20.    L’Affrontement - Partie 2

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Dorian apparut à quelques pas de sa belle, Firiel était aux prises avec les forces démoniaques et elle frappait sans relâche les ennemis qui affluaient. Il parvint à se glisser derrière l’elfe qui, reconnaissant son compagnon, arrêta sa lame et manqua de tomber. Le mage la stoppa dans sa chute en la prenant dans ses bras :

  • Ce que tu es jolie, déclara-t-il dans un étrange sourire !
  • Dorian, lâcha Firiel avec soulagement. Le ciel en soit loué, tu es venu.

Le visage enjoué de la jeune femme laissa place à une profonde confusion quand le mage lui demanda :

  • Est-ce que tu veux m’épouser ?
  • Dorian, le rabroua-t-elle, tu es devenu fou ? On est au beau milieu d’un champ de bataille.
  • Je sais mais c’est le seul endroit au monde où ta sœur ne risque pas d’intervenir en hurlant : je m’y oppose.

Firiel partit dans un rire amusé qu’elle ravala rapidement quand un ennemi fondit sur eux. Dorian la redressa et la laissa occire leur opposant. Il la ceintura, la faisant revenir vers lui :

  • Alors ? la pressa-t-il.
  • On ne peut pas, bredouilla Firiel.
  • Qu’est-ce qui nous en empêche ?

L’elfe bredouilla une réponse inintelligible qui fit exploser Dorian de rire.

  • Je gagne cette guerre et on en rediscute, promit le mage en embrassant fiévreusement sa compagne avant de retourner au combat.

Il taillada dans les déviants jusqu’à s’approcher de son père assez pour l’entendre dire qu’il nommerait sur le champ Général, quiconque lui apporterait l’elfe. À peine eut-il achevé sa phrase qu’une silhouette fondit sur le Mage Noir. Une forme indicible qui, avec une puissance phénoménale, trancha le cou du dragon d’un seul coup d’épée. L’animal eut un dernier soubresaut avant de s’effondrer, faisant basculer son cavalier. L’ombre se redressa et Dorian reconnut les traits de Raven. Les deux hommes s’échangèrent un sourire jusqu’à ce que Valérian réapparaisse, lévitant pour dominer les combats.

  • De quel droit, vermisseau, oses-tu m’attaquer, tonna-t-il d’une voix d’outre-tombe.

Il déversa sa magie et un torrent de flammes engloba le chasseur. Dorian incanta une protection pour éviter à Raven d’être brûlé vif. Quand il avisa à nouveau son père, son sang se glaça. Un projectile incandescent fondait sur lui et il n’avait pas le temps de l’esquiver. Il aurait été frappé de plein fouet si Elminster n’avait pas dévié le sort en le renvoyant à son instigateur. Dorian en profita pour retourner le bouclier de Raven vers son géniteur et Valérian fut englobé de flammes. Quand ces dernières se résorbèrent, il n’y avait plus rien, le père avait disparu. Raven repartit taillader de l’ennemi et Elminster s’approcha de Dorian.

  • À ton avis, où peut-il être ? demanda le vieux mage.

Le jeune homme sondait la foule d’ennemis à la recherche de cette aura trop connue. Quand il comprit où il se trouvait, la peur l’étreignit.

  • Firiel, souffla-t-il pour lui-même.

Il se matérialisa à quelques pas de l’elfe, juste entre elle et la lame de son père. Il parvint à parer l’arme de Valérian mais le coup était si puissant que la pointe de l’épée lui entailla le bras. Le combat cessa un instant, le temps que les deux adversaires se jaugent. Valérian semblait amusé de l’intervention de son fils et de sa blessure, Dorian cherchait un angle d’attaque afin de pouvoir continuer à faire écran de son corps à Firiel.

  • Reste derrière moi, lui intima-t-il.

Valérian attaqua alors. Son épée fendit l’air en quelques passes mortelles que Dorian parvint à dévier du mieux qu’il pouvait. Le père bloqua soudain la lame de son rival afin de pouvoir s’approcher de lui :

  • Tu faiblis, Fils, aiguillonna-t-il.
  • Au contraire s’amusa le jeune mage, je me ménage. J’ai Drake à défaire après vous.

Il accompagna sa remarque d’un violent coup de poing qui déstabilisa son adversaire. Juste assez pour avoir le recul nécessaire pour enchaîner sur une attaque magique. Une volée de fléchettes se dirigea vers Dorian qui les dévia d’un geste de la main. Malheureusement, l’une d’entre elles parvint à se ficher dans le torse du jeune homme. Il n’y prit pas attention jusqu’à ce que Valérian rengaine son épée en ricanant.

