'on se voyais. Je me souviens au tribunal, le regard que tu me portait, il n'a pas changé depuis.

- Pour être honnête, j'avais le cafard ce jour-là. Quand j'ai appris ce qu'on te faisait subir, j'ai hésité à démissionner.

- Et qu'est-ce qui t'as retenue ?

- Étrangement, c'est ton amie, Phi. Je suis allé lui rendre visite en prison peu après… et je me suis souvenu qu'au moins, elle, j'avais réussis à la sauver. Tout foutre en l'air n'était pas une solution, ça ne l'a jamais été.

- Au fait, elle va comment ? Demanda Karoline.

- Bien, elle serra sous protection dans pas longtemps. Mais, elle a dut vendre tous ses complices d'ALP pour s'en sortir. Enfin, si les contrebandier qu'on a arrêté ne sont pas des bouc-émissaires.

- Pourquoi vous continuez pas d'interroger Phi si vous pensez qu'elle vous a mentit ?

- Pour être honnête, je me suis rendu compte qu'elle me baratinais bien assez tôt. Mais, elle n'allais jamais parler de toute façon. Je ne voulais pas qu'elle subisse la même chose que toi.

- Je comprends. Merci de l'avoir protégé… Sinon, tu as un plan pour la suite ?

- Eh bien, non, pas vraiment… Mon objectif était de rentrer en contact avec toi sans être espionné par le FBI. Il va falloir qu'on prenne le temps de penser à tout ça ensemble.

Karoline s'affala sur sa chaise. Après quelques secondes de réflexions, elle répondit

- Pour commencer, j'ai besoin de confirmations sur cette histoire de vaccin.

- Je me suis déjà un peu renseigné sur la question. De ce que j'ai vu et entendu, ça se fait vraiment. Toutes les équipes du pays travaillent dessus. Une première version contre le virus indien devrais être testé à Miami dans les jours qui suivent. On verra comment ça évolue.

- Bien… Dans ce cas, je vais rester ici encore un peu… J'essaierais de profiter de mon temps pour réfléchir à un plan.

- Je pense que tu dois faire profil bas. Donc, ça me va… Bon, on va commencer l'interrogatoire.

- On serra enregistré, c'est ça ?

- Oui, essaie de prendre ton ton habituelle. Fait comme si on ne s'était pas parler avant.

- D'accord, je vais faire de mon mieux… Et, merci d'être là… Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

- T'en fait pas. On est dans le même bateau maintenant… Bon, allons-y.

Après leur session d'interrogatoire factice, Karoline et Felix repartirent chacun de leur côté.

Pendant les jours suivants, Karoline planifia dans sa tête un plan pour reprendre contact avec ALP.

Karoline ressentait une certaine excitation à l'approche de son deuxième entretient. Assise sur son canapé, la tête en l'air, elle pensa :

"J'ai hâte de le revoir ! Je ne sais pas trop pourquoi j'ai ce sentiment… C'est sûrement à force de me tourner les pouces. Il faut que le combat continue, et il est mon seul atout. J'espère qu'il est digne de confiance… sinon, je n'aurais qu'à faire parler mes pouvoirs…"

Quelques minutes plus-tard, Karoline fut appelée et emmenée dans la salle d'interrogatoire. À peine était-elle arrivé qu'elle demanda à Felix :

- Alors ? Il y a du nouveau ?

- Oui et non… Pour ce qui est de l'enquête, rien n'a vraiment bougé. Mais, il s'est passé quelque chose d'assez intéressant concernant les recherches. Le premier patient au monde viens d'être vacciner, avec succès.

- Ouais, j'en ait entendu parler à télé. Enfin, je n'ai pas vraiment accès à autre chose ici… et je n'ai pas trop pigée les détails.

- Eh bien, si j'en croit ce que j'ai lus, c'est grâce à une injection de plasma provenant de ton sang. Il y a des protéines uniques à l'intérieur qui auraient assez affaiblie le virus pour que le système immunitaire du patient prenne le dessus. Le but à long therme serrait d'utiliser ces molécules dans la création du vaccin. Mais pour recréer ces protéines artificiellement, ils ont besoin de plus d'échantillons pour des analyses… Donc, au final, tu vas devoir rester ici.

Karoline soupira.

- Je vais finir par vraiment me la couler douce si ça continue…

Felix, attentif, s'approcha d'elle et répondit :

- Karoline, je vois que ça ne va pas. Je sais que tu as du mal à supporter la satiation. Si tu veux en parler, je suis là.

- Oui, t'en fait pas. C'est juste que… je peux m'échapper, mais je suis obligé me retenir. À force, ça me rend folle de rester allongé dans un coin à attendre.

