Chapitre 7

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Karoline venait d'observer sa tendre sœur rendre son dernier souffle. Tremblante, elle passa délicatement sa main sur son visage afin de lui fermer les paupières. Tandis qu'elle sanglotait en silence, elle reposa lentement ce cors sans vie au sol.

- Emma… Je t'aimerais toujours. Dit-elle en guide d'épitaphe éphémère.

Suite à cela, Karoline se leva, le poing serré, puis se retourna et marcha quelques mètres avant de s'écrouler au sol. La jeune femme cria de douleur. Elle pleurait, se maudissait, se tapait la tête contre le sol. Tout cela pour tenter de supporter cette peine qui lui était insupportable.

Soudainement, des sirènes de polices se firent entendre au loin. Karoline décida alors de fuir. Elle se leva et courut sans s'arrêter, une nouvelle fois. Elle n'avait pas réellement d'objectif en tête à ce moment-là. Elle voulait simplement partir loin. Une petite heure plus tard, elle finit par tomber sur une vielle gare ferroviaire dans laquelle se trouvait un train de marchandise vide qui s'apprêtait à partir. Elle se faufila ainsi dans l'un des wagons en brisant, à mains nues, la barre de métal qui servait de verrou.

Une fois à l'intérieur de cette sombre cage en acier, Karoline se mis en boule dans un coin. Le train démarra juste après.

Plus rien ne traversait l'esprit de Karoline. La pauvre femme était encore sous le choc, ayant du mal à réaliser ce qu'il venait de se passer. C'est ainsi que, dans son cœur, le chamboulement infernal de toutes ces émotions avait cédé sa place au néant. Étrangement, ce vide lui paraissait familier.

Bercée par le grincement des rails, Karoline ferma les yeux. Elle s'endormis profondément quelques minutes plus tard, plus fatigué qu'elle ne l'a jamais été.

Karoline réouvrit les yeux le lendemain matin, tandis que les premières lueurs du soleil matinal s'invitaient dans le wagon. Elle se remémora alors les événements de la veille. Le train, lui, continuait de filer à toute allure.

"Emma… Papa… Pourquoi vous ? J'espère au moins que Maman n'était pas encore rentré à la maison au moment où tout ça c'est passer…"

Karoline se remit en boule. Elle commençait ressentir un terrible effroi.

"Qu'est-ce que j'ai fait… Je suis un monstre. Tout cela est arrivé à cause de moi, à cause de ces foutus pouvoirs ! Je n'ai plus rien à présent. Je suis tellement perdue…"

Karoline releva ensuite la tête. Elle aperçut alors au fond du wagon un morceau de la barre métallique qu'elle avait brisé la veille. Ce qui attira tout particulièrement son attention, était la manière avec laquelle elle était coupée. Car l'extrémité fendue semblait former une sorte de courte lame tranchante.

"Pourquoi ne pas en finir avec tout ça maintenant ?…"

Karoline se leva, ramassa la barre, puis retourna à sa place. Après un moment d'hésitation, elle prit une grande inspiration et tenta de trancher les veines de son poignet droit à l'aide de sa lame de fortune.

Le sang coulait abondamment de ses veines coupées. Elle reposa ensuite lentement sa tête contre la paroi froide du wagon et ferma les yeux en attendant la mort.

"C'est fini maintenant, tout va bien aller."

Quelques secondes plus-tard, la douleur de la blessure avait disparue. Karoline pensait au début qu'elle perdait simplement connaissance. Néanmoins, elle ne sentait plus le sang couler le long de sa main. Elle réouvrit alors les yeux et regarda son poignet : la coupure était totalement soignée et avait même cicatrisée.

Karoline, perplexe, repris la barre métallique en main et trancha à nouveau sa veine d'un coup sec.

Mais quelle ne fut pas sa stupeur, lorsqu'elle vit, de ses yeux, sa blessure se refermer en quelques secondes à peine. Son visage se crispa, elle sentait une énorme frustration, elle qui ne voulait que mourir. Karoline s'infligea à nouveau une entaille plus profonde et qui se soigna plus rapidement que la précédente. Elle commença alors à perdre la raison et retrancha ses veine encore et encore dans une sorte de folie suicidaire.

