15.    Le Banquet - Partie 2

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Dorian apparut dans son monde, un petit peu paniqué. Il localisa Syphilis au beau milieu de la grotte et convergea vers cette dernière. Lorsqu’il entra, il découvrit l’hermine veillant une forme humaine allongée au sol. Elle trottina vers le mage et lui expliqua :

  • J’étais là quand il a surgit de nulle part, dès que j’ai compris qui il était, je l’ai transporté ici. Personne d’autre n’est au courant.

Le mage s’approcha du gisant et le retourna pour voir son visage. Son cœur rata un battement quand il comprit que c’était Elminster. Il était certes mal en point mais vivant.

  • Notre ennemi le sait mort, reprit le familier, c’est un atout à ne pas négliger.

Dorian s’empressa de faire le point sur l’état de santé de l’enchanteur. Sa psyché était passablement tarie, il était rudement blessé et son esprit vacillait entre la vie et le trépas. Le mage s’activa alors pour soigner ce qui pouvait l’être et ressusciter une petite flamme d’éther dans le cœur du vieil homme. Il l’entoura ensuite d’un dôme protecteur pour éviter toute agression externe puis se tourna vers l’hermine pour obtenir plus d’informations :

  • Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, ânonna le familier, il est apparu d’un seul coup, sans prévenir, lâchant au passage une phénoménale aura.
  • Oui, je l’ai senti, avoua le jeune homme. Il n’est rien arrivé de plus ?
  • Non, rien de plus. Dès que j’ai compris, je l’ai transporté ici.
  • Tu as bien fait.

Dorian veilla l’ami de son père longuement et au bout de plusieurs heures, l’aura de protection s’estompa et disparut. Le vieil homme revenait doucement à lui. Il redressa mollement la tête, cherchant un point familier autour de lui, un regard empli de fatigue se posa alors sur le jeune mage et Elminster soupira :

  • Je savais que l’enfer était un endroit froid et hostile mais je ne m’attendais pas à ce que tu te battes pour être le premier à m’accueillir. Je suis désolé pour tout, mon enfant, je suis vraiment navré.

Dorian eut un rire amusé et déclara :

  • Vous êtes encore en vie.
  • C’est impossible, ricana le vieil homme, quand le monstre a attaqué, tu devais être exécuté et puis… tu ne porterais pas un tel accoutrement si tu n’étais pas mort.

Dorian se rendit alors compte qu’il portait toujours son habit d’apparat.

  • J’ai échappé une nouvelle fois à mon sort quand vous êtes mort, déclara le jeune homme, Firiel est venue me chercher et nous avons vaincu ce monstre.
  • Tu l’as vraiment mis à bas ? s’étonna le vieil enchanteur.
  • Raven a quasiment fait tout le travail, déclara Dorian en minimisant son rôle dans l’affaire.

Un long silence s’installa avant qu’Elminster ne le brise :

  • Comment ça se passe là-bas ?
  • Il n’y a pas grand-chose à dire, la nouvelle de votre décès a fait le tour du monde. Drake doit s’en féliciter.
  • Qui sait que je n’ai pas péri ?
  • À part moi, personne. Syphilis a eu la présence d’esprit de vous envoyer ici. Je pense qu’il serait judicieux de continuer à le taire. Au moins jusqu’à ce que nous ayons un plan infaillible.

Elminster secoua la tête en signe de négation :

  • Il faut au moins prévenir la Reine.
  • Je vais le faire, promit Dorian, quant à vous, reposez-vous. Vous avez usé de beaucoup de force, il faut la rétablir.

Le jeune homme tourna les talons et disparut soudain, laissant le vieux magicien se reposer.

***

Avant de retrouver le palais de la Reine, Dorian prit soin de changer de tenue. La chemise étriquée lui allait certes bien mais il se sentait plus à l’aise dans des habits plus usuels. Il réapparut dans l’antichambre de la salle à manger. À en croire les portes grandes ouvertes, le repas semblait fini, cependant, il y avait une discussion des plus animées à l’intérieur de la pièce. Le mage capta quelques bribes de la conversation et comprit rapidement que Firiel et Céleste se disputaient à son sujet.