- J'ai vécu ça moi aussi. C'est frustrant, c'est vrai, mais c'est un mal nécessaire… Au fait, tu as réfléchis à un plan ?

- Oui, je sais ce qu'on va faire. Mais, avant ça, je dois m'assurer de quelque chose…

Soudainement, Karoline agrippa Felix par le col et le fit passer au-dessus de la table qui les séparait. Elle le plaqua au sol et le bloqua en se mettant sur lui. Les yeux gorgées de sang, elle le fixa du regard et hurla :

- Est-ce que tu es vraiment avec moi !?

Karoline avait fait de son mieux pour tenter d'intimider Felix. Néanmoins, ce dernier restait serein. Tandis qu'il était encore à terre, il répondit d'une voix douce :

- Tu es mon espoir. Je serais avec toi jusqu'en enfer.

Karoline se calma. Son regard se perdit sur la chemise froissée de Felix, sur sa cravate rebelle, sur ses cheveux agités par l'action et sur ses yeux d'émeraude qui sondaient son esprit. Dans un mouvement timide, elle se blottit contre lui. Karoline n'arrivait plus à se retenir. Elle l'embrassa, tout en relâchant avec tendresse son emprise. Felix se laissa faire. Il passa sa main dans les cheveux de la jeune femme, comme pour resserré leur étreinte.

Quelques secondes plus tard, ils se relevèrent, silencieux. Leur légère honte les faisaient rester à distance l'un de l'autre. L'instant d'après, Vivienne débarqua dans la salle et s'exclama :

- Qu'est-ce qui se passe ici !? C'était quoi ça ? On a tous étés paralysés pendant un instant !

Sans attendre, Felix répondit :

- Désolé ! Elle ne contrôle pas tout à fait cet aspect de ses pouvoirs. Ella a juste eu… un léger sursaut émotionnelle…

- Léger ? J'ai entendus crier !

- Oui, elle a perdu son calme durant un instant. Mais il ne s'est rien passé. Ne vous en faites pas.

Karoline restait dans un coin de la pièce, ne sachant pas trop quoi dire.

- Il faudra faire attention à ce que ça ne se reproduise pas… Je ne pourrais pas vous couvrir éternellement. Répondit Vivienne après un soupir.

- D'accord. Dites à vos hommes que tout est sous contrôle. Nous allons continuer l'interrogatoire.

- Je vois… Je vais vous laisser alors. Faites attention à vous, Young.

La superviseuse quitta la pièce. Felix retourna de son côté de la table et enchaina :

- Bon, on va essayer de couvrir ce petit incident… On aura qu'à dire que j'ai évoqué ta famille et que tu as perdu ton calme l'espace d'un instant.

- Felix… Je suis désolée… Je ne t'ai pas fait mal j'espère ?

- Ne t'excuse pas, je vais bien. C'était un risque nécessaire pour t'assurer de ma sincérité.

- Et sinon, ce qui s'est passé après, c'était quoi ? Murmura Karoline.

- N'en parlons pas. Nous avons des choses beaucoup plus importantes à gérer.

- Oui, tu as raison… Je pense qu'il est temps que je te parle de mon plan.

Felix remis en place le col de sa chemise et répondit :

- Je t'écoute.

- Tu es sûr qu'on est pas espionnés là ?

- Sûr et certain. Tu peux te lancer.

Karoline pris une profonde inspiration.

- Les contrebandiers que vous avez arrêtés. Ils ne sont pas d'ALP, comme tu t'en doutais.

- Oui, je vois ça, on a trouvé pas mal de choses les reliant à ce qu'il s'est passé à Vegas ou à la mairie. Mais la majorité des preuves étaient numériques, et aucun d'entre eux n'est parvenu à un aveu.

- La vraie division à laquelle j'appartiens a beaucoup plus de ressources que tu n'imagines. Trafiquer la vie de ces gangsters n'a pas été difficile pour eux.

- C'est exactement le genre de choses que me disait Phelps… murmura Felix.

- Mon plan est simple. Tu vas rentrer en contact avec eux pour leur délivrer mon signal. Il y aura des instructions assez précises. Tu risqueras peut être ta vie… Si tu acceptes de les rencontrer, tu rejoindras notre combat. Tu te penses prêt à ça ?

- Evidement !

- Très bien… Alors je vais tout te dire…

Une petite heure plus tard, Felix quitta la planque de Karoline et entra dans sa voiture. Une goutte de sueur au coin de la tempe, il agrippa son volant et s'exclama :

"Ok… Je vais le faire !"

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