Au bout d'un moment, une pulsion de désespoir la poussa à enfoncer profondément la barre dans son poignet, le traversant de part en part. Karoline poussa un cri de douleur atroce. Son bras, sanglant, était traversé de violents spasmes. Elle restait immobile, tremblante, regardant fixement sa blessure, espérant de tout cœur qu'elle ne se soigne pas.

C'est alors que ses yeux s'écarquillèrent. Car elle venait de s'apercevoir que les extrémités de la barre en métal fondaient au contact de sa chaire. Sa lame de fortune se brisa en deux peu après avant de retombé au sol, fumante. Sa blessure, quant à elle, se referma dans le sillon de son passage.

Karoline n'en revenait pas, en plus de sa force surhumaine, elle avait une capacité de régénération incroyable.

Soudainement, le train s'arrêta. Le freinage fut si brutal que Karoline fut propulsée à l'autre bout du wagon. Elle se releva quelques secondes après, légèrement sonnée, tandis qu'elle entendait des coups de feu à l'extérieur. Cela ressemblait fortement à une attaque de pillard. Karoline en avait déjà entendue parler par le passé.

Depuis les années 2030, de nombreux groupes paramilitaires ont vu le jour sur le continent nord-Américain. Ces derniers, reclus de la société, survivent aux crises en s'attaquant à divers types de convois. Ce jour-là, un système de défense automatique protégeait le train dans lequel se trouvait Karoline. Malheureusement, cela ne semblait pas suffire.

Une petite minute plus tard, les coups de feus cessèrent. Karoline entendit ensuite les pillards ouvrir les wagons, uns à uns. Elle décida de rester là où elle était, calme, en entendant d'être découverte.

- On s'est fait avoir chef ! Le train est quasiment vide ! Cria l'un d'entre eux.

Une voix, qui semblait être celle de leur chef, lui répondit d'un air confiant :

- Finissons les fouilles et partons d'ici au plus vite ! On a de la chance au moins que tout se soit passé comme prévu jusqu'ici. La police et l'armée ne devraient pas arriver de sitôt, donc prenez tout ce que vous pouvez.

Juste après, Karoline entendit un des pillards s'approcher du wagon dans lequel elle se trouvait.

- Le verrou de celui-là a déjà été forcé ! S'exclama l'homme en question.

- Ouvre-le, j'arrive ! Répondit le chef.

Le pillard s'exécuta. En ouvrant les portes du wagon, ce dernier découvrit une jeune femme aux cheveux couleur feu. Elle semblait totalement sereine, assise non loin d'une épaisse flaque de sang. Par réflexe, il braqua son fusil semi-automatique sur elle et s'exclama :

- Il y a des survivants !

À ce moment-là, Karoline se sentait libérée. Elle allait finalement pouvoir trouver sa mort. La scène se passait au ralentit sous ses yeux. Tout en confrontant le regard déterminé du pillard, elle était capable de sentir la pression de son doigt sur la détente de son arme… Néanmoins, cela lui faisait repenser au policier de la veille, à son père et à sa sœur, tous mort de sa main.

Karoline serra les dents, ses yeux s'injectèrent de sang. La rage s'empara à nouveau d'elle, sans qu'elle ne puisse la contrôler.

Soudainement, Karoline se jeta sur l'homme en face d'elle et le réduit en charpie d'un simple coup de pied. En sortant, elle constata qu'elle se trouvait au milieu d'une forêt de sapins enneigées. Étrangement, alors qu'elle ne portait qu'un t-shirt déchiré un jean dans ce froid glaciale, elle n'avait pas froid. Karoline ne ressentait également aucune peur, en dépit de la dizaine de canons braqués sur elle.

À ce moment-là, elle ne ressentait en réalité qu'une seule chose : l'envie de tuer. Elle esquissa alors un sourire malsain en fixant du regard ses prochaines victimes.

Malgré leur équipements et leur nombre, les pillards se firent massacrés. Car, devant eux, se dressait un monstre sans pitié que même les balles ne semblaient pas faire plié. Les derniers survivants n'eurent même pas le temps d'envisager la fuite avant de mourir. Seul le silence et les flammes régnèrent à la fin de ce bain de sang.

La jeune orpheline, debout au milieu de cet enfer qu'elle avait créé, marcha ensuite en directement de la foret de sapin. Elle s'y engouffra d'un pas lent tandis que sa respiration devenait de plus en plus lourde. Au bout d'une dizaine de minutes, Karoline s'écroula dans la neige et s'évanoui, complètement à bout de force.

à suivre...

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