Epilogue - ALLEN

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Certaines choses sont immuables.

D'autres peuvent changer, même après coup.

Notre défaite fait partie de celles qui n'appartiennent ni à une catégorie, ni à l'autre, du moins dans mon esprit.

Il y a deux mois, l'Organisation a perdu près de la moitié de ses troupes, mais surtout, elle a perdu son visage, son atout.

Il y a deux mois, nous avons perdu Astrid.

Perdu ? Non, en vérité pas vraiment. Parce que, comment pourrions-nous oublier l'élan d'espoir qu'Astrid fait encore vibrer en nous ?

Le Gouvernement a marqué une victoire retentissante contre nous en ce jour, mais il ne peut l'acclamer nulle part, parce que cette victoire n'est pas totale. Grâce à Astrid, la situation n'est pas exactement la même qu'avant. Elle a évolué, pour la rebellion comme pour moi.

Car malgré tout ce qui pourrait me pousser à penser le contraire, je reste persuadé qu'elle est en vie, là, quelque part, à attendre. Attendre quoi, ça je ne sais pas. Peut-être que, un jour, j'arriverai à la retrouver, mais qu'elle ne sera plus qu'un fantôme. Peut-être que dans ses yeux, la flamme de la bataille sera à jamais éteinte. Peut-être que le Gouvernement aura réussi à la briser, une fois pour toutes. Je ne pourrai pas lui en vouloir ; elle leur a résisté un nombre incalculable de fois, même quand tout la poussait à abandonner la lutte. Non, je ne pourrai pas l'en blâmer, et jamais je ne l'abandonnerai pour autant.

Pendant des mois entiers, je me suis moi aussi battu pour cette cause, pour libérer les femmes, pour rendre aux hommes leur liberté de penser... mais je ne comprenais pas vraiment la haine, la rage brûlante qui animait Astrid. Parce que je suis un homme, parce que, contrairement à elle, je n'ai connu ni le Sanctuaire ni l'oppression de sentir une espèce entière liguée contre moi. Même si je faisais partie de la résistance, je restais l'oppresseur. J'étais là parce qu'elle était là. Je l'aurais suivie jusqu'au bout du monde, mais simplement par amour pour elle, mon amour de frère, alors que ses gestes n'étaient dictés que par la volonté de réparer les torts de nos ancêtres.

Aujourd'hui, aussi incroyable que cela puisse paraître, je comprends enfin.

Je comprends, et mieux encore, je le ressens.

Je connais enfin cette force qui l'animait chaque seconde, de chaque minute, de chaque heure, de chaque jour, de chaque mois, de chaque année, même si elle était également liée à la lassitude et au désespoir. Parfois, ma tâche me semblera impossible, souvent, je serai tenté de baisser les bras, mais jamais je ne cèderai, parce que quelque part dans le noir, une douce lueur d'espoir me guidera toujours, me redonnant l'envie et la détermination.

Pour ma soeur, cette lueur était sa féminité, et celle de tant d'autres.

Pour moi, elle porte un nom plus précis, ou plutôt un prénom, mais elle est tout aussi puissante.

Ma lueur se nomme Astrid.

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