Vouloir tout, toujours plus, sans cesse accumuler,
Billets et cartes à puces, chère rentabilité,
Au-delà du confort, culture du privilège,
Remplir le coffre-fort sans bouger de mon siège.

Pouvoir tout, toujours plus, sans cesse manipuler,
Pour savoir qui je suce, suis mon prochain marché,
Accointances, lobbies, influences médiatiques,
Ma mégalomanie ne surprend plus ma clique.

Je rends service au monde car je crée des emplois,
Et en une seule seconde je gagne cinq cent fois
Ce que mes petites mains échangent de leur vie,
Libres et frais matins contre quelques roupies.

A quelques dollars près, je pourrai aisément
Nourrir l'humanité, ou juste les enfants.
Ces fainéants incultes qui ne semblent comprendre
Qu'être sain et adulte c'est toujours entreprendre.

Je préfère miser sur le cours du coton,
Ou d'un précieux minerai forcer l'exploitation,
Réfléchir, investir, pour faire payer aux hommes,
L'oxygène qu'ils respirent et l'eau brute qu'ils consomment.

Jamais aucun obstacle ne pourra m'arrêter
Je poursuis le spectacle de ma prospérité,
Les deux pieds hors du sol, grisé par la folie
Des longues heures de vol entre Hong Kong et Paris.

Je ne vois plus les corps de ces êtres damnés,
Huit cent millions encore qui ne peuvent manger,
Un paradis sur Terre, un destin or massif,
S'il n'était pas l'enfer de milliards de naïfs.

MH.