Aveuglé par l'amour

3 minutes de lecture

La valse finie, Basile emmena la mendiante sur le balcon désert qui surplombait les jardins du palais. La lune les éclairait mais au lieu de sourire, la jeune femme semblait triste désormais.

– Puis-je savoir votre nom ? demanda-t-il avec douceur.

– Cendrillon.

En apercevant son regard étonné, elle lui expliqua patiemment que ses belles-sœurs se moquaient d’elle ainsi. Depuis la mort de son père, elles la forçaient à faire le ménage, repriser les habits et faire toutes les corvées. Le prince, indigné, posa sa main sur l’épaule de Cendrillon :

– Pauvre petite ! Mais qui est donc cette horrible femme qui vous inflige tous ces tourments ?

– Mme Bomarché.

– C’est donc vous, la jeune fille maltraitée dont tout le monde parle depuis plusieurs années ?

Cendrillon ne répondit pas et au son de la cloche de l’église, elle se redressa d’un coup.

– Il est minuit. Il me faut m’en aller, sinon qui sait ce qu’elles pourraient me faire ?

– Attendez, je vais vous faire porter mon carrosse… débuta le prince.

Mais la jeune femme terrorisée fuyait déjà à travers les jardins, laissant un de ses sabots sur le balcon. Le prince le récupéra.

Le lendemain, il monta dans son carrosse afin de se rendre en ville. La chaussure de paysan qu’il avait mis dans une boîte lui démontrait qu’il n’avait pas rêvé de Cendrillon. Il sourit en songeant qu’il allait la sauver et la rendre heureuse. Il visualisait déjà un futur heureux avec elle, à organiser de grands bals chaque mois pour qu’elle lui fasse honneur en dansant la valse. Dans moins d’un jour, ils seraient mariés.

Le carrosse du prince était suivi d’une quinzaine de courtisans à cheval, curieux de découvrir enfin la misère de cette fameuse Cendrillon. Les personnes qui les voyaient passer croyaient que le prince et sa Cour se rendaient au théâtre. Une fois devant la villa Bomarché, un des serviteurs du prince toqua à la porte.

Anastasie, qui lisait à sa fenêtre le Manuel d’Epictète, se pencha et découvrit les nobles devant leur porte. Elle posa son livre et courut rejoindre sa mère dans le grand hall :

– Le prince est à notre porte, mère !

– Comment ? s’exclama Javotte qui les rejoignait.

Les trois femmes échangèrent un regard : elles comprenaient que Cendrillon avait trouvé un nouveau moyen de leur causer du tort. Mme Bomarché respira profondément, puis alla ouvrir la porte.

– Bonjour Votre Altesse. Nous sommes embarrassées de ne pas avoir su plus tôt que vous alliez nous rendre vi…

Le prince Basile, debout sur le marchepied de son carrosse, ne la laissa même pas terminer. Il ordonna sèchement :

– Qu’on la menotte, avec ses deux filles !

Mme Bomarché ne trouva rien à répondre. Elle ne s’attendait pas à cela. Des gardes s’approchèrent et l’attrapèrent avec fermeté. Javotte essaya de s’enfuir et Anastasie commençait à se battre avec les gardes. Leur mère demanda au prince qui descendait de son carrosse :

– Qu’avons-nous fait pour mériter ce traitement, Votre Altesse ?

– Vous êtes la seule à le savoir. Lança le prince en pénétrant dans la villa.

Le prince marcha à grands pas à travers la maison, à la recherche de la femme qu’il aimait. Il la trouva qui s’affairait près de l’âtre, dans la cuisine. Elle lui tournait le dos.

– Cendrillon, l’appela-t-il doucement, je suis là. Vous n’avez plus rien à craindre, vos tortionnaires passeront le reste de leur vie dans mes cachots.

Cendrillon se releva et vint à sa rencontre. Son visage n’était plus noir de crasse, mais rose et digne. Sa robe était toujours trop petite, mais celle-là était bien plus belle. Le prince Basile ne s’interrogea pas sur ces changements soudain tant il était ému de la retrouver. Il s’agenouilla devant elle et lui tendit une alliance.

– Et maintenant, quel est votre véritable nom, ma chère ?

La jeune femme enfila la bague avec un plaisir évident et répondit, une main sur l’épaule de son fiancé :

– Mon nom est Evelyn.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire DB18 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0