Chapitre 17 : 

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Nous avançons jusqu'au restaurant. Un serveur s'approche de nous et nous demande nos noms. Matt lui répond et ce dernier nous indique notre table. Nous nous y installons.

Ici, je ne me sens pas à l'aise. Ce n'est pas mon monde. Je n'ai pas l'habitude du luxe. Et, honnêtement ça ne m'attire pas plus que ça. Lorsque je regarde les gens autour de moi, je ne vois que leur carapace. Aucun d'eux n'agies naturellement. Mais, je ne dis rien pour ne pas gâcher ce moment. De toute façon nous n’allons pas rester là éternellement. Alors, je me contente d'analyser le menu puis commande une salade accompagnée d’un verre d'eau. Matt, quant à lui, décide de manger la spécialité du restaurant.

En attendant notre repas, nous en profitons pour discuter un peu. Il me raconte les souvenirs liés à son enfance et à son adolescence ce qui me permet d’en savoir un peu plus sur lui.

S’il m'avait expliqué tout ça quelques semaines plus tôt, je sais que je n'aurais pas hésité à utiliser ces informations pour me venger de lui encore une fois. Maintenant, à part regretter mes actions, je ne peux plus rien faire.

Le serveur s'approche de nous et dépose nos assiettes. Nous le remercions. Il s'incline et s'éloigne de notre table. Nous commençons à manger. Notre discussion se poursuit. Chacun en apprend davantage sur l'autre. Mais, lorsque le silence prend place, Matt monopolise la parole :

- Je te trouve magnifique ce soir.

- Hmm, je te remercie. Je te trouve pas mal non plus.

- Pas mal ? Tu rigole ! J'ai enfilé cette chose que pour t'impressionner et tu me trouve « pas mal » ?

- Je blague ! Tu es vraiment susceptible dis donc !

- Oui, très !

On continue de se marrer jusqu'à la fin du dîner. C'était vraiment une journée parfaite. Même si je ne pensais pas pouvoir autant me dévoiler, j'ai réussi. J'ai tenu ma promesse et maintenant nous nous connaissons beaucoup mieux. Je sais à présent qu'il a 19 ans, qu'il vit toujours avec ses parents, qu'il a eu une enfance banale mais heureuse. Et ce n'est pas tout. Je sais aussi qu'il veut exercer plus tard le métier de chirurgien, qu'il compte déménager dans un endroit calme après s'être marier et qu'il adore la couleur bleue. Je pense que pour un début c'est déjà très bien. De toute façon je découvrirai le reste avec le temps. Me concernant, il sait que j'ai 18 ans. Que je vis seule depuis la mort de ma mère. Que mon enfance a été banale comme la sienne et qu'à part le fait de vouloir devenir pédiatre, je n'ai aucun plan concernant mon futur.

Ayant l'estomac plein, je dépose ma fourchette, m'essuie la bouche et regarde l'heure. Il est déjà dix-huit heure. Il faudrait qu'on se dépêche si on ne veut pas être bloqués dans les embouteillages. En plus j'ai promis à Célia d'aller dormir chez elle ce soir. Mademoiselle ne veut pas attendre demain pour savoir tous les ragots. Elle est tellement curieuse. Je sais très bien que si je ne lui raconte pas tout ce soir, elle ne dormira pas.

Cependant, pile au moment où j'allais proposer à Matt de partir, il se lève et s'approche de moi. Il me tend la main et me demande de lui accorder une dance. Je secoue la tête de gauche à droite sans le regarder dans les yeux. Mais étant autant têtue que je ne le suis moi-même, il m'attrape par la taille et me conduit sur la piste de danse. Je n'essaye pas de m'en détacher car je sais que tous les yeux sont posés sur nous en ce moment même. Ça serait la pire des hontes pour nous deux.

La piste est totalement vide. Nous sommes les seuls à nous dandiner au milieu. Les projecteurs se braquent sur nous et les lumières s'éteignent. Une ambiance très romantique prend place. Je déteste ça. Quelques applaudissements se font entendre et j'hésite toujours à quitter le restaurant. Mais, lorsque Matt pose son front contre le mien et que nos visages se rapprochent dangereusement, mon cœur tambourine contre ma poitrine. J'ai l'impression qu'il veut s'échapper de mon corps, qui lui, tremble comme une feuille. Nos respirations se touchent et ses mains s'agrippent plus fermement à ma taille. Nous continuons à bouger au rythme de la musique mais la tension qu'on ressent chacun de notre côté nous déstabilise. Lorsque ses lèvres sont sur le point de frôler les miennes, je m'avance vers son oreille et lui chuchote :

- Je ne nie pas que tu provoques quelque chose en moi mais je ne veux pas sauter des étapes. J'ai trop peur de me brûler les ailes. Je ne peux pas prendre en vue de souffrir comme avant.

