Sixième histoire d'horreur: La tempête (27 Octobre 2021)

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J’étais rivée sur l’extérieur, regardant par la fenêtre qui donnait sur le stationnement réservé aux livraisons pour notre école secondaire. À cette heure, l’endroit était vide et c’était le début de l’automne, des feuilles volant au rythme du vent. Le temps s’annonçait pluvieux cet après-midi, les nuages remplis d’électricité et prêts à déversé l'orage sur nous. Tenant mes livres de cours contre ma poitrine, je n’arrivais pas à me concentrer sur autre chose que d’observer le temps à l’extérieur. J’étais facilement distraite, et la moindre chose qui me donnait des émotions fortes ou inhabituelles pouvait me garder focaliser plutôt sur un truc banal, comme en ce moment. Je ne sais pas, je ressentais quelque chose de différent dans l’air, à l’intérieur de moi. Je sentais vraiment qu’une tempête approchait et elle était très proche. Dans quelques minutes, elle sera au-dessus de nos têtes.

À dire vrai, ce n’était pas la première fois que j’agissais aussi bizarrement, je veux dire, en restant plantée devant une fenêtre à être figé sur des détails peu important. Tout le monde dans cette école me trouvait étrange. C’est pourquoi je n’avais aucun ami en ce monde. Chaque fois qu’on me voyait passer, on m’ignorait totalement ou on se moquait de moi, assez fort pour que je puisse entendre ce qu’on disait de ma personne. Ça n’avait rien d’amusant, mais je me suis habitué au fil du temps à ce genre de moqueries. Et mon seul endroit confortable, ou je pouvais être seul et oublier tous ces gens sans cœur tout autour, c’était dans mon esprit, quand je regardais quelque chose de spécifique, comme là.

Vous savez, c’est difficile de faire partie d’une école lorsqu’on est différent et de devoir fréquenter un tas de gens. Chaque fois que tu dois traverser ses portes, tu as l’impression que tu dois prendre ton souffle parce qu’une fois à l’intérieur, tu ne peux plus respirer. C’est comme ça que je me sens en ce lieu, chaque jour, chaque semaine et chaque mois. Voilà, je m’efforce de rester loin du chemin de tout le monde, comme ça, peut-être qu’on me laissera tranquille.

Si seulement je pouvais trouver un endroit, bien réel où je pourrais être moi-même, seule, avec personne d’autre pour m’embêter. Je préférais encore passer mon temps avec des revenants plutôt que des êtres vivants.

Soudain, un éclair à l’extérieur jaillit au loin et le tonnerre gronda presque tout de suite après. Je n’avais même pas sursauté, si bien que tout le monde qui marchaient dans les corridors furent attirer par cet orage qu’ils n’avaient pas vu venir. Tout le monde regardait en direction de la fenêtre où j’étais planté devant. Une pluie violente s’abattit ainsi sur notre école. Honnêtement, je n’avais jamais vu autant de pluie de toute ma vie. Tellement elle était puissante, on aurait dit qu’il y avait du brouillard à l’extérieur et je ne voyais plus le bâtiment d’en-face, celui où se trouvaient les gymnases de l’école. En voyant le bâtiment en question, où se trouvait le bloc sportif, je me rappelais que j’avais un cours d’éducation physique et que la cloche sonnait dans moins de 5 minutes. Je devais aller porter mes cahiers à mon casier, récupérer mes vêtements, me rendre dans le bloc sportif et me changer pour ensuite être dans le gymnase pour le cours. Bon sang, je n’aurai jamais le temps de m’y rendre à la bonne heure! Je me retournai brusquement et je me suis mise à courir pour retourner en bas et aller ranger mes livres dans ma case et récupérer mes vêtements de rechange.

En courant dans le corridor, les lumières s’éteignirent une fraction de seconde, puis l’électricité revenue juste après. Bien évidemment, ceci provoqua une légère hystérie chez les élèves.

Arrivée à mon casier, j’avais pratiquement jeté mes cahiers à l’intérieur, j’ai pris mes vêtements de rechange, j’ai claqué la porte, refermer mon cadenas et je me suis remise à courir en direction du bloc où se trouvait les gymnases.

