Chapitre 23

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Jeudi 18 avril - 18 h, la même journée.

Siège du FBI, Los Angeles.

 Dans une salle d'interrogatoire à la luminosité étouffante, Felix était avec une vielle femme. L'inspecteur avait pris son aise en retirant sa veste, il semblait décontracté.

- Mme Fenhil, je suppose que vous savez pourquoi vous êtes ici.

- Oui… Et dire que ce monstre a été derrière ma caisse pendant toutes ces semaines…

- Aucune charge ne serra déposer contre vous, je vous l'assure. Nous voulons simplement votre témoignage. Commencez par me raconter précisément l'histoire de votre rencontre avec Karoline McBlue.

La femme soupira, détourna son regard vers le plafond et répondit :

- C'était il n'y a pas si longtemps, en plein mois de mars. Je ne me souviens plus de la date précisément… Mais on était mardi, ça j'en suis sûre. Le camion de livraison venait à peine de partir lorsqu'elle est entré dans la supérette… Elle… Elle faisait mine de regarder les produits, mais je voyais bien qu'elle n'avait aucune intentions d'acheter. Au début, je me méfiait, je me disais que c'était peut-être une voleuse… Après quelques minutes, elle est venue me voir à la caisse. Elle m'a regarder et m'a simplement dit qu'elle avait vu l'affiche à l'entrée du magasin, comme quoi je cherchais quelqu'un pour m'aider à tenir cet endroit…

- Et ensuite ?

- La suite n'est pas bien compliqué. Après avoir discuté quelques minutes, je l'ai embaucher et elle a accepté la modeste paie que je pouvais lui donner chaque mois.

Intrigué, Felix bus une gorgée de café et enchaina :

- Dites-moi… Que pensiez-vous de cette femme ? Avait-t-elle des traits de caractères particuliers ?

- Ce n'est pas le genre de question auxquelles j'aurais crus répondre mais… Oui, elle était très silencieuse sur sa personne. Elle ne parlais jamais d'elle et se contentais de travailler au mieux. Une chose est sûre, elle détestait tenir la caisse et préférait les taches plus physiques. Mais quand bien même, je ne me posais pas trop de questions à son sujet… Ça non… Par contre, tout a changé le jour de son départ.

- Soyez précises et racontez moi ça. Prenez le temps de tout me dire sans n'omettre aucuns détails.

- C'était il y a peine une semaine… le dix si je ne trompe pas. Je m'en souviens très bien tellement c'était irréel. Ce jour-là, elle tenait la caisse et s'est faite braquée. J'étais juste à côté, en train d'assister à la scène. Natalia… enfin, Karoline n'avait même pas peur avec une arme pointer sur le crâne. Elle s'amusait même à se moquer du braqueur, comme si elle voulait le déstabilisé. Et ça marcher ! Le type a fini par pété un câble et par lui raconter son histoire. Je n'ai jamais vu ça de ma vie… Il s'avérait que le gars en question avait simplement besoin d'un peu d'argent. Alors Karoline a décidé de démissionner pour lui laisser de la place. Je sentais depuis longtemps qu'elle n'allais pas rester mais là…

- Et donc ? Comment ça s'est finit ?

- J'avais fait mine d'accepter pour calmer le jeu, mais au final je l'ai vraiment fait. Personne d'autre n'aurait postuler avant un bon moment de toute façon… Heureusement que Phillipe est un bon gars, c'est toujours ça… Mais, il y a un détail qui me perturbe quand je repense à cette histoire avec le recul.

- Je vous écoute.

Mme Fenhil dégluti, visiblement perturbé par quelque chose. Elle continua après un léger silence :

- Ce n'est pas un élément précis mais plus un ressentiment… Quand on s'est fait braqué, j'avais peur, même si je faisais de mon mieux pour me contenir. Enfaite, ce malaise que j'avais, ce sentiment de danger imminent… C'était uniquement quand Karoline parlait. Et, c'est quand elle est partie que je me suis mieux… C'est très étrange mais ça devient de plus en plus intense dans mes souvenir depuis quelques jours.

- Vu ce qu'elle a fait juste après avoir quitté votre supérette, je pense que ce ressentit était le bon.