Il fait en sorte de croiser mon regard. Il me caresse la joue puis se penche à son tour. Une fois assez proche de mon oreille, sa respiration se pose sur mon épaule. J'ai l'impression que des décharges électriques se propagent le long de mon bras.

- Je suis désolé Sheila. Ne m'en veut pas. Je sais que tu as besoin de temps. Je sais que tu as peur. Mais ce que tu me fais ressentir est totalement nouveau pour moi. J'essaye de faire du mieux que je peux. Mais, je te veux près de moi tout le temps. Je veux pouvoir sentir ta respiration sur ma peau, m'enivrer de ton odeur, caresser tes cheveux pendant des heures. Je te veux toi tout simplement.

Cette fois ci, un petit hoquet s'échappe de ma bouche et je ne trouve rien à dire. Il vient de me déclarer sa flamme ouvertement. Que lui répondre ? Je ne peux pas lui mentir et je ne veux pas le blesser non plus. Certes, je suis extrêmement attirée par lui mais est-ce-que je l'aime ? je ne connais pas la réponse moi-même. Je suis perdue. Je savais que cette journée était trop parfaite pour être réel. Il fallait bien quelque chose pour tout gâcher. Néanmoins, je prends mon courage à deux mains et me détachant de son étreinte, je lui lance :

- On devrait commencer à partir. Il se fait tard et je dois encore me rendre chez Célia.

- Sérieusement ? C'est la seule chose que tu trouves à dire ? je viens de te dire que je t'aime bordel ! Tu t'en rends compte ?

Il commence à hurler et je me sens comme une moins que rien. J'essaye de répliquer mais il ne me laisse pas en placer une. Je l'ai blessé et j'en suis consciente. Mais, je lui avais dit. Je l'avais prévenu. Il devait être patient. Il ne devait pas bousculer les choses. Et, c'est exactement ce qu'il est en train de faire. Voilà, il est comme tous les autres. Il veut tout et tout de suite.

Des larmes roulent abondamment sur mes joues et à présent je regrette d'avoir accepté son invitation. Sans réfléchir, je récupère mon sac et sors de l'hôtel. Je marche sans savoir où je vais. J'entends Matt s'approcher en criant mon prénom. J'accélère le pas. Les talons me rendent la tâche encore plus difficile. Je trébuche à plusieurs reprise et la dernière ne me pardonne pas. Je me tords la cheville et tombe par terre. Je souffre beaucoup. Je sais qu'il n'y a rien de cassé vu que ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Mais, je ne pourrais pas empêcher le gonflement.

Profitant de la situation, Matt me rattrape et essaye de m'aider à me relever. Je lui crie de ne pas me toucher. Il recule donc de quelques pas. Je me redresse difficilement et lui fais face. Je pointe mon doigt dans sa direction et crache tout ce que j'ai en moi :

- Tu... tu n'es qu'un con Matt ! Tu as tout gâcher ! Bravo ! Je t'avais dit d'être patient ! Je t'avais prévenu ! Tu as accepté en sachant les conséquences ! Je ne suis pas du genre à dire « je t'aime » à une personne alors que ce n'est pas vrai ! Comme je te l'ai dit tout à l'heure, je ne nie pas le fait de ressentir quelque chose envers toi. A chaque fois que tu t'approches de moi mon cœur n'en fait qu'à sa tête. Quand ta respiration frôle ma peau, des frissons parcours la totalité de mon corps. Lorsque nos regards se croisent, je voyage dans d'autres mondes. Je ne nie pas tout ça ! Mais, si c'est nouveau pour toi, alors met toi à ma place. Jusqu'à présent, aucun homme n'a eu la possibilité de m'emmener dans un endroit inconnu toute une journée. Aucun homme n'a eu la chance de danser avec moi. Aucun n'a pu s'approcher autant de moi ! Mais tu ne te rends pas compte des efforts que je fais pour toi !

- Et puis c'est moi que tu oses traiter de con !

- Pardon ?

- Tu ne vois pas que ce que tu décris c'est l'amour ? Qu'est ce qui provoque tout ce que tu ressens à ton avis ? Pourquoi ton cœur devrait battre à chacune de mes approches ? Pourquoi des frissons devraient parcourir ton corps sans que je ne te touche ? Pourquoi ? Si ce n'était que de l'attirance, ton cœur ne s'emballerait pas. Mes yeux ne provoqueraient rien en toi. Comprend le une bonne fois pour toute ! Je ressens exactement tout ça depuis la première fois que je t'ai vu dans ce putain d'amphithéâtre ! Et puis, ne t'inquiète pas. Je sais très bien tout ce que tu as fait pour moi !

Le silence s'installe. Je réfléchis un petit instant et me rends à l'évidence. Il a bien raison. Ce qui me faisait peur tout ce temps c'était de tomber sous son charme. Et maintenant, ce qui me tétanise c'est de l'accepter. Tout en boitant, je m'approche de lui et le prends dans mes bras. Je ne sais pas pourquoi je fais ça, pourtant, il n'hésite pas une seconde et me rend mon étreinte. Il me caresse les cheveux tout en respirant leur odeur. Quant à moi, je me blottis dans le creux de son cou. On reste ainsi pendant un très long moment. Le remarquant je me décale, reprends mes esprits et lui demande :

- Alors ? Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

- Comment ça ?

- Bah c'est bon tu as eu ce que tu voulais non ? Tu sais ce que je ressens...

- Oui et ? Tu penses quoi ? Que je vais me barrer ? Que j'attendais ça pour te dire que ce n'étais qu'une blague ? En tout cas, si c'est le cas, je t'assure que tu te trompes !

- Dis-moi ce que tu veux de moi alors !

- Je veux que tu sois ma femme !

- P... Pardon ?

- Ce que j'essaye de dire c'est que je veux qu'on essaye d'être ensemble !

- Tu en est sûr ?

- Je n'ai jamais était autant sûr de toute ma vie.

- Alors promet moi que tu ne vas jamais me faire souffrir ! Promets-moi que tu ne m’abandonneras jamais ! Promet moi que ma fin ne sera pas comme celle de ma mère !

- Je te le promet ! Même si je le voulais, je ne pourrais jamais te faire du mal !

- Alors je veux bien essayer !

- Si tu savais à quel point je suis heureux ! Je suis même l'homme le plus heureux du monde à présent !

- N'abuse pas !

- Allez, on devrait rentrer ! Mais demandons d'abord des glaçons pour que tu puisses t'éviter un bleu à la cheville.

J'accepte d'un signe de tête. J'avance petit à petit. Je souffre énormément. Matt m'aide en me prenant par la taille, et moi, je passe mon bras autour de son cou. Il me dépose à la voiture et va pour récupérer de la glace. Il revient quelques minutes plus tard et le moteur de la voiture se met en marche. La nuit est déjà tombée depuis un petit moment. J'observe le paysage en pensant à tout ce qu'il s'est passé. D'ailleurs, je n'y crois toujours pas. Je suis en couple avec Matt. C'est bon, c'est officiel. Comment suis-je tombée sous son charme ? Je n'en ai aucune idée. Lui qui me répugnait au début, est devenu presque indispensable à mes yeux.

La beauté de l'obscurité me berce et je m’endors comme un bébé. Cette journée a été très éprouvante. Mais, depuis un an, c'est la première fois que je suis autant heureuse.

Une bonne heure s'écoule avant que le moteur ne se taise. Lorsque j'ouvre les yeux, nous sommes garés devant l'appartement de ma meilleure amie. Matt replace une mèche de cheveux derrière mon oreille et me sourit.

- J'aurais bien voulu t'accompagner mais j'ai encore un peu de mal à regarder Célia en face. Je me sens mal à l'aise.

- Tu ne devrais pas pourtant. Elle a déjà tout oublié. Bien sûr, Bastien l'a beaucoup aidé. Elle a débuté une toute nouvelle histoire avec lui.

- Je suis content pour elle. Elle le mérite. C'est une fille géniale.

- C'est vrai, il n'y en a pas deux comme elle.

- Bon, tu devrais y aller. Elle doit sûrement t'attendre.

- Oui tu as raison, j'y vais.

J'ouvre la porte mais Matt me retient.

- Je ne veux pas que tu parte. Reste avec moi. Juste cette nuit.

- Je ne peux pas, je lui ai promis.

- Okaay. Alors fait moi un bisou au moins. Un bisou pour me dire bonne nuit.

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