La première cloche sonna lorsque je longeais la cafétéria, juste avant le corridor du bloc sportif. Par chance, je pu arriver à temps à me changer dans les vestiaires et de me pointer dans mon cours sans avoir de retard. En arrivant là, le professeur n’était toujours pas arrivé, alors je me suis assise sur les bancs avec les autres élèves déjà arrivée. Je me trouvai une place reculé d’eux.

La deuxième cloche avait sonné, annonçant le début des cours, et notre enseignant ne s’était toujours pas pointé dans le gymnase. J’avais les bras croisés, brandissant ma jambe par habitude. Même ici, dans un espace aussi vaste, nous pouvions entendre la pluie frapper contre le toit de l’école et le tonnerre gronder. C’était une sacrée tempête qui nous frappait. Sincèrement, l’annonce d’un ouragan ne m’aurait même pas surprise.

Il y avait deux filles de ma classe assise près de moi et elles avaient apportés leur cahier spirale et se montrait des trucs qu’elles avaient écrit tout en rigolant. Je me demandais pourquoi elles avaient apportés leur cahier dans un cours d’éducation physique. Soit elles s’étaient trompées de cours ou elles étaient tout simplement stupides, pensais-je. Elles tournèrent leur regard sur moi puis elles poussèrent un fou rire ensemble. Je poussai un soupir de découragement puis les ignora. Qu’est-ce que je donnerais pour qu’un éclair les frappe de plein fouet et qu’elles finissent de m’embêter.

Tout à coup, comme si ma prière fût entendue du ciel, il se produisit quelque chose de pratiquement inconcevable, qui ne paraissait même pas réelle à mes yeux. La foudre traversa le plafond du gymnase, brûlant le toit et l’éclair jaillit en plein sur ces deux filles juste à côté de moi. Une explosion violente me propulsa hors du banc et me jeta plus loin sur le sol glissant. J’entendis cette fois des cris derrière moi, mais je ne pû me retourner tandis qu’une seconde éclaire frappa à l’intérieur et provoqua un flash de lumière qui m’aveugla. Je restai couché à plat ventre sur le sol, me bouchant les oreilles à cause de ce bruit qui me brisait les tympans, des cris et des objets et des corps anéantissent par la foudre, et je ne voyais plus rien devant moi. Ce n’était qu’un gros flash blanc.

Une longue minute passa et le bruit du tonnerre, des éclairs qui frappaient tout autour de moi et les cris se sont tût d’un coup. C’est là où ma vision ne fût plus obstruer par un flash blanc. Il diminua et me donna la possibilité de voir de nouveau. Inconsciemment, j’avais gardé les yeux fermés tout ce temps. Est-ce que j’étais morte? Allais-je me réveillé parmi les morts?

J’ouvris très tranquillement mes yeux, sentant un air glacial me pinçant la peau. J’étais encore à plat ventre sur le sol, toutefois, je me trouvais à être dans de la boue glacé. Je me mis sur mes deux mains et vit qu’elles étaient recouvertes de terre. Je fis une moue de dégoût et les essuya sur mes vêtements de sport. Je me relevai et examina l’endroit où je me trouvais. Tout d’abord, il faisait nuit, néanmoins, il y avait une espèce de lueur bleu foncé au loin, entre le ciel et la terre. Et tout autour de moi, c’était un énorme champ vide. Non, pas un champ avec de l’herbe, mais un champ dépourvu de vie, recouvert de terre et de boue. En observant bien attentivement ce lieu, je pu voir des tas d’épées abandonnés sur le sol, un peu comme sur un champ de bataille qui n’avaient pas été fréquenté depuis un sacré bail. Je sentais qu’il y avait eu un grand massacre ici, juste dans l’air il y régnait la mort, la tristesse, la mélancolie. Cet air glacial m’obligea à frotter mes bras pour me réchauffer.

Dieu du ciel, j’étais devenu nue pied! J’avais baissé la tête et oui, je ne portais plus mes espadrilles pour l’éducation physique. Que se passait-il enfin? Avais-je fait une espèce de… saut dans le temps? J’avais l’impression que ces éclairs y étaient pour quelque chose.

