5.    Condamnation - Partie 2

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La lourde porte de la cellule de Dorian s’ouvrit sur Zacarias. Le mage arborait un sourire de victoire. Il réveilla le jeune homme d’un violent coup de pied dans les côtes.

  • Debout, chien, lâcha-t-il d’un ton triomphal, l’heure est venue de mourir.

Il traina Dorian jusqu’aux marches du palais. On y avait installé une potence. Le jeune mage durant son trajet ne put s’empêcher de regarder cette ville sous un angle neuf. Certes, elle resplendissait à la lumière du soleil levant mais il y avait, étrangement, quelque chose d’éteint dans les yeux de ses habitants. Zacarias poussa sans ménagement Dorian vers son exécution. L’enchanteur avait étudié les solutions, hélas, sans éther, cela compliquerait fortement la tâche. Il avait tenté de contacter son père, par le biais de son familier, mais Valérian, aux prises avec les elfes, semblait incapable de venir rapidement. C’était un fait, seul un miracle pouvait le sortir de là. Le roi apparut soudain à son balcon. La foule l’acclama. Il leva les bras au ciel et fit signe à Zacarias. Ce dernier se fendit d’un nouveau sourire et murmura à Dorian :

  • C’est la fin. Un ultime mot avant d’embrasser ta mort ?
  • À la mort, j’aurais préféré ta fiancée, ironisa-t-il sur le même ton.

Puis il lâcha une menace fulgurante :

  • Peuple de Sorgat, ceci est votre dernière chance de vivre. Libérez-moi où votre cité sera réduite en cendres avant la fin du jour.

Il sentit une hésitation dans la foule, le roi aussi douta. Dorian avait peut-être réussi un coup de bluff parfait ? Le monarque chercha le regard de Zacarias qui hocha de la tête en signe de négation, alors, rassuré, il ordonna l’exécution. La petite trappe qui se trouvait sous les pieds de Dorian s’ouvrit d’un coup, le projetant dans le vide. Il se serait écrasé au sol si la corde ne l’avait pas retenu, commençant doucement mais sûrement son travail de strangulation. Il entendit soudain un hurlement dans la foule. Roxanne joua les coudes pour arriver à la hauteur de Zacarias.

  • Zacarias, je t’en prie, arrête ça tout de suite.

La princesse monta sur l’échafaud pour faire changer d’avis son fiancé.

  • S’il meure, commença-t-elle désespérée… s’il meurt, je refuse de t’épouser.

Une rumeur monta dans la foule, comment une femme osait dire de telles choses ? Zacarias se pencha vers la demoiselle et lui murmura :

  • Tu m’appartiens, ça n’a aucune importance que tu veuilles ou non m’épouser. Tu deviendras ma femme et ce chien mourra pour tout le mal qu’il t’a fait.

À peine venait-il de prononcer ces mots que le temps s’assombrit. Le vent se mit à souffler brutalement, comme annonciateur d’un mauvais présage. Un éclair fendit soudain le ciel et une créature apparut. C’était un ange, en tout cas, ça y ressemblait, ses longs cheveux blonds étaient totalement emmêlés en une masse informe, son visage n’avait absolument rien d’avenant. Ses prunelles, noirs comme la mort, détaillaient le monde en dessous de lui. Ses vêtements étaient en lambeaux et ses ailes, autrefois blanches, étaient totalement décharnées. Le rire qui émana soudain de sa gorge acheva de convaincre les habitants de l’urgence de la fuite. L’être fondit sur l’échafaud et atterrit devant un Zacarias devenu livide. L’ange déchu brandit alors une épée recouverte de sang et l’enfonça sans ménagement dans le ventre du mage qui ouvrit les yeux de surprise. Il sortit violemment son arme des entrailles de sa proie, projetant des éclaboussures sur la jolie robe de Roxanne tandis que son fiancé s’affaissait au sol. Le démon s’approcha de la princesse, un odieux sourire aux lèvres, il la détailla de haut en bas avant de faire volte-face et de s’envoler vers la foule paniquée. Raven, qui avait suivi la scène avec effroi se dit qu’il devait intervenir ; il bondit sur l’échafaud et coupa la corde qui menaçait de tuer le jeune mage. Dorian s’écrasa mollement au sol dans un râle guttural. Raven alla à sa rencontre et le secoua comme un prunier.

