Chapitre 12 : Des réponses

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— Gaby ?

— La ferme.

— Où est Gaby ?

— Tu vas la fermer, oui ? Comment ça se fait qu’il parle, ce truc ?

— J’sais pas… J’espère qu’ils l’ont pas trafiqué. D’après Carlin, on peut pas les réinitialiser. En même temps, c’est assez logique.

**

— Non, Alan, ne partez pas ! On doit pouvoir trouver une solution !

— C’est fini, Gabrielle. Fini.

— Que vont-ils lui faire ?

**

— Le client arrive quand pour le transfert ?

— Dans trois jours… C’est un sacré veinard ! Qu’est-ce que je donnerai pas pour faire comme lui !

— Quinze millions…

— Si seulement je les avais.

**

— C’est ridicule. Et impossible ! Physiquement, physiologiquement, philosophiquement. Impossible !

— Pourtant…

**

— Gaby dit : « ne laisse personne te toucher si tu ne le veux pas ».

— C’est vrai qu’il est pas mal. C’est le genre de mec qui plait aux filles, non ?

— Je ne veux pas.

— Je me demande comme il est foutu, par là…

— Je ne veux pas.

— À mon avis, ils ont pas lésiné sur la marchandise, hein ! Moi j’en aurais demandé une énorme, enfin…

— On l’aurait moulée sur la mienne !

— Ahah ! T’es con !

**

— Je peux comprendre que l’on puisse copier un cerveau. Ses connaissances, ses souvenirs, même ses compétences. Mais vous ne pouvez pas transférer la conscience ! Elle est… rattachée au corps. Enfin, je ne sais pas. Ce sera une copie, jamais l’individu.

**

— Je ne veux pas.

— Y a pas moyen de le faire taire ? On peut pas l’endormir ?

— Non, ils dorment pas avant le transfert, ça leur sert à rien. Mais tiens, t’as qu’à le bâillonner.

**

— Et puis, pourquoi faire ?

— Un corps qui ne vieillit pas, ne ressent pas la douleur, ne se fatigue jamais. N’est limité par aucune contrainte biologique. Une vie sans fin dans un corps parfait.

— Sans souffrance aucune ? Quelle folie !

— Vous refuseriez une telle vie ?

— Oui. La souffrance apprend l’empathie, le respect de l’autre. Je ne me sentirais pas vivante, sans souffrance.

**

— Hey ! Le gus ! Viens par là.

— Pourquoi ?

— Parce que j’te l’dis, et que ça devrait amplement te suffire ! Putain... Encore heureux qu’ils ne soient pas tous comme lui… Déshabille-le, on va vérifier qu’il est intact. Lève les bras, Machin !

— Je suis John.

— Ahah ! Il m’fait rire ce con !

**

— Vous ne pouvez pas lui faire ça !

— Moi ? Je ne risque pas. Je ne travaille plus pour eux. Celui-ci devait être mon dernier, mais…

— Votre dernier ? Mais… Combien ?

— Une vingtaine, peut-être plus. Le carnet de commandes est plein, malgré le tarif.

— Pourquoi n’en ai-je jamais entendu parler ?

— Ah, ça… Il faut croire que la vie éternelle n'est réservée qu'à quelques uns. Quelle serait la réaction du commun, face à cette possibilité ?

— Du commun ? Vous êtes d’un cynisme…

— Ce ne sont pas mes mots, ni mes pensées ; seulement ceux de mon employeur. Enfin, mon ex-employeur.

**

— Tu sais qui l’a piqué ? C’est ce pignouf de Klein !

— Sérieux ? Et il voulait en faire quoi ?

— Bah, à ton avis…

— Il aurait pu faire ça de chez lui ? Je croyais qu’il fallait la machine…

— C’est lui qui l’a conçue, je suppose qu’il pouvait contourner le problème.

— Tu savais qu’il avait fait des avances à Mélissa ? Y en a qui doutent de rien…

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