Chapitre 28

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 Le surlendemain de l'attaque des quartiers fantômes, en début d'après-midi, Karoline se réveilla. L'utilisation intensive de ses pouvoirs l'avait tellement éreinté qu'elle du dormir une journée et demi pour s'en remettre.

Une fois levée, elle vida son frigo, s'habilla et sortie de sa suite cinq étoile. Elle traversait les couloirs de l'étage secret de l'hôtel, impatiente d'arriver au dojo où Phi l'attendait pour leur entrainement quotidien. Lorsque Karoline arriva dans la salle, souriante, elle remarqua que son amie n'était pas là. Elle se rendit alors dans les vestiaires en s'exclamant :

"Désolé du retard ! J'ai eu du mal à remettre de la dernière opération. Enfin bon, on devrait quand même avoir le temps de…"

Elle s'arrêta de parler, voyant que Phi n'était pas dans les vestiaires non plus. Il n'y avait même pas une seule de ses affaires.

"Mmhhhh… Elle n'est peut-être pas au courant que je suis à nouveau sur pied." Se dit-elle avant de sortir du dojo.

Karoline se rendit aux appartements de son amie, devant la porte portant le sigle philosophique :

"Phi, c'est moi, Karo. Je vais mieux, je me sens prête à reprendre l'entraînement." Dit-elle en toquant.

Il n'y eu aucune réponse.

"… Phi ? T'es là ?"

Personne n'ouvrit à Karoline. Cette dernière, pensant que son amie était simplement absente, fit demi-tour en direction du couloir. Après quelques secondes, elle entendit un légers bruit de porte derrière elle. Elle se retourna et vit son amie qui la fixait avec un regard noir. Sans dire un mot, Phi se rua vers elle et la frappa dans l'abdomen avec la paume de sa main. Karoline eu la respiration coupé par l'attaque, mais se laissa faire sans se défendre ni riposter.

- Qu'… Qu'est-ce qui t'arrive ? Demanda-t-elle, ayant du mal à prononcer des mots avec sa voix étouffée.

Phi lui répondit avec un autre coup, bien plus timide que le dernier.

- J'ai compr… compris, tu m'en veux pour quelque chose ? Tu n'as pas aimé ce que j'ai fait avant-hier… Cela peut se comprendre. Enchaina Karoline.

Phi arrêta de la frapper. Une larme à l'œil, elle murmura à son amie :

- Tais-toi … Juste, tais-toi…

Le silence régnait dans le couloir. Les deux femmes n'osèrent pas se regarder. Phi, après quelques hésitations, repris la parole :

- Pourquoi ? Pourquoi tu as voulus t'y prendre comme ça, en tuant tous ces gens !? Tu n'as pas conscience de toute ça ? Des répercussions de prendre une vie ?... Tu… Tu n'es vraiment pas celle que j'espérais.

- Phi… J'ai conscience de ce que je fais. Je sais que je ne suis qu'une pouriture… Je suis comme eux, une folle suivant aveuglément une voie que j'ai décidé de me tracer…

- Mais… Pourquoi ? … Pourquoi tu veux faire tout ça ? Je ne te comprends pas. Répondit Phi, attristé.

Karoline soupira.

- À vrai dire, j'ai commis des horreurs dans le passé, et les rattraper serrait impossible… Quitte à n'avoir plus rien à perdre, j'aimerais changer le monde, le rendre plus vivable. Je veux tout donner dans ce combat.

- Mais pourquoi ne pas faire cela plus normalement, en évitant les meurtres inutiles ?

- Ce n'est pas une question d'avoir le choix ou pas… C'est juste que… Quand on a vus ou fait certaines choses, il n'y a pas de retour arrière. Je suis prête à tuer, et à recommencer autant de fois que nécessaire, si cela peut empêcher des innocents de souffrir. Je ne cherche pas à faire ce qui est bien, ou à contenter la majorité. J'essaie juste de… mettre un coup de pied dans la fourmilière, briser un cycle quitte à prendre le risque d'en entrainer un nouveau. Depuis la dernière opération, plus je regarde Zêta, plus j'ai l'impression que lui aussi est comme ça. Il a l'air de me comprendre, à sa façon, même s'il ne l'exprime pas.

- Oui, il est un peu comme ça, tu as raison. Je sais que les ordures du clan Araki et des Cuervos ne sont pas à pleurés… Mais ce qui me glace le sang, c'est qu'en te voyant, j'ai l'impression que tuer de la sorte te procure du plaisir. Avoue le ! Au fond de toi, tu aimes ça, et c'est ce qui te différencie de Zêta.