- Oui… On peut dire ça… Et dire qu'elle vient tout juste de s'attaqué à la mairie.

- Ne vous en faites pas pour ça. La situation est revenue sous contrôle et aucune victime n'est à déplorer.

Felix se leva avec sa tasse à moitié vide en main et enchaina :

- Merci pour vos réponses. Nous en avons finis. Passez une bonne journée.

Après l'interrogatoire, Felix se dirigea vers son bureau, traversants les vastes étages du bâtiment avec un regard pensif.

"Cette histoire est étrange. Pourquoi une personne sur le point de déclarer la guerre aux Yakuza aurait passer son temps à travailler dans une supérette ? Rien ne semble coller. Je pense que tout cela n'était pas prémédité de la part de Karoline. Elle serrait impulsive, ce qui la rend encore plus dangereuse au vu de sa force… Son apparition à la mairie cette après-midi ne correspond pas du tout à son mode opératoire. Pour la première fois, tout semblait parfaitement calculé… Et puis, elle n'a laisser aucun cadavre sur son passage…"

Lorsqu'il arriva, Felix alluma instantanément son ordinateur et commença à éplucher les rapports. Il pris également la peine de regarder tous les enregistrement fait de Karoline ce jour-ci. Il analysa même les vidéos floues et saccadés prises au téléphone depuis la foule de manifestant.

Après que le soleil eut passé sous l'horizon, il s'allongea sur le dossier de sa chaise et commença à réfléchir.

"Deux choses sont certaines désormais. Premièrement, Karoline a volontairement voulus ne faire aucune victime. Elle ne se bas vraiment pas comme elle le faisait avec les Cuervos ou les Yakuza. Deuxièmement, si on avait des doutes quant au fait qu'elle agissait seul, là, plus aucune question n'est permise. Elle a forcément été aidé. Des rapports d'incidents parlent de problèmes techniques, d'intrusions dans le commissariat et même de sabotage."

Felix se redressa vers son écran holographique pour feuilleter des dossiers. Il continua sa réflexion peu après.

"Une telle opération requiert un équipement de pointe et des professionnels. J'ai bien l'impression que Karoline est passée à la vitesse supérieur. Mais quelle était leur objectif ?... Qui dans cette ville serrait capable de s'attaquer aux gangs, à la police et à Miller en même temps ?... La seule piste qui me vient en tête est ALP. Mais ça me paraitrait un peu surréaliste… Enfin, quoi qu'il en soit, on ne sait pas grand-chose sur eux, donc ce n'est pas une idée à écarter

Allan Phelps, l'inspecteur en cheffe, entra dans la grande salle dédié à sa cellule d'enquête, deux cafés à la main. Après avoir zigzagué atours des quelques bureaux qui meublaient l'endroit, il arriva derrière celui Felix.

- Impressionnant, n'est-ce pas Young ?

- Oui… On peut même dire que ça fait froid dans le dos. On dirait qu'elle a la force d'une centaine d'hommes et, plus important encore, qu'elle est bien entourée.

- En effet… D'ailleurs, je pense savoir qui sont ces nouveaux amis.

Phelps posa l'un des gobelet qu'il avait en main sur le bureau de Felix. Ce dernier acquiesça silencieusement, comme pour le remercier, avant de répondre :

- Des "nouveaux amis" hein… Dites-moi tout.

Le vieil inspecteur poussa un soupir et s'accouda sur le mur à côté de lui. Après un court silence, il pris la parole.

- Durant ma carrière, j'ai longtemps couru après des criminels invisibles. Des vrais fantômes, le genre qui ne laissent aucune trace, qui prévoient toujours vos actions avec un coup d'avance… Il y a certaines affaires que je n'ai tout simplement pas résolues et qui ne le seront probablement jamais. Bien que cela fut très rare, j'ai acquis la conviction au fil du temps que ces fantômes n'étaient autres qu'ALP. Ne serait-ce que par les répercussions de leur action, leur méthode, leur professionnalisme, leur organisation… Depuis que j'ai réussi à intégrer le FBI, cette conviction n'a cessé de grandir. Il y a… certaines choses que je sais sur cette organisation. Peu de gens en sont au courant et je peux vous dire que beaucoup font l'erreur de les sous-estimer.