  • Ne vois-tu pas qu’il essaie d’atteindre la Reine et le pouvoir au travers de toi ?
  • Non, c’est faux, hurla Firiel d’un ton colérique. Il…

Mais elle semblait chercher un argument qui tardait à venir. Dorian intervint à ce moment précis :

  • Non, c’est faux, reprit-il volontairement en s’avançant vers les deux femmes, si j’avais voulu atteindre la Reine ou même le pouvoir...

Il s’arrêta à quelques pas de Céleste et la dévisagea avec un regard de prédateur.

  • ... C’est vous que j’aurais tenté de séduire. Après tout, n’êtes-vous pas celle qui succèdera la Reine quand elle ne sera plus ?

Il eut un sourire amusé en voyant Céleste reculer d’un pas puis se tourna vers Firiel pour lui prendre la main.

  • Tu es la seule chose qui m’importe dans ce royaume.
  • Comme Roxanne ? L’aiguillonna Céleste.

Firiel lâcha la main de Dorian quand elle vit sur le visage de ce dernier un masque de colère. Il ferma les yeux pour retrouver un peu de sérénité puis, tournant le dos à Céleste, et gardant la tête baissée et les yeux fermés, il déclara d’une voix polaire :

  • Vous étiez présente ? Vous savez ce qu’il s’est passé ?
  • Oui, continua d’agresser Céleste, vous l’avez tuée et vous avez apporté sa dépouille comme un trophée à son père.

Dorian s’anima d’un seul coup, il se redressa avec vigueur et vint planter ses pupilles dans ceux de la princesse.

  • J’aimais Roxanne, avoua-t-il, j’ai fait ce que j’ai pu pour la protéger. Pour la préserver de moi et surtout de mon père. J’ai un tort dans cette histoire, je l’admets, j’aurais dû la regarder droit dans les yeux le jour où je lui ai dit que je ne voulais plus la voir. Elle aurait décelé mon mensonge, certes, mais j’aurais pu anticiper l’attaque avant qu’elle ne survienne. J’aurais pu la protéger, j’aurais pu la sauver.

Il se détourna, trop anéanti par ce souvenir.

  • J’aurais pu faire quelque chose avant que le lieu où nous nous trouvions ne devienne la proie des flammes.

Il sentit une main compatissante se poser sur son épaule ; sans doute celle de Firiel car sa voix accompagna le geste :

  • Je l’ignorais, murmura-t-elle.
  • Personne ne le sait, reprit le mage, mon père a profité de ma détresse pour asseoir son pouvoir sur Sorgat. J’ai compris ce jour-là que Valérian était devenu mauvais et qu’il ne reviendrait jamais. Je n’étais plus retourné à sa forteresse avant…

Il glissa un regard vers Firiel et acheva :

  • … notre combat.

Céleste s’avança vers eux et soupira :

  • Rien ne me prouve que tu dis la vérité. Je ne veux pas que tu fasses du mal à ma sœur.

Dorian releva la tête et la dévisagea :

  • Si un jour cela devait m’arriver, je vous en prie, tuez-moi.

Il reporta ensuite son attention sur Firiel et lui demanda :

  • Je dois voir ta sœur, où est-elle ?
  • Juste ici, répondit Galadrielle en sortant de nulle part.

La Reine convergea vers le petit groupe.

  • Ce fut un échange intéressant, reprit-elle.
  • Pas autant que la nouvelle que j’ai à vous annoncer, Madame, répliqua solennellement le jeune homme.

La Reine le regarda d’un air inquiet puis Dorian lâcha solennellement :

  • Elminster est de retour.