- La première personne que j'ai vu mourir de ma main, c'était ma sœur… À l'explosion de Whittier, c'était moi comme tu le sais.

Phi eu le souffle coupé en entendant ces mots. Karoline continua, le regard perçant de regrets.

- Je revois encore chacune de ses plaies. Malgré son corps brûlé, elle continuait à me sourire et à me montrer son amour… Chaque fois que je prends une vie, je revois ce visage qui me hante… Elle était tout ce que j'avais de plus précieux… Accident ou pas, c'est mon égoïsme qui l'a tué. Quand j'ai découvert mes pouvoirs, elle a été la seule à penser qu'ils pouvaient aider autrui. Moi, je ne faisais que sangloté en me morfondant sur mon sort. Elle a continué à être là pour moi, à mes côtés et à me soutenir… jusqu'à son dernier soupir.

Phi compatissait pour son amie. Elle eut du mal à trouver les mots pour s'excuser.

- Karoline… Je… Je ne savais pas tout ça… Désolé de m'être emporter, je me suis tromper sur toute la ligne… Désolé…

- Phi, ce n'est rien… Répondit Karoline avec une voix réconfortante.

- Et, du coup, c'est pour ça que tu veux aider les gens ? Tu te bas parce que c'est ce qu'elle aurait voulue ?

- Au début, oui, je le faisait pour elle… Mais, depuis que je vous ait rejoins à ALP, c'est devenue de plus en plus une conviction personnelle.

- Merci… tu as été sincère avec moi… Je pense que c'est à mon tour de t'en dévoilé un peu plus.

Karoline, se souvenant ce qu'Epsilon lui a dit sur le toit quelques jours plutôt, répondit à son amie :

- Si cela te tient à cœur, je t'écoute. Mais sache que tu n'es nullement obligé. Je ne veux te forcer à rien.

- Ne t'en fais pas. J'y tiens. Ça nous permettra peut-être de mieux nous comprendre…

Après un léger soupir, Phi repris :

"Mon vrai nom c'est… Saphir… Saphir Baker… D'aussi loin que je me souvienne, j'ai vécu à Santa Ana, dans un quartier sale avec ma mère. On était seules toutes les deux, et sa maladie ne l'aidait pas vraiment à s'occuper de moi. Elle… avait beaucoup de mal à bouger et à respirer. Ça ne faisait que s'aggravé avec le temps… La première fois que j'ai volé dans un marché pour ne pas mourir de faim, je me suis sentit fière. Pour une fois, je pouvais relâcher un peu la pression que ma mère avait sur ses épaules… Je ne sais pas si c'était grâce à mon jeune âge, ou à ma situation qui ne me laissait pas le choix, mais je suis rapidement devenue très bonne à cela…"

Phi croisa lentement ses bras. Elle caressait inconsciemment son épaule gauche tandis que son regarde semblait se perdre dans les souvenirs. La gorge serrée, elle reprit :

"Ma mère est… décédée, lorsque j'avais quatorze-ans ans…"

Karoline ne dit pas un mot, attristée. Elle écoutait avec attention son amie.

"Après sa mort… J'ai eu la chance d'être recueillis par un ami. Il était à peine plus âgé que moi, mais il semblait très bien se débrouiller tout seul dans la rue. On a vite finit par monter une petite bande voleur… On était une poignée de gamins qui se serraient les coudes. Bref, c'était probablement les meilleures années de ma vie… Je ne saurais même pas te dire combien de maison on a cambriolé. J'étais la meilleure du groupe, je ne me faisait jamais prendre. Parfois, quand je ramenais toute seul de quoi nous faire vivre pour des mois, ils m'acclamaient avec joie…"

Les mains de Phi se crispèrent légèrement. Son souffle s'alourdis tandis qu'elle continuait son récit :

"Un jour, on a voulus faire un gros coup… J'avais encore dix-sept ans et c'est de moi que l'idée était venue. Je projetait de cambrioler la cache d'un gang local. Je savais que c'était dangereux, mais je me disait que ça nous permettrait de faire une pause. On n'aurait plus eu besoin de voler quoi que ce soit pendant des années si ça marchait… Et tout le monde m'a suivi, aveuglément, parce qu'ils croyaient en moi. La sécurité là-bas semblait tellement pourrie qu'on était sûre de nous… Le jour venu, on a réussis avec brio… Mais c'était bien là le problème. Le gang avait vraiment mal pris le fait de se faire voler. Ils pensaient que c'était une bande rivale qui avait fait le coup, ça les a rendus furieux. Ils nous ont très vite retrouvé quelques temps tard, aucun de nous n'était au courant de la situation… C'était… horrible. Ils ont débarqué dans notre petit repère au milieu de la nuit pour nous enlever. Aucun n'a réussis à leur échapper… Après, ils nous ont emmener dans le désert pour nous interroger… Quand ils ont vu qu'on avait rien à voir avec leur rivales, ils ont demandé qui était le responsable de cette affaire… À ce moment, j'ai pris mon courage à deux mains et… je me suis désigné… Aussitôt, ils ont abattu tous mes amis… de sang-froid, des gosses de rues, menottés et sans défense…"

Les bras de Phi se serrèrent un peu plus autour de son ventre et de sa poitrine, ses cuisses commençaient à trembler discrètement.