- Et vous allez me dire que les méthodes utilisées à la mairie correspondent parfaitement à leur modèle ?

- Exactement, la question reste à savoir : qu'est-ce que veut ALP précisément en collaborant avec McBlue ? Je suis quasiment sûre que cela est lié au maire de prêt ou de loin.

Felix leva la tête, l'air pensif et répondit :

- En y réfléchissant, je pense que ce n'est pas une si mauvaise chose. Cela signifie au moins que Karoline n'est pas une simple tueuse machinale, qu'elle est capable de se contrôler. La situation aurait pu être bien pire au vus de l'étendue potentiel de ses capacités.

- Une simple tueuse suicidaire aurait été facile à retrouver, ça nous aurait grandement facilité la tâche. Là, ça commence à atteindre des proportions inattendues.

- Vous avez peut-être raison. Mais quoi qu'il en soit, nous en savons désormais plus sur elle et nous commençons à avoir des pistes sur ses intentions. C'est le plus important selon moi si on veut l'arrêter.

Une voix grave se fit entendre derrière les deux homme.

- Je peux vous affirmer que vous êtes loin de la vérité, monsieur Young.

Felix et Phelps se retournèrent et constatèrent qu'il s'agissait de Francis Erra, le secrétaire de la Défense. S'étant déjà immiscer dans la conversion, ce dernier repris juste après :

- Voyez-vous, je connais également bien ALP et je peux vous affirmer qu'il ne s'agit que d'une opération test. Ces rats anarchiques sont tombés sur un nouveau joujou et on voulus voir comment il pourrait les aidés à servir leur idéaux… McBlue n'est qu'une tueuse sanguinaire, rappelez-vous ce qu'elle a fait à sa famille lors de l'incident de l'ancien Whittier. Car oui, il s'agissait bien d'elle derrière cette sombre affaire. Ce jour-là, des policiers et des civils sont mort et Karoline y a probablement perdu la raison. Nous ne cherchons pas à comprendre une démente. Nous n'avons pas besoin de cela, ce n'est qu'un pantin de plus pour ALP. Mais son unicité et sa dangerosité nous oblige à courir après elle.

L'inspecteur en cheffe acquiesça les propos d'Erra en répondant :

- Difficile de chercher des convictions à pareille monstre, vous avez raison. Nous devrions d'avantage nous concentrer sur les recherches au lieu de se perde autant dans la spéculation.

Felix se contenta de fixer le gobelet qu'il avait en main, septique mais silencieux.

- Qu'en pensez-vous, Young ? Demanda Erra.

- Je dirais que… Il faut la stopper au plus vite. On a effectivement pas le temps avec tout ça, surtout si ALP est impliqué.

- Ne vous en faites pas, nous finirons tôt au tard par arrêter Chloé. Enchaîna Erra.

- Chloé ? De qui vous parlez ? Répondit Felix, confus.

- Non, pas Chloé, Karoline. Veillez m'excuser, je manque cruellement de repos depuis les derniers jours. Le jet lag depuis Washington ne m'a pas épargné avec toutes les réunions que je dois subir.

Compréhensif, Phelps répondit :

- Il n'y a pas problème Mr. Erra, nous nous chargeons de la suite de l'enquête. Ne vous en faites pas

- Bien, je vous fais confiance, inspecteurs. Termina le secrétaire de la Défense avant de partir.

Quelques secondes plus-tard, une femme se leva de son bureau à l'autre bout de la pièce et alla voir les deux hommes.

- Mr Phelps, j'ai retrouvé l'endroit depuis lequel le sabotage du réseau de commissariat a été fait. Les policiers qui avaient croisé la route de l'intrus viennent pratiquement tous de se réveillé et son prêts à se faire interroger.

- Bon travail ! … Young, puisque vous semblez en avoir fini avec votre affaire de supérette, vous vous en chargerez. Je veux votre rapport pour ce lundi au plus-tard.

Felix bus à coup sec son café avant de se lever, de prendre sa veste et de répondre sur un ton presque morose :

- Je m'y mets tout de suite.

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