Je pensai vite à chercher la présence des autres élèves de ma classe. Peut-être que nous avions tous été transporté là. Je me suis mise à me promener sur ce champ de bataille, parce que c’était bel et bien ça, un champ de bataille. Il y avait des drapeaux déchirés, des épées et les corbeaux rodaient tout autour. Leur croassement me fit sursauter la première fois que je les entendis. Justement, il y en avait un près de moi. Il s’était posté sur une petite butte de terre où une épée avait été planté sur le pointe, un peu comme si on y avait construit un château de sable. Je m’approchai prudemment et le corbeau ne reprit son envol que lorsque je fus assez près de lui pour pouvoir le toucher. Je le regardai s’en aller et disparaître dans la noirceur de la nuit. Je m’agenouillai près de cette butte. De cet angle, je pouvais mieux voir l’épée perché. Déjà, du premier coup d’œil, je savais que cette épée datait de très longtemps. Elle avait tout l’air d’une épée médiévale. C’était emblématique de cette époque de notre histoire. Elle était longue, avec une gouttière, d’une poignée et d’une garde (chose qui n’existait que bien auparavant afin de protéger la main de la personne qui le tenait). Elle était magnifique et ça me fascina de voir un tel objet. Je tendis très lentement ma main vers celle-ci, puis je m’appuyai avec ma main libre sur le sol pour me soutenir. Je la retirai rapidement, sentant quelque chose de bizarre contre ma peau. Je poussai un cri de terreur en apercevant le côté d’un crâne humain qui dépassait de sous la terre. Je m’étais relevé, paniqué.

Je ne pouvais plus rester. J’étais morte de peur, et surtout morte de froid. Je cherchai du regard la présence quelconque de quelqu’un. Je savais pourtant qu’il n’y avait personne sur ce champ de l’horreur.

- Hey! Il y a quelqu’un! criais-je.

Ma voix résonnait comme un écho sur cette plaine. Je marchais dans tous les sens sans savoir où j’allais et si ça servait vraiment à quelque chose.

À force de marcher à travers ce champ, je finis par croisé la silhouette sombre d’une espèce de chapiteau.

- Oh, dieu soit loué, dis-je.

Je me précipitai vers lui. Une fois assez près, je m’arrêtai subitement. Non, impossible qu’il y ait quelqu’un dans cet endroit. Je le sentais. Et s’il y avait eu à avoir quelqu’un, ce n’était sûrement pas une personne que je connaissais ou qui me voulait du bien.

Pourquoi dans ce cas ne pas fermer les yeux et me pincer? Peut-être que je rêvais, après tout. Ça arrivait à tout le monde, non? C’est donc ce que je fis. Planté devant la tante, je fermai les yeux puis me pinça le bras gauche fortement. Maintenant, j’allais rouvrir les yeux et j’allais me retrouver de nouveau à l’école, dans le gymnase, en train de faire mon cours. Il m’arrivait souvent de partir comme ça dans mes pensées et de m’évader ainsi dans un monde complètement loufoque et imaginaire. Cependant, jusqu’à aujourd’hui, je ne m’étais jamais retrouvé sur un champ de bataille lugubre et entouré par des cadavres gisant sous des buttes de terre et de boue depuis des années.

Il y eu promptement une lueur dans mes yeux alors qu’ils étaient toujours fermés. Je les ouvris et ce que je vis me glaça le sang, arrêtant mon cœur. C’était un guerrier que j’avais sous les yeux, ceux du temps de… mon dieu, peut-être du temps de Jules césar, avant Jésus-Christ, des romains! J’avais déjà vu des images des guerres dans mes cours d’histoire et celui-ci portait un uniforme très semblable, des casques, des javelots, des armures de fer, une tunique, un bouclier et des sandales, digne de l’équipement des romains guerriers. Sauf que ce celui-ci n’était plus tout à fait humain. Ce n’était qu’un visage squelettique, un cadavre sur ses deux jambes. Ce devait être des hallucinations que j’avais. Je me reculai pendant que ce dernier sortit de sous le chapiteau, entouré par une espèce de lueur, comme s’il sortait tout droit du monde des morts. Et si c’était un revenant, revenu du champ de bataille où il y avait laissé sa vie des siècles plus tôt?

Ce mort ne paraissait pas avoir conscience de ma présence.