Un long silence accompagna cette révélation, puis la Reine s’emporta :

  • Il faut préparer des États généraux, prévenir tout le monde que…
  • Non, trancha froidement Dorian. J’aimerai que cette information reste entre nous. Drake est certain de nous avoir affaiblis en nous envoyant le démon. Gardons cet atout secret pour le moment.
  • Tu penses qu’il y a des traitres parmi nous ? s’étonna Galadrielle.
  • J’ai la conviction que Drake sait des choses qui n’auraient pas dû quitter nos conseils de guerre, répondit laconiquement Dorian. Je pense avoir un plan : quelque chose de fou mais si cela réussit, ça pourrait faire basculer cette guerre en notre faveur.

Galadrielle l’écouta avec attention, puis déclara :

  • Alors il faut qu’on se réunisse, un petit groupe trié sur le volet. Firiel, va voir Calion et les autres chefs de guerre elfique. Dis-leur qu’une réunion aura lieu demain matin à l’aube.

Firiel acquiesça sans rechigner et disparut. La Reine ne tarda pas à lui emboiter le pas, laissant Dorian seul avec Céleste. La princesse le toisa comme si elle avait des reproches à lui faire. Dorian comprit que la situation s’envenimerait s’il ne perçait pas l’abcès rapidement :

  • Qu’est-ce qui ne va pas avec moi ? demanda-t-il d’un ton tranchant.
  • Vous êtes dangereux, répondit l’elfe d’une voix dure. Ma sœur pourrait aisément se trouver un doux époux qui lui prodiguerait un amour sans faille. Je réprouve le fait qu’elle se lie avec quelqu’un comme vous. Galadrielle a vu l’avenir, elle sait comment tout se terminera. Il est écrit dans sa destinée que Firiel rencontrerait un mage qui allait lui apporter le plus grand bonheur qu’elle n’eut jamais vécu mais qui sera également le point de départ de sa destruction. Si vous l’aimez réellement, quittez-la avant de lui faire du mal.
  • Qu’est-ce qui vous dit que mon éloignement ne sera pas le début de sa déchéance ? Ce qui est inscrit dans les astres n’est pas immuable.
  • Si ça l’est, s’énerva Céleste.

Dorian eut un sourire amusé quand il comprit pourquoi la jeune femme s’emportait comme ça.

  • Mon destin était d’être un Mage Noir craint dans le monde entier. J’aurai pu être un fléau plus redouté que Drake si je l’avais voulu. La vie est faite de choix. Qu’ils soient bons ou mauvais, ils ne seront jamais écrits, pour personne, pas même pour vous.

Céleste le regarda étonné de ses paroles :

  • Ma destinée est d’épouser le futur héritier de la couronne elfique et c’est ce qui arrivera.
  • Mais vous en aimez un autre.

Dorian eut un sourire amusé quand Céleste le dévisagea, choquée qu’il ait visé aussi juste :

  • D’où tenez-vous cette information ? Personne n’est au courant !
  • Qui sait, peut-être vos chemins se recroiseront et ce jour-là, vous ferez un autre choix.
  • La paix et la stabilité de ce monde reposent sur mes épaules, sur cette union.
  • Rien ne dit que la paix du monde ne pourrait pas aller sur les épaules de quelqu’un d’autre.

Céleste pesa ses mots mais, ne parvenant pas à contrer les arguments du jeune mage, elle déclara comme capitulant :

  • J’ai peur qu’il arrive malheur à Firiel.
  • C’est également ma plus grande crainte, avoua Dorian. Mais de toute façon, si son destin est déjà écrit, nos choix ne changeront rien.
  • Si vous lui faites le moindre mal…
  • Alors vous aurez bien raison de m’en vouloir, le coupa Dorian.

Le mage devina qu’il ne serait pas aisé de faire changer l’elfe d’avis, mais à présent, il comprenait ce qu’elle avait sur le cœur. Il se détourna de la jeune femme et quitta la salle. Il avait des choses à faire, un plan à mettre au point et pourquoi pas, la paix à instaurer sur ces terres.

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