Réalité

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 L'arrivée à l'hôpitale se fit brusque. Tous criaient des ordres. Ils prirent tous les membres de la familles pour les installer dans des salles de réanimation. Je suis le seul qui n'ai pas été pris en charge. Je mordais tous ceux qui voulaient m'éloigner de ceux qui me sont chers. J'ai observé la tentative de réanimation de Claudia.

 Derrière la vitre, des blouses blanches se pressaient. Claudia, elle, était installée, sans vie sur une table. Je pouvais lire la panique dans les yeux des médecins.

"Ecartez vous !"

Première décharge. Sur électrocardiogramme on voyait toujours une ligne droite.

"Reculez !"

 Deuxième décharge. Le corps de Claudia était pris d'une convulsion. Je ne pu m'empêcher d'essayer de me rapprocher et de, par conséquent, me prendre la vitre qui nous séparait elle et moi. J'étais dans l'incapacité de l'aider. Tout ce que je pouvais faire était de prier. S'il y avait un dieu dans ce monde, ce serait le bon moment qu'il me le prouve maintenant.

"Eloignez vous !"

 Troisième décharge. Mon cœur battait à tout rompre. Imaginer la vie sans elle, impossible. Le matin, lorsque je me lève dans mon lit, sans elle. Le déjeuner que je prends, sans elle. Le soir lorsque je rentre du travail, sans elle. Les week-ends, interminables, sans elle. Je fixais la ligne représentant son battement de cœur et m'accrochais désepérément à la possibilité que celle-ci bouge enfin. Mais non. Cette ligne est resté trop longtemps sans mouvement et ne peux plus jamais montrer un signe de vie à nouveau.

"Heure du décès, 18h12. Prénom Claudia, nom de famille..."

 Je n'écoutais pas la suite. C'était fini. La plus belle personne que j'ai jamais trouvé, morte par ma faute. Mon cauchemar, n'était plus, il était devenu réalité. Je restai un moment dans mon esprit à essayer d'accepter le fait qu'elle soit partie, lorsque quelqu'un tirait ma manche. C'était Axel, il ne comprenait as exactement ce qu'il se passait, mais à sa tête, il semblait avoir compris la nouvelle. Pourtant, il n'en dit pas un mot.

"Papa, il faut qu'on aille voir Mary." dit-il.

 Mary, mon dernier espoir. Celle qui ressemblait à ma défunte femme. Celle qui pourrait la faire vivre.

"- Par où faut-il aller ?

- Par là papa."

 Et je le suivi. Avec mon pied blessé, je boîtais, je ne l'avais pas remarqué jusqu'à maintenant, mais mon fils marche plus vite que moi. Le chemin allait être long et pénible. J'en profitais pour vérifier l'état de mon fils. Il n'as aucune blessure apparente. Je lui demande :

"- Où étais tu lors de l'incendie.

- J-j'étais avec maman et Mary. Et j'ai senti une odeur de bruler, je suis sorti et après je pouvais plus re-rentrer."

 D'abord, la colère me monta. Il aurait pu prévoire quelque chose. Puis je me suis rappellé que ce n'était qu'un enfant, le mien qui plus est. Alex était faible de constitution, s'il avait essayé de re-rentrer dans la maison, il y serait sûrement resté. De plus, il est peut-être le seul qui parviendra à échapper à la mort avec moi. Non, je dois rester positif. Nous serons trois à échapper à la mort.

"- Tu as bien fait.

- C'est vrai !

- Si tu étais resté avec eux, j'aurais peut-être perdu du temps, et Mary peut toujours être sauvée, je ne te reproche rien"

 Avec les larmes aux yeux et un sourire triste sur les lèvres, il me sauta dans les bras. Mon pied blessé me portait, je ressentis une douleur affreuse qui m'arracha un petit gémissement. Il recula, gêné et s'excusa. Nous continuons le chemin. Arrivés, voyons le corps de Mary disposé de la même façon que le corps de Claudia. Cette fois-ci, nous avions la possibilité de rentrer dans la salle d'opération, pour la simple et bonne raison qu'il n'y avait pas de danger élécrtrique dans cette salle. Le seul appareil dans les alentours était à 5 minutes d'ici en emprintant un dédale de couloirs.

 J'entre dans la salle. Mary a un masque de respiration au niveau de la bouche. Elle semble être en équillibre entre la vie et la mort. Alex et moi restons au fond à l'observer respirer faiblement. Le docteur vint vers nous et nous dit :

"- La fumée occupe ses poumons. Nous entamons un processus de déintoxication. Il y a peu de chances qu'elle survive à cet expérience. Nous pensons qu'il serait mieux que vous deux restez près d'elle, le temps qu'il lui reste. Nous continuerons bien-sûr nos efforts.

- Je comprends, répondis-je en m'effondrant mentalement. Nous resterons près d'elle le temps qu'il faudra."

 Et c'est ce que nous avons fait. Des minutes qui parraissaient des heures, durant lesquelles nous essayons, Alex et moi, de déterminer la source de l'incendie. Je gardais la petite main de Mary dans la mienne. Elle était de plus en plus froide. Plus elle perdait en chaleur, plus je lui serrais la main. Après trente minutes d'attente, certains docteurs partirent et les autres ramenèrent un éléctrocardiogramme. D'ici quinze minutes, le destin de Mary sera cellé et rien ni personne ne pourra l'empêcher d'aller vers sa destiné.

 Au rythme de ses battements de cœurs, sa vie défillait devant moi. L'amour que j'ai porté sur elle avant sa naissance et après.