Une fois hors de la tente, il appela ses coéquipiers, sa voix extrêmement étrange, un peu comme celle d’un démon, ce qui me donna des frissons dans le dos.

- Suivez-moi, avait-il dit.

Bientôt, je vis d’autres soldats squelettiques, pareille comme lui, sortir du chapiteau, l’un en-arrière de l’autre. Ils étaient tous habillés de la même façon que le premier, comme je l’avais décrit, des soldats romains.

Je les observais se suivre dans une file bien droite sans savoir que j’existais. Ils suivaient à ce que je croyais être leur chef.

Puis tout à coup, ce dernier s’arrêta et il se retourna vers moi. Cette fois, il me voyait. Pendant ce temps, les autres allèrent se regrouper tous ensemble, en rangées, comme le faisaient-ils dans ce temps lors d’un affrontement.

- Chelsea, ne rêvais-tu pas de te retrouver parmi les revenants? s’adressa-t-il à moi le chef soldat romain, avec sa voix diabolique.

Je me suis mise à trembler de peur. Si, je me souvenais parfaitement avoir pensé cela alors que j’étais planté devant cette fenêtre dans l’école.

- Qui… qui êtes-vous? réussis-je à articuler.

- Tu sembles déjà le savoir, Chelsea.

- Attendez… comment savez-vous mon nom?

- Peut-être es-tu en train de devenir folle.

Il avait raison. Je devais sans doute perdre la tête. Pourtant, j’avais essayé de me réveiller, bien entendu, je n’étais pas parvenu à retrouver mon chemin parmi le monde des vivants.

- Que s’est-il passé ici? demandais-je en observant le champ de bataille.

- Un massacre, répondit-il. Voilà qui nous sommes. Des soldats qui ont perdus la vie ici et qui n’avons jamais trouvés le repos.

Celui-ci repris son chemin pour retrouver ses compagnons, attendant tous en rangs.

Je sais que ça pouvait paraître fou, mais si ces fantômes pouvaient me comprendre mieux que les élèves de mon école? Il était possible qu’ils savaient pourquoi j’étais tombé sur ce champ de bataille durant une tempête. Certes, je devais devenir taré.

Je me précipitai vers les soldats romains.

- Vous savez ce qui m’est arrivée, pour que je me sois retrouvé ici, avec vous?

Il devait y avoir forcément un lien avec la tempête, mais également sur les lieux, c’est-à-dire l’école. Ces choses ne se produisaient pas par hasard.

- C’est toi qui as décidé de venir vers nous. Nous ne faisons que faire notre travail. Apparaître lorsqu’on nous demande de venir.

Qu’est-ce que cela voulait dire exactement? Je n’y comprenais rien.

- Suivez-moi, dit le chef soldat, en faisant signe aux autres de le suivre.

- Non, attendez!

Je cherchai à le rattraper et tenta de prendre son bras décharné. Ma main passa comme dans l’invisible. Je regardai l’état de ma main. Bien sûr, c’était un fantôme, je ne pouvais pas lui toucher.

Le rang de soldats se déforma et ils suivirent leur chef en se suivant l’un après l’autre.

- Je vous en prie, vous devez m’aider à retourner là-bas! Les suppliais-je en les suivant.

- Tu as demandé toi-même à être ici.

- Peut-être, mais… je n’imaginais pas me retrouver vraiment dans un endroit pareil.

- Tu ne t’es pas rendu compte que tu te trouvais sur un très ancien champ de bataille romain? m’expliqua-t-il. Cet endroit d’où tu viens, il été construit juste dessus, au fil des ans.

- Est-ce que tout ça a eu un lien avec la tempête qui s’est produit?

- Et avec ta volonté également. Tout ce mélange a fait que tu t’es retrouvé dans cet endroit.

Devais-je attendre qu’un prochain orage se présente pour que je puisse retourner d’où je venais?

- Es-tu pourtant certaine de vouloir retourner chez toi? me questionna le chef.

- Enfin… oui.

- Après tout, tu serais peut-être mieux ici, qui sait?

Les autres soldats revenants tournèrent tous leur tête vers moi. Bientôt, ils virent tous m’encercler. Je n’avais plus d’issu par où aller.

