Marie

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Tout comme Jules et bientôt Fernand, je fais cet article car j'ai mentionné ce prénom dans un des précédents chapitres des Chroniques (pft ! dit comme ça j'ai l'impression d'être Froissart !). Mais il va sans dire que le prénom Marie se passe de recommandations : passe-partout, élégant, célébré par les plus grands (Ronsard, ''qui voudrait votre beau nom tourner il trouverait aimer'' ou quelque chose comme ça), porté à toutes les époques, parfois même utilisé pour des garçons en deuxième prénom ou dans un prénom composé (Pierre-Marie, par exemple)... la liste de ses qualités est quasi-infinie.

Marie peut se porter dans tous les genres de romans : historique ? Le prénom était déjà porté en Galilée il y a deux mille ans et sa popularité n'a pas décru depuis. Policier ? Il est tellement passe-partout que personne ne s'étonnerait même de trouver deux Marie parmi les personnes reliées à l'enquête (même s'il vaut mieux éviter de nommer deux personnages avec le même prénom car le lecteur pourrait être confus). Fantastique ? Le prénom Marie évoque la pureté (on y reviendra dans les prochains paragraphes) et est donc parfait pour une jeune fille innocente aux prises avec le surnaturel. De Science-Fiction ? Hé ! On vient de vous dire que ça faisait plus de deux mille ans qu'il était populaire, qu'est-ce qui vous fait dire qu'il ne sera plus porté dans deux siècles ? Horreur ? Rien ne laissait présager qu'ils allaient se retrouver face à quoiquecesoitquec'estcetrucbizarrequifaitpeur, alors pourquoi leurs parents se seraient-ils privés d'appeler leur fille Marie ? Romance ? N'oubliez pas Ronsard, ''Marie, qui voudrait votre bon nom tourner, il trouverait aimer''... Et pour un récit initiatique (qui peut être de tous les genres) si vous tenez absolument que votre héroïne (ou votre héros, mais Marie est quand même plus souvent un prénom féminin) soit orpheline, eh bien... vu que les enfants trouvés sont (traditionnellement) nommés d'après le saint du jour où ils sont trouvés, et qu'il y a plus de fêtes mariales que de mois dans l'année, sans compter le mois de mai qui est consacré à la Vierge Marie, il n'y a rien de bizarre à ce que votre héroïne se prénomme Marie. Bref, on pourrait vous faire la tirade des nez, ou plutôt la tirade des Marie, avec les genres littéraires, et on aurait tout ce qu'il faudrait.

Côté étymologique, le prénom Marie signifie ''Aimée'' en hébreux, et ''(étoile) de la mer'' en latin (Maris). Et comme la plus illustre des Marie est la Vierge Marie, que je ne vous présente plus vous la connaissez déjà et si ce n'est pas le cas, vous ne seriez pas en train de lire un livre avec ''onomastique'' dans le titre, l'amour et le côté céleste sont deux des trois domaines attachés au prénom, avec l'innocence, la pureté, en troisième.

En résumé, un personnage nommé Marie créera chez le lecteur un sentiment d'innocence, de pureté, d'amour, un côté maternel et ira même suggérer la transcendance voire la sainteté. Mais, comme je le signalais dans mon article sur Blandine, maintenant que vous avez tous ces symboles, vous pouvez bien sûr les prendre à rebrousse-poil : vous pouvez aussi bien appeler Marie (au sens d'aimée) une enfant délaissée en manque d'amour, vous pouvez donner ce nom (au sens ''de la mer'') à quelqu'un qui a une peur bleue de l'eau, et pour les autres symboles, vous pouvez le donner à un assassin assoiffé de sang. Et bien sûr, rien n'empêche de donner ce prénom à un assassin assoiffé de sang qui était délaissé dans son enfance et qui a une peur bleue de l'eau, mais là vous vous compliquez peut-être inutilement la vie.

Quittons les assassins assoiffés de sang (qui se cantonnent généralement au policier, à l'horreur et éventuellement à l'historique et à la fantasy si une guerre est en cours) et allons plutôt vers le roman réaliste - et par réaliste, je n'entends pas Maupassant, Balzac et Hugo, plutôt le roman qu'on écrit aujourd'hui, qui se passe aujourd'hui ou il y a moins de dix ans et qui raconte l'histoire de personnes qu'on pourrait a priori croiser dans la rue, celui racontant l'enfance du petit Thomas qui va à l'école pour la première fois, de Julie qui commence le solfège au collège parce qu'elle veut savoir jouer de la guitare, de Matthieu qui vit ses premiers émois amoureux à l'université, de Rose qui travaille dans une Ehpad ou de Lucas qui cherche désespérement l'inspiration pour écrire un article pour son journal. Bien sûr ces aventures quotidiennes peuvent devenir des enquêtes pleines de supenses sans verser dans le policier à proprement parler, mais je digresse, revenons donc au roman réaliste - et par réaliste, je n'entends pas Maupass... euh, pourquoi j'ai l'impression de me répéter ?

Donc, dans la réalité, le prénom Marie, comme je l'ai dit, est attribué dans toutes les classes sociales et à toutes les générations. Maintenant bien sûr, il faut quelques adaptations. Si votre personnage principal fait la connaissance de toute la famille de son meilleur pote Ibrahim, une Marie détonnera un peu, contrairement à une Myriam ou Mariam. Dans une famille décrite comme républicaine / athée tout au long du roman, c'est Marianne qui sera plus à la mode. Et dans les familles catholiques, si bien sûr vous voulez accentuer le côté cliché, vous pouvez donner à plusieurs des enfants des noms composés avec Marie (Pierre-Marie, Marie-Louise...). On évitera (à moins de vraiment être dans la parodie pure et dure mais dans ce cas impliquer les prénoms sera peut-être un peu redondant) de nommer toutes les filles de la famille par un prénom commençant par Marie, sauf si il s'agit d'un roman historique se déroulant au dix-septième ou dix-huitième (les soeurs de Marie-Antoinette se nommaient Marie-Anne, Marie-Christine, Marie-Elizabeth, Marie-Amélie, Marie-Jeanne-Gabrielle, Marie-Josèpha et Marie-Caroline) où c'était courant.

Enfin, la partie que vous attendiez tous, les Marie célèbres...

Sauf que non, en fait, parce que la plus célèbre de toutes est la Vierge Marie que j'ai déjà mentionnée et qu'à peu près toutes les femmes de l'Histoire du bassin méditerranéen se sont appelées Marie (bon j'exagère, mais vous voyez la quantité astronomique de noms ?).

Donc pour cet article-ci, exceptionnellement, faites une partie du boulot vous-mêmes, mais bon, comme dit précédemment, il y a eu tellement de Marie qu'elles s'annulent les unes les autres et n'auront quasiment aucune incidence sur la perception que le lecteur a du personnage. Donc sentez-vous libres de nommer Marie quelqu'un sans craindre une référence historique bizarre qui vous aura échappée.

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