  • C’est fini, Fils, déclara-t-il d’une voix amusée.

À peine avait-il prononcé ces mots que la vue de Dorian se troubla. Les fléchettes étaient empoisonnées et le mal était assez virulent pour paralyser ses poumons, l’empêchant d’inspirer comme il le fallait. Il mit un genou au sol tandis que Valérian s’avançait vers lui triomphalement. Il lui glissa au passage un horrible :

  • Ne t’inquiète pas, Fils, je prendrai soin de ta veuve.

Dorian était à présent au sol, cherchant vainement à reprendre son souffle. Sa vue se brouillait, un voile noir commençait à la border. Toute l’âme de Dorian tressaillit de fureur quand Valérian désarma Firiel et la saisit par le bras. Il ferma les yeux, puisant dans le peu de forces qu’il lui restait. Le poison était virulent, il avait traversé tout son corps afin de paralyser les parties vitales. Le mage se concentra et parvint à expulser la bile sombre qui le tuait peu à peu en la vomissant. Sa tête tournait comme lors de ses sorties les plus chargées mais il trouva le courage de se redresser. Il brandit son épée et avisa son père qui, trop intéressé par sa prise de guerre, l’ignorait royalement. Dorian bondit comme un tigre et enfonça sa lame jusqu’à la garde dans le dos de son géniteur.

  • Je vous avais dit de ne pas la toucher, fulmina-t-il.

Il tourna la garde de son arme tandis que Valérian ouvrait grand les yeux sans comprendre réellement comment son fils avait trouvé la force de l’empaler ainsi. Il s’affaissa doucement mais quand son corps toucha le sol, la vie l’avait quitté. Dorian sentit alors ses jambes le lâcher, il se laissa tomber, incapable de retenir son propre poids. Firiel fit une superbe glissade pour arriver à sa hauteur. Son regard brillait d’une lueur de panique.

  • Dorian, ça va, s’enquit-elle d’une voix vibrante ?

Dorian resta au sol, incapable de se relever, il haletait, essayant de retrouver son souffle mais parvint quand même à lui lâcher :

  • Alors, tu as réfléchi à ma proposition ?

Firiel éclata d’un rire nerveux mais le ravala rapidement quand le jeune homme se redressa. Il semblait assez mal en point, le poison ne l’avait pas tué mais continuait doucement à faire quelques dégâts dans son corps.

  • On a une guerre à finir, déclara-t-il fébrilement.
  • La guerre est finie, mon ami, déclara une voix amusée derrière le couple.

Dorian se tourna vers Elminster sans comprendre. Galadrielle apparut à ses côtés et usa de son pouvoir pour remettre le jeune mage sur pieds alors que le vieil homme expliquait :

  • Nous avons défait Drake, Raven a fait une partie non négligeable du travail et la Reine et moi-même avons achevé son œuvre.

Dorian eut un sourire affaibli mais quand son regard se posa sur la dépouille de son père, il se fit soudain plus sombre.

  • Valérian n’est plus, déclara-t-il sobrement.

Elminster posa une main compatissante sur l’épaule du jeune homme :

  • Tu as fait ce qu’il fallait.

Mais l’esprit de Dorian semblait parti ailleurs. Il s’agenouilla devant la dépouille de son père et déclara :

  • Je ramènerai l’enfant. Laissez-moi juste un peu de temps.

Et avant que qui que ce soit n’eût pu faire quelque chose, Dorian disparut emportant le cadavre de Valérian.

***

Dorian réapparut à un endroit où il avait laissé son enfance : les ruines de son ancienne maison, celle qu’il avait habitée étant jeune avec ses parents et sa sœur. Il déposa son père au milieu des décombres et se recula pour observer le tout. Pourquoi ? Pourquoi Valérian avait-il basculé dans la folie ? La réponse était évidente : il serait capable de faire de même si on faisait du mal à Firiel. Il ferma les yeux pour chasser l’horrible vision qui s’était imposée à son esprit et reporta son attention sur la dépouille de Valérian.

  • Puisse la mort vous apporter la paix que la vie vous a refusée, déclara-t-il sobrement.

Puis il usa de sa magie pour enflammer les débris qu’il restait, offrant à son père une ultime crémation. Il observa un long moment le bucher tandis que le soleil pointait à l’Est. En une nuit, ils avaient mis fin à une guerre qui couvait depuis des années. Les augures avaient raison, la venue de l’enfant amènerait la paix. Il fallait à présent espérer qu’elle dure. Il balaya d’un revers de la main les flammes qui subsistaient et éleva une sorte de tertre à l’endroit où se tenaient les restes de son ancienne vie. Il y ajouta une épitaphe gravée dans la pierre : que les anges veillent sur votre repos. Il déposa deux roses de glaces sur la tombe : la première pour sa mère, la seconde pour sa sœur et sans un regard vers l’arrière, il se détourna et repartit dans son royaume.***Quand il apparut dans le monde des glaces, Syphilis se matérialisa sur son épaule.