- Je vous en prie, laisser moi partir! dis-je en prenant mon visage entre mes mains.

Je me laissai tomber à genoux sur le sol, puis il n’y eu plus aucun bruit. Non, en fait, il y en avait un, par contre, c’était un son bien plus humain que la voix de ces morts. Je retirai mes mains de mon visage puis remarqua que je me trouvais désormais au beau milieu d’un salon, sur un grand tapis, de retour au chaud. Cette maison était très jolie, des années 70 avec sa décoration vintage, mais je ne la reconnaissais pas. Ce n’était pas chez moi. Je me relevai et constata avec grande perplexité que je portais maintenant une robe bleu pâle, courte, une robe d’été. J’entendais quelqu’un parler juste derrière moi. Je me retournai et me retrouva face à une télévision des mêmes années que cette maison. Sur l’écran, on y indiquait une carte de je ne sais quel endroit, puis il y avait la trajectoire d’une tempête… ou bien d’un ouragan?

- Chelsea? m’appela une voix familière.

Je me retournai et vis la présence de ma chère mère à l’entrée du salon, vêtue d’une chemise beige et d’une longue jupe fleuri, chose qu’elle n’avait pas l’habitude de porter comme ensemble.

- Maman? dis-je.

- Oui, c’est bien moi.

Je m’avançai très lentement vers elle, ne pouvant croire que je la voyais devant moi. Bonté divine, pourquoi étais-je si surprise de la revoir? J’avais l’impression d’avoir un souvenir très profond, malheureusement, je n’arrivais pas à me remémorer ce que c’était et pour quelle raison il était important.

C’était important, c’est tout ce que je savais.

- Chelsea, me dit une autre voix, encore familière.

Cette fois, je tournai la tête en direction de l’un des divans dans le salon, et j’aperçu mon père, assis dans un fauteuil une place, resplendissant. Je me jetai quasiment à ses pieds quand je le vis devant moi.

- Papa, lui dis-je, pleurant à chaudes larmes.

Qu’est-ce qui m’arrivait au juste? Pourquoi est-ce que je pleurais comme ça alors que je revoyais mon père?

Incontinent, il eut un vacarme ahurissant tout près de mon oreille gauche, ce qui me fit tressauter et qui me rendit pratiquement sourde en une seule seconde. Je vis le visage de mon père devenir lentement vide, puis une tâche de sang se forma au niveau de son cœur. Je restai figé un instant, ne comprenant pas ce qui se produisait. Puis je tournai la tête vers ma mère. Elle tenait un énorme fusil de chasse dans ses mains. Je me levai d’un bond puis la fixa avec un regard remplit de férocité.

- Qu’est-ce que…

Elle avait un grand sourire sur ses lèvres, sans le moindre remord pour avoir tiré une balle en plein cœur de mon père.

Il se reproduisit cette scène, comme plus tôt dans le gymnase de mon école. Un éclair fit un trou dans le plafond de la maison et atteignit ma mère qui disparut en un flash de lumière aveuglant. Tout de suite, je fermai les yeux, et je fus de nouveau emporter ailleurs.

Quand je rouvris mes yeux, j’étais dorénavant de nouveau à l’extérieur, toujours vêtue de cette robe bleu, étendu dans de l’herbe mouillé et terriblement froide sur ma peau. Il y avait une fine pluie glacé qui tombait du ciel. Ce champ où j’étais était infini. Il n’y avait rien à l’horizon, mis à part ce ciel bleu foncé qui s’étendait au loin, et le cœur d’une tempête qui frappait et venait par ici. Je me levai et chercha une explication à ce qui m’arrivait en ce moment, à ce monde inconcevable qui se formait.

Je vis, juste un peu plus loin dans le gazon, quelque chose qui m’attira. Je m’avançai nue pied dans l’herbe cristallisé par la glace, les pieds engourdis par le froid, et pu confirmer que c’était une jolie fleur blanche, la seule et unique présente dans ce champ. Elle était splendide. Je m’agenouillai auprès d’elle puis tendit la main pour la toucher.

Aussitôt fait, la pluie se mit soudain à tomber comme des cornes au-dessus de moi. La tempête s’était déplacée si vite. Comme ça pouvait être possible?