"A… Après, ils m'ont ramené en ville… J'ai été séquestré durant plusieurs semaines… Ça paraissait interminable… Je… Pendant tout ce temps, ils se sont servis de moi comme… comme un objet, un vulgaire objet qu'on…

Soudainement, Phi sursauta. Elle venait de sentir l'étreinte de Karoline qui l'avait pris dans ses bras. Ses mèches dorées frottaient délicatement contre le pull de son amie, cela la réconfortait. Phi pris une profonde inspiration et continua.

"Finalement, c'est une guerre de territoire qui m'a permis d'avoir l'opportunité de m'échapper de cet enfer. Celle-là même que j'avais créé par accident… Une fois sortie d'affaire, j'ai erré dans la rue pendant des jours… Je ne savais plus quoi faire. Je n'avais plus rien, plus de famille, plus d'amis… plus personne pour qui je comptais… Mais un jour, j'ai croisé un vielle femme, c'était Mu. Elle portait exactement le même mentaux que maintenant… blanc, soyeux et ornée de toute part. J'ai tout de suite penser à lui piquer son portefeuille. Elle n'avait aucun garde et semblait totalement perdue… Donc, je me suis approcher d'elle et j'ai fait ce dans quoi j'étais la meilleure. Pensant qu'elle n'avait rien remarquer, je suis parti avec ses affaires…. Mais, quelques rues plus loin, je l'ai recroisé. Elle semblait être en train de m'attendre, comme si elle avait tout prévu. C'est là qu'elle s'est avancé vers moi et m'a dit que je pouvais garder son portefeuille. Après, elle s'est retourné, et est partie comme si de rien n'était…"

Phi recula légèrement des bras de Karoline, elle se sentait mieux. Son amie la regardait, toujours aussi attentive à son récit.

"À ce moment-là, je sais pas trop ce qui m'avait pris, mais je l'ai rattraper pour lui redonner ce que je lui avait piquer. Je me souviendrais toujours de ce qu'elle m'a dit quand elle s'est retourner 'Dis-moi, voudrais-tu trôner au-dessus des lumières étincelantes de cette ville ? Si oui, viens avec moi, je t'offrirais un toit sous-lequel tu pourras vivre'… Je ne savais pas trop si je pouvais lui faire confiance, mais en dépit de ma situation, j'ai accepté… Pendant des mois, elle m'a logé dans les plus belles suites de l'hôtel. Elle s'est occuper de moi, personnellement, comme une vraie mère. Il y avait aussi un homme qui venait souvent me voir avec elle, c'était Zêta. On passait des heures à parler ensemble. Parfois, il me faisait des cours et m'apprenait des choses sur ce monde que je n'avais fait qu'effleurer… Un jour, Mu était venu me voir pour me demander ce que cela me faisait d'avoir gagné un tel luxe de vie. Avec honnêteté, je lui ait répondus que je me sentais coupable, que j'aurais aimé que mes anciens amis soient là pour en profiter, plus que tout au monde. C'est là qu'elle s'est tourné vers la baie vitrée, et qu'elle m'a dit 'Sache que tu ne trône pas encore au-dessus des lumières étincelantes de cette ville. Si tu le souhaites, je peux te montrer comment aller plus haut, comment aider les gens qui en ont besoin'… Je ne le savais pas à ce moment-là, mais j'étais sur le point de rejoindre ALP et ma vie allait complètement changer… Depuis le jour de notre rencontre, elle avait tout compris sur moi, sur mes aptitudes et avait parfaitement cernée ma personnalité… Elle savait que je ne pouvais qu'accepter de rejoindre son combat, que c'était ce dont j'avais besoin au fond de moi… Je ne leur serrait jamais assez reconnaissante, à elle et à Zêta, pour tout cela… La voilà, la raison pour laquelle je me bats."

Karoline posa ses mains sur les épaules de Phi et lui murmura :

- Saphir… je t'admire, sache-le.

She's a moonchild. Sitting above the sparkling lights of a city.

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