  • Dorian, il est adorable, déclara le familier d’une voix excitée.

Le mage esquissa un sourire, quoiqu’encore un peu triste puis il s’approcha de l’enfant. Le nourrisson dormait à poings fermés, paisiblement.

  • Tu n’imagines pas ce que tu as fait, aujourd’hui, déclara Dorian à l’héritier.
  • Et toi ? répondit en écho l’hermine.

Le visage du mage se fit soudain plus sombre.

  • J’ai tué la personne sans qui je ne serais pas, déclara-t-il tristement.
  • Tu as fait ce qu’il fallait, répliqua Syphilis, paraphrasant Elminster.
  • Alors pourquoi je me sens aussi mal ?

Syphilis vint caresser la joue de son maître avec sa tête.

  • Parce qu’au fond de toi, tu sais pourquoi il était comme ça.
  • Je pourrais devenir exactement comme lui lâcha le mage dans un souffle. Il serait plus sage de m’éloigner de tout ça, de quitter le royaume elfique avant de faire du mal à ceux que j’aime.
  • Et t’interdire le bonheur que tu touches enfin du doigt, ajouta malicieusement l’hermine. Pourquoi cette pénitence ? Tu as une princesse qui attend avec impatience ton retour. Laisse Valérian dans un coin de son cœur.

Les encouragements de son familier lui arrachèrent un doux sourire. Dorian caressa Syphilis sur le haut du cou puis emporta l’enfant jusqu’aux terres elfiques.

***

Quand Dorian apparut à quelques pas du royaume, il fut surpris par l’effervescence qui y régnait. Le temps n’était pas à pleurer ceux qui ont péri mais plutôt à se réjouir de ceux qui étaient encore là. Les elfes chantaient, fêtant leur victoire comme il se devait. Au palais, la même joie demeurait, quoique un peu plus retenue. Galadrielle était partie assurer la régence de Sorgat jusqu’à ce que l’enfant que Dorian tenait dans ses bras soit en âge de gouverner. Céleste recevait les héros de la guerre pour les remercier comme il se devait de leur aide. Quand Dorian pénétra dans la salle du trône, Calion était félicité pour son abnégation au combat. La solennité du moment fut rompue par Lucinda qui accourut vers le mage pour lui ravir son fils. Elle voulut dire quelque chose mais sa voix lui fit faux bond. Il était clair au rayonnement de son visage et à l’éclat dans ses yeux qu’elle l'aurait encore congratulé un bon millier de fois. Dorian lui rendit son sourire jusqu’à ce que quelqu’un le surprenne en se jetant à son cou.

  • C’est oui, c’est oui, répéta Firiel un éclatant sourire aux lèvres.

Dorian se laissa alors transporter dans l’allégresse du moment. Il recula l’elfe pour mieux la regarder.

  • Ce n’est pas une attitude convenable pour une princesse, la gronda-t-il avec amusement.
  • Ce n’est pas une tenue pour un futur prince, le rabroua-t-elle avec moquerie.

Dorian baissa les yeux sur sa tenue et compris où Firiel voulait en venir, sa chemise était défraîchie, déchirée, tâchée d’une étrange bile noire. Ses cheveux étaient emmêlés, par endroits, collés par le sang. Son visage devait également être marqué par le combat. Dorian usa de sa magie pour reprendre l’allure plus noble qu’il portait lors du repas royal.

  • Tu préfères ? demanda-t-il.
  • Oh j’adore, déclara l’elfe en venant de lover dans ses bras.

Il serra la jeune femme dans ses bras mais osa quand même demander :

  • Et si ta sœur s’oppose à notre union ?
  • Je me moque de ce que pense ma sœur, éluda la jeune femme d’une voix ferme.

Il goûta longuement à ce pur plaisir jusqu’à ce qu’on vienne lui poser une main sur l’épaule. Gardant sa belle dans ses bras, il se retourna vers un Elminster qui semblait fort enjoué.

  • On peut te considérer comme un véritable Haut Mage à présent, mon frère. Il est temps pour toi de choisir ta couleur.

Dorian n’avait même pas un seul instant réfléchi à ça. Chaque enchanteur de la Tour Blanche avait une couleur de prédilection qui faisait qu’on pouvait l’identifier rien qu’à cette mention. Elminster était le Mage Rouge, son père avait été le gris. Il offrit un regard espiègle à son confrère et déclara :

  • Je pense que le Noir me va très bien.

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