Cette pluie dura plusieurs minutes et je fus incessamment frigorifier.

Une voix bien lointaine me venu à l’oreille. Elle disait : Chelsea? Chelsea, vous m’entendez? Je ne savais d’où elle provenait, mais ça semblait plutôt être une voix provenant du ciel. Je ne savais pas comment la décrire. Et elle se rapprochait vivement, répétant toujours la même phrase.

***

- Chelsea, me répéta une troisième fois et fermement une voix d’homme.

Je sortie enfin de sur mon nuage.

J‘avais le directeur de mon école devant moi, assis derrière son bureau, ses lunettes posé sur son nez, me dévisageant et tenant un crayon à l’encre à la main. Il devait m’avoir posé une question, je n’avais pourtant pas entendu.

- Pardonner-moi monsieur, vous pouvez répéter la question?

- Dite-moi mademoiselle Chelsea, vous partez souvent comme ça dans votre tête?

- Euh…

Je regardai en direction de la fenêtre, juste en diagonale derrière mon directeur. Dehors, la pluie tombait contre la vitre.

- Eh bien… oui, je pense.

- Vous savez au moins pourquoi vous êtes dans mon bureau?

Je ravalai ma salive. Je me rendis compte que je n’avais aucun souvenir de pourquoi j’étais ici. Mon esprit était déboussolé.

- Euh… je… non, je ne sais pas pourquoi, répondis-je en riant nerveusement.

Je repris vite mon sérieux, me remémorant mon voyage étrange en-dehors de ce monde.

- Chelsea, vous avez frappé l’une de vos camarades de classe en cours d’éducation physique, vous vous rappelez?

Oh mon dieu… oui, maintenant je m’en souvenais. C’était l’une de ces filles qui avaient ri de moi alors que je les regardais s’amuser devant leur cahier de note. Je posai une main contre ma bouche, scandalisé que j’aie commis un tel geste sans m’en être souvenu vraiment. Mais… il me semblait plutôt avoir été entouré par des éclairs qui frappaient partout à la place d’avoir frappé cette élève.

- À quoi pensiez-vous il y a quelques secondes?

Il voulait parler juste avant que je comprenne que j’étais dans le bureau du directeur?

- Je ne sais pas trop. Je pense avoir vu des… soldats romains. Puis j’ai aussi vu ma mère et mon père… et puis… une fleur blanche.

Mon directeur haussa les sourcils, assez perplexe par mes propos absurdes. Il déposa son crayon et retira ses lunettes.

- Il vous arrive souvent Chelsea d’avoir de tels… imaginations dans votre esprit, à un point où ça vous fait oublier vos gestes, tel que celui-ci?

- Non, je crois que c’est la première fois.

- Voyez-vous, ce n’est pas ce qu’on me raconte de vous. Vos professeurs disent que vous n’êtes jamais concentré sur vos tâches en classe, et aussi, vous leur parler constamment du fait que les autres gens de cette école ne sont pas nécessairement amicaux avec vous.

- C’est vrai, les élèves trouvent que je suis bizarre.

Il me fit un léger sourire qui voulait dire qu’il compatissait avec moi.

- J’ai bien peur que la mort de votre père et l’enfermement de votre mère ne vous rendent dans un état très inhabituels et que d’avoir repris les cours aussi rapidement n’étaient pas la meilleure solution.

Les souvenirs sont revenus comme un coup de fouet dans ma mémoire. Je pu ainsi tout comprendre en un claquement de doigt. Ma mère avait assassiné mon père avec un fusil de chasse, sous mes yeux. Elle souffrait de schizophrénie sévère et elle ne suivait pas correctement son traitement, et suite à ceci, on a dû l’enfermer et je ne les plus jamais revu. Je suis allé habiter chez mes grands-parents. J’ai pourtant recommencé trop rapidement l’école, et c’est là où on a commencé à m’intimider à cause de mon attitude étrange dû au traumatisme. Et comme aujourd’hui, je ne m’en étais jamais rendu compte, mais je me perdais dans un monde imaginaire que je me crée afin d’oublier, je pense. Alors tout ce que j’avais vu là-bas, ce n’était que des revenants, des gens que je m’étais créé pour apaiser mes douleurs intérieurs.

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