  • Il faut que tu arrêtes ça !

À cause du manque d’oxygène, le cerveau de Dorian refusait de réfléchir optimalement. Il mit une longue minute à retrouver ses esprits, puis avisa Raven qui le regardait avec un mélange d’inquiétude et de crainte.

  • Tu es en vie, relança le chasseur. Maintenant, fais cesser ce massacre.

Dorian leva les yeux vers le ballet mortel du démon puis acheva les certitudes du chasseur en une phrase :

  • Ce n’est pas moi. Cette créature est un Nephilim mais ce n’est pas moi qui l’ai convoquée.

Raven accusa le coup quelques instants puis sortit une petite fiole de sa poche. Il enduisit son épée avec ce qui était contenu dans le flacon, tout en psalmodiant. Dorian s’en désintéressa quand il entendit hurler Roxanne. Il bondit de l’échafaud et envoya un orbe d’éther à la créature qui tentait de prendre la main de la princesse. Le Nephilim fut touché de plein fouet et atterrit lourdement sur le dos. Dorian se porta à la hauteur de Roxanne. Elle était prostrée au sol, répétant inlassablement que tout allait s’arrêter. Le jeune mage voulut s’enquérir de sa santé mais elle semblait bien trop choquée pour donner une réponse cohérente. La créature se releva en grognant et s’avança vers Dorian. Il se rendit alors compte que son ennemi le dominait de deux têtes et surtout qu’il parlait :

  • C’est ainsi que tu me remercies de t’aider, souffla la créature.

Dorian tint bon et répliqua avec ironie :

  • C’était mon idée de détruire cette cité, c’était à moi de le faire.

Le Nephilim grogna de plus belle et fondit sur le mage. Ils s’écrasèrent lourdement au sol. Une voix s’éleva alors dans la tête de Dorian :

  • Fils, viens immédiatement.

Dorian se dit que le moment était vraiment mal choisi pour répondre à l’appel de son père. Il fallait trouver une solution et rapidement. Il parvint à poser la main sur le cœur du démon et lui envoya la plus puissante des décharges magiques qu’il put générer. Il sentait bien qu’il était en train de l’affaiblir. La voix de Valérian devint plus insistante, le fils décida donc d’aller voir ce qu’il se passait là-bas, quitte à improviser, le cas échéant. Il se matérialisa, toujours aux prises avec la créature, dans une clairière. Une poignée d’elfes en avaient après son père. La plupart le retenaient magiquement tandis qu’un autre, l’épée au clair, menaçait de trancher la gorge de Valérian. Dorian projeta le Nephilim vers l’adversaire le plus belliqueux usant de la totalité de ses capacités pour lier les deux êtres. Une violente décharge balaya le groupe et l’ange déchu disparut quand il entra en contact avec l’elfe. Dorian gisait au sol, à bout de force, il vit son père achever chaque elfe qui avait osé le défier. Il s’avança vers celui qui l’avait menacé quand son fils usa du peu de force qu’il lui restait pour se redresser :

  • Non, Père, hurla-t-il, pas celui-là.

Il se releva péniblement et tituba vers Valérian.

  • Non, reprit-il quand il arriva à sa hauteur, épargne-le.
  • C’est un Prince, l’informa Valérian.
  • Alors, il détruira tout seul son royaume, trancha Dorian.

Il avisa le prince au sol qui maugréait dans sa langue.

  • Elfe, déclara-t-il, à bout de souffle, je t’ai offert un Nephilim, un monstre de la pire espèce, un jour viendra où tu ne pourras plus le juguler et tu détruiras tout ce qui vit autour de toi.

Valérian avisa son fils, il semblait avoir vécu une journée chargée. Il lança un regard à l’elfe puis transporta Dorian dans leur demeure avant de l’interroger :

  • Tu devais juste aller voir s’ils tenaient leur part du contrat. Que s’est-il passé ?
  • Sorgat a été détruite, souffla le jeune homme.
  • Et les mages ? s’enquit le père.
  • Zacarias est mort, pour les autres, je n’en sais rien.
  • C’est de repos dont il a besoin, déclara soudain la voix de Syphilis en apparaissant de nulle part.

Son intervention coupa la conversation, Valérian transporta son fils jusqu’à son lit et ne posa pas plus de questions.

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