REMEMBER ME PLEASE

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( deuxième photo )

 Il parait qu'il y a encore un mois et demi j'étais un autre de ces élèves d'écoles d'élites. Il parait que j'étais même le meilleur d'entre eux. Il parait que j'avais décroché la bourse pour étudier à l'UCLA. Il parait que j'étais le seul. Il parait qu'à côté de mes cours de politique et de journalisme je faisais de la course à pieds à haut niveau. Il parait que je ne connaissais pas l'échec. Qu'il ne faisait pas parti de moi. 

 On me répète tout les jours cela. Mais on me répète aussi "ça va Cameron, c'est normal d'être fatigué, surtout après ce que tu as vécu". Or, la seule chose que je sais, c'est que je m'appelle Cameron (ils n'arrètent pas de le dire) et que je ne sais rien de moi, de ces gens qui se disent être mes parents, de l'histoire (la mienne selon eux) qu'ils me répètent jours et nuits, et surtout de ce que j'ai 'vécu'. Chose dont je ne me souviens pas non plus. Mais je sais une chose. J'entends en boucle une phrase dite par une voix de jeune femme. "Remember me please". Cette voix est pleine d'espérance, d'espoir, d'attente mais aussi d'une autre chose. Le seul problème c'est que cette voix n'appartient à aucune personne qui est venue me voir.

***

 Depuis quelques jours ma vie consiste à me réveiller le matin, dans mon lit d'hôpital, allumer ma lumière, la télé, regarder mon téléphone mais je n'ai aucun message. Appeler l'infirmière pour aller me doucher, enfin la prévenir. Me doucher. Me remettre dans mon lit. Manger mon petit-déjeuner (toujours un pain avec du fromage à tartiner et une pomme) devant la télé. Regarder la télé. Manger mon déjeuner. Voir mes parents. Regarder la télé. Réfléchir à cette voix. Diner. Regarder la télé. Et dormir.

 Quelle vie passionante, hein ? Je sais. Ah si ! J'ai oublié. Devant la télé j'écris. C'est la chose à retenir. J'écris. Encore et encore. Et souvent j'écris sur cette voix. Cette voix que je ne connais que par ma tête et pour autant j'ai l'impression de l'avoir bien plus connue, d'avoir partagé quelque chose avec elle. Quoi ? Je ne sais pas. Comment je le sais ? Aucune idée.

***

Il faut que je vous raconte quelque chose les amis. Enfin mon carnet que personne ne lira. Je mangeais en mode tranquille comme d'habitude sauf que j'ai eu un énorme bug. Il parait que je bavais et que ma fourchette était en l'air et que j'ai tout fait tomber. Brefff. Revenons au sujet. Je mangeais. Mes spaghettis carbo. Et j'ai vu une fille, un canon plutôt, grande, blonde, avec des yeux gris dans lesquels mon regard s'est plongé. On était dans une soirée, avec beaucoup de monde. Mais je ne voyais qu'elle. Elle dansait. Elle était magnifique .

Bref voilà, je me suis dit qu'il fallait que je l'écrive.

***

J'ai encore eu un bug. Je ne sais pas si je dois en parler à quelqu'un. En fait, je commence limite à flipper là... J'étais sur une barque, je ne sais où, l'eau était turquoise, ça ressemblait à moitié à la Grèce. J'étais en short, il faisait chaud. Et il y avait la même fille que la dernière fois, avec une longue robe jaune. Elle était magnifique. Elle prenait des photos du paysage. Puis elle en a prise une de moi. Elle avait l'air heureuse. Elle ne parlait pas. Elle souriait et regardait le paysage et me souriait. Elle était magnifique encore une fois.

***

Je dormais et j'ai fait un rêve. J'étais dans un appartement qui me semblait bien familier. J'étais assis à un bar, entre une cuisine et un salon. Je travaillais un cours de Droit je crois. De Droit de la famille même. En haut de la feuille il y avait le symbole de l'UCLA. J'écrivais un article. En face de moi, dans la cuisine la fille faisait à manger. Il y avait un garçon sur le canapé. Lui aussi me semblait familier. Cam ? Eh oh ? Je te parle là. Jene savais pas quoi répondre. La fille lui disait Il bosse Evan, laisse tomber. Je me souviens avoir voulu lui répondre mais je ne pouvais pas. Mouais, il abuse quand même un peu là... Je ne sais pas comment tu fais pour sortir avec lui Sarah. Et moi je ne sais pas comment tu fais pour le supporter depuis 19 ans. Comme ça nous sommes quitte. P'tite fourbe vas. Ils parlaient comme si je n'existait pas. C'était très bizarre. Seulement, le plus étrange c'est que j'avais l'impression d'avoir vécu cette scène... Et la voix de cette fille, Sarah, était celle de la voix que j'entends tout le temps.

***

Si en trois semaines à l'hôpital j'ai appris quelque chose, c'est bel et bien que généralement quand j'ai une migraine c'est que je vais à nouveau avoir un bug. Et cette fois je compte bien vous embarquer avec moi.

" Mon téléphone n'arrète pas de sonner. C'est au moins la troisième fois en à peine deux minutes. Je sors discrètement de l'amphi-théâtre où se situe mon cours d'études des politiques modernes. J'ai quinze appels manqués de Sarah. C'est étrange pour deux raisons. Jamais elle ne m'appelle, on communique toujours par messages. Et jamais elle ne me met de message quand je suis en cours. J'ai un message vocal. Cam... tu fais quoi sérieux ? Je...Michael...Bois..Jurill. Le message n'arrète pas de couper mais ça ne m'empêche pas de sentir la gravité de la situation. Sans même chercher à récupérer mes affaires je pars en courant vers ma voiture. Si ce psychopate de Michael la touche... Jamais je ne me le pardonnerais...

J'ai beau conduire plus vite que je ne le devrais les minutes me semble être des heures. Plus le temps passe plus j'ai l'impression de m'éloigner d'elle. J'essaye tout le temps de l'appeler mais elle ne répond pas.

Je suis enfin au parking du bois de Jurill. Il y a un 4*4. Celui de Michael j'imagine. Lorsque je regarde à l'intérieur je sens mon sang se glacer. Il y a les converses de Sarah dedans. Or, jamais elle ne les abandonnerai. Jamais. Elle y tient bien trop pour cela. J'appelle Evan en même temps que je cours. Je lui demande d'appeler la police en lui expliquant la situation. En même temps je cours pour trouver Sarah.

Je cours. Je sens mes poumons me brûler mais je ne m'arréterais pas tant que je ne l'aurais pas trouver.

J'arrive au bord de la D71. Je vois au loin une silhouette courir. Je n'ai jamais couru aussi vite de ma vie. Je crie son nom. Je m'époumone. Mon souffle est tellement saccadé que je ne peux quasiment plus respirer. J'ai mal partout mais jamais je ne m'arréterais. Jamais.

Jene suis plus qu'à quelque pas de Sarah et du psychopate. Il tombe sur le côté mais elle ne le voie pas et continue. Elle ne voit pas non plus la voiture qui lui arrive dessus. Je cours encore plus vite pour la pousser, pour la sauver et je cris son nom.
Je sens que ma tête frappe quelque chose. Tout devient noir et j'entends un énorme bourdonnement. "

***

J'ai raconté ce que j'ai vu à mes parents. Ils avaient l'air de s'effondrer. Ils m'ont expliqué que Sarah ne s'était pas révéillée. Et que la voix que j'entendais devait être une illusion. Que ça devait m'aider à guérir.

***

Il parait qu'il y a encore un mois et demi j'étais un autre de ces élèves d'écoles d'élites. Il parait que j'étais même le meilleur d'entre eux. Il parait que j'avais décroché la bourse pour étudier à l'UCLA. Il parait que j'étais le seul. Il parait qu'à côté de mes cours de politique et de journalisme je faisais de la course à pieds à haut niveau. Il parait que je ne connaissais pas l'échec. Qu'il ne faisait pas parti de moi. 

Ce garçon a disparu en même temps que mon autre moitié. Depuis je ne suis qu'un fantôme à la recherche de quelques signes de vie, de bonheur, de lumière.


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