Chapitre 40

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Vendredi 24 Mai 2047 - midi, deux heures avant le début du procès.

Centre-ville de Los Angeles.

Felix était au volant de sa voiture, conduisant en direction du tribunal. Il était accompagné de Vivienne, son ancienne collègue et amie :

- Merci du co-voiturage. Ça m'évite pas mal de galères… Même si tu braque toujours aussi brusquement que dans mes souvenirs.

- Tu n'arrêteras jamais avec ça.

- Il faut dire que c'est difficile d'oublier ce fossé que nous a fait visité grâce tes talents de pilote aguerri.

Amusé, Felix répondit amicalement :

- T'en fait pas, cette fois-ci le criminel est déjà capturé.

Après quelques secondes de silence, il repris :

- Et donc, c'est toi qui te chargeras de la sécurité du tribunal, c'est bien ça ?

- Oui, c'est l'occasion parfaite de faire mes preuves. C'est ma première mission pour le FBI, et ils veulent mettre le paquet… J'aurais au moins une trentaine de soldats d'élites à gérer, c'est pas rien tout de même.

- Aucune mesure de sécurité n'est de trop lorsqu'il s'agit de McBlue, crois-moi.

- Ouais, je vois ça. Ils ont réaménager une partie du tribunal. Tout ça pour qu'aucun public ne soit autorisé… Je trouve que ça fait beaucoup de moyens misent en place, pour un procès courut d'avance.

- C'est juste-là pour faire joli…. Prétendre qu'il y a eu un procès et que "justice" a été rendue. Mais, la réalité, c'est que la cellule de l'accusée est déjà prête à l'heure où nous parlons.

- Au fait, j'ai appris pour cette histoire de collier électrique. C'est fou d'en arriver à de tel extrêmes pour réussir à la tenir en laisse.

En entendant cela, Felix serra les dents et les répondit :

- Tu peux remercier les tordus DARPA pour ça. Ils ont des projets entiers simplement dédiés à Karoline. C'est inhumain…

- Ils étaient bien obligé de faire quelque chose. Faut dire qu'elle n'est pas normale tout de même.

- C'est vrai mais… Il y a certains traitements qui n'ont pas été infligées par obligation… et ça, je ne le supporte pas.

Vivienne soupira et regarda par la fenêtre. Elle contempla les enseignes en cendres, les abribus renversés et les tags peint à l'encre rouge. La ville toute entière criait pour la libération du Cauchemar.

- C'est fou… Même une fois arrêtée, elle continue de mettre nos rues en feu, à sa manière. Repris Vivienne.

- Ouais… En tout cas, heureusement que ma cellule d'enquête fait du mieux pour nous anonymisé.

- Au fait, comment ça se passe le FBI ? Tu joues dans la cours des grands maintenant.

- C'est… différent disons. Répondit Felix d'un ton morose.

- Ça n'a pas l'air de t'enchanté, de ce que j'ai compris. Qu'est-ce qui te chiffonne exactement ?

- Je ne tiens pas vraiment à en parler. De toute façon, tout est classé secret défense. Je ne pourrais rien dire, même à toi.

- Je vois… Pas de problèmes.

Peu de temps après, les deux agents arrivèrent à destination et partirent chacun de leur côté.

Lorsque l'heure du procès arriva, la majorité des sièges du tribunal étaient vides. Le publique était uniquement composé des inspecteurs de la cellule Arès, ainsi que certains membres importants du gouvernement.

Quand le juge demanda de faire entrer l'accusée, tous les spectateurs se tournèrent vers Karoline. Elle était escorté par une escouade toute entière. En plus de son collier étouffant, elle portait d'autres dispositifs électriques aux chevilles qui l'empêchait de s'enfuir. Ses bras, eux, étaient retenues par une camisole renforcée spécialement conçus pour elle.

Karoline pouvait voir tous les regard qui la dévisageaient, ils étaient remplis de peur et de mépris. À l'exception d'un. Il y avait un jeune homme avec un blouson brun, une barbe légère et quelques cernes. Ses yeux ne reflétaient que de la compassion et un peu tristesse.

"Qu'est-ce qu'il a celui-là ?..." Pensant Karoline en le remarquant.

On fit s'asseoir l'accusée à une table, seule, car elle n'avait pas souhaité avoir d'avocats. Le juge pris son épais marteau et tapa sur son bureau avant de prendre la parole :

- Commençons je vous prie… Ce procès opposera la Défense des Etats-Unis d'Amérique à Karoline McBlue. Cette dernière est accusé de violences multiples, de torture, de détournements de capitaux étrangers, de trouble à l'ordre publique et, enfin, de cent-soixante-dix homicides à de multiples degrés. Nous all…

Karoline coupa subitement la parole du juge avec un ton froid :

- Cent-quatre-vingt-deux.

Certains spectateurs eurent des sueurs froides en entendant ces paroles. Décontenancé, le juge rétorqua :

- Ne m'interrompez pas !

- Votre chiffre, il est incorrect. C'est cent-quatre-vingt-deux personnes que j'ai tués en tout.

Le juge tapa du marteau à de multiples reprises avant de continuer. S'en suivit une longue présentations par plusieurs personnes de toutes les preuves acculant Karoline. Cette dernière ne niait aucuns fait qui lui était reproché. Il lui arrivait même de rajouter des détails.

Quand vint son tour de s'exprimer, et de se défendre, Karoline se tourna vers le public et s'exclama :

- Vous pensez probablement que je ne suis qu'une folle et une meurtrière… Vous avez raison. Je suis l'un des nombreux fruits de l'horreur que vous avez semés au fils des années. Les dealers et les violeurs d'enfants sont protégés dans notre système. Des villes entières s'effondrent par la sécheresse et la pauvreté. Vous laissez vos semblables mourir et vivre dans un monde gangréné par le désespoir, sous le joug des corporations… Avez-vous gagné ? Serait-ce là la fin d'une guerre, ou de la première bataille ?... Quel que soit les réponses, le cycle ne s'arrêtera pas, c'est trop tard pour ça. Votre tour viendra.

L'avocat de la Défense se leva et rétorqua :

- Objection ! Votre honneur, il n'y a aucun rapport avec l'affaire en cours. Elle ne fait que proférer des menaces à l'encontre du publique.

- Objection accordée. Mme McBlue, veillez recentrer votre sujet. Vous sembliez plaider la folie que vous expli…

Karoline coupa la parole du juge une nouvelle fois en hurlant d'un ton sévère :

- Fermez-là vous-deux ! Vous êtes juste des clowns, on vous a mis là pour faire jolie. Foutez-moi en cellule qu'on en finisse !

Un vent de panique traversa la pièce. Les gardes s'affolèrent et se mirent à braquer la jeune femme avec leurs armes. Heureusement, la tension retomba rapidement. Après cela, le jury partit afin de délibérer du sort de Karoline. À leur retour, le verdict tomba, annoncé par le juge :

- Karoline McBlue, vous êtes considérée coupable de tous les faits qui vous sont reprochés. Vous êtes condamnée à la prison à perpétuité dans un établissent qui sera adapté à votre condition physique particulière. La sentence est irrévocable.

Impassible, Karoline se laissa emmener en dehors de la salle.

Felix quitta le tribunal avec un goût amer en bouche. Il n'adressa la parole à personne et se contenta de rentrer chez-lui, seul dans sa voiture.

"À quoi on pouvait bien s'attendre au final, à part à un fiasco ?... Toute cette histoire n'a été qu'une mascarade… On s'est aidé de cette enflure de Miller pour attraper Karoline… Je comprends de plus en plus pourquoi elle se bas. C'était peut-être la seule personne qui pouvait réellement changer les choses… Est-ce bien cette justice que j'ai envie de servir ? Celle qui ne regarde que les intérêts en jeu pour donner son jugement… Je les emmerde tous ! Que ce soit Miller, Phelps ou ce gouvernement corrompus !"

Les mains crispées sur le volant et les dents serrées, Felix fut éblouie par un reflet de soleil. Il s'agissait de son badge du FBI, accroché à la poitrine de son blouson posé sur le siège conducteur. Il reluisait comme la première fois qu'il l'avait reçus. En le voyant, Felix se calma.

Le jeune inspecteur soupira et se mis à contempler les montagnes californienne à l'horizon.

"En réalité, j'ai honte… honte de te revoir, Emilie. Qu'est-ce que tu dirais en voyant ce que ton frangin a fait de sa vie ?... Je laisse simplement les choses se faire, sans rien dire… Je ne suis qu'un incapable, impuissant…"

Felix rentra à son petit appartement. Il y descendit une vielle bouteille de whisky qu'il gardait depuis plusieurs années.

Une fois sa beuverie dépressive terminée, il s'appuya sur la baie vitrée de son salon et regarda la ville en contrebas. À cette heure-ci, les rues étaient bercées par un les rayons rougeâtres du crépuscules. Le souffle calme et les pensées silencieuses, il contempla ces étendues infinies de béton en attendant le sommeil.

Au même moment, une vielle femme aux teint caramel et au chignon de soie parcourait les couloirs son hôtel, vides. Elle s'imaginait avec un espoir futile que sa famille était encore là. Elle espérait finir par croiser ses feux filles au détour d'une pièce, en train de se bourrer la tête de rêves et de rires.

Un homme au crâne d'acier, lui, préférait rester dans le noir. Le cœur remplie d'incertitudes, il se repensait à tous ceux qu'il avait abandonnés.

Non loin de lui, un armurier usé par ses souvenirs tentait d'oublier ses remorts. Malgré ses efforts, il n'arrivait plus à revoir le pont écarlate qui l'avait vu naitre.

Une enfant, nait sous une lune de pauvreté, se blottissait sur un lit superposé. Désespérée, elle laissait ses boucles dorés frôler la paroi crasseuse de sa cellule.

Dans une autre prison, plus propre et matelassée, une jeune femme se laissait mourir avec calme. Elle était retenue par des liens invisibles. Assise au milieu d'un néant blanc et froid, elle vivant son propre cauchemar, le genre duquel on ne peut se réveillé.

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