Lola est une adorable enfant. Du haut de ses quatorze ans, elle respire la joie de vivre.
Ce matin, c'est en sautillant, avec ses deux couettes hautes sur sa tête blonde, qu'elle se promène en ville.
Pourtant, ses parents lui ont bien répété de faire attention, de ne pas se promener seule en ce moment.
Un tueur en série sévi depuis quelque temps. Mais Lola n'en a que faire, il fait bien trop beau pour rester enfermée chez elle.
Elle s'engage dans le parc de la ville, à cette heure-ci, c'est calme, quelques badauds, promenant leur chien ou en plein jogging, mais personne ne fait vraiment attention à elle.
Elle trottine, le sourire aux lèvres, dégustant sa sucette à la pomme, ce sont ses préférées. Sa petite jupe rose virevolte au gré de ses sauts. Elle repense à sa mère, ce matin, lui disant qu'elle ressemblait à une poupée Barbie avec sa jupe et son débardeur rose à paillettes. Elle avait ri.

Elle le voit, pas loin, assis sur un banc. Il la regarde. Il doit avoir trente ans, peut-être trente cinq. Il a l'air charmant. Plutôt maigre, les cheveux bruns, coupés très court.

Elle s'arrête non loin et s'amuse sur une marelle invisible. Il ne la quitte pas du regard. Elle lui sourit et il lui rend. Alors elle sait, c'est lui. En trottinant, elle s'approche de lui.

• Bonjour !
• Bonjour jeune fille.
• Tu veux jouer avec moi ?

Le sourire de l'homme se fait plus grand et c'est sans surprise qu'il accepte.

• Tu viens avec moi ? Ici, on ne peut pas s'amuser.

Sans hésiter, l'homme se met à suivre la jeune fille qui sautille vers le fourré.
Elle se met à chantonner. "Promenons-nous, dans les bois, pendant que le loup n'y est pas."
Une fois loin des regards, l'homme tend la main vers l'enfant pour lui attraper le bras.

• Et si le loup était déjà là ? Répond l'homme, son regard devenu sombre.

Lola se retourne, un large sourire au visage. Elle plonge ses yeux dans ceux de l'homme avant de lui répondre :

• Oh, mais je sais qu'il est déjà là !

L'homme ne comprend pas les propos l'enfant sur le moment, mais une douleur dans le bas-ventre lui fait baisser les yeux. Il relève très vite la tête vers la fillette, mais aucun son ne sort de sa bouche. Trop surpris par ce qu'il vient de se passer. Il fixe ses mains recouvertes de sang quand l'enfant le pousse en arrière. Il trébuche et tombe sur le dos, la douleur le fait grimacer.

• Mais... Arrête... Non... Attends... Qu'est-ce que...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase que Lola vient s'asseoir à califourchon sur lui et plante une nouvelle fois son couteau dans son ventre. Il crie, pour la première fois, un son arrive à sortir de sa bouche. La douleur est trop forte alors il crie encore, mais personne ne vient à son aide. Personne ne l'entend et la gamine, le sourire aux lèvres, continue de planter son couteau, le tournant de gauche à droite, puis de droite à gauche.
Elle lui demande, le plus calmement possible :

• Ta maman ne t'a jamais dit qu'il ne fallait jamais suivre des inconnues ? Et bien, elle aurait dû.

Les yeux exorbités, il se vide de son sang, sa vie le quitte. Sans un mot, sans un geste, il se meurt des mains d'une enfant, mais celle-ci fait la moue, déçue.

• Oh non, pas déjà ! C'était trop rapide avec toi. Tu n'es pas drôle.

Lola essuie le couteau sur le pantalon de sa victime puis se relève. Elle remet sa jupe en place et sort une autre sucette de sa poche. Elle repart vers le parc, chantant et sautillant comme l'enfant heureuse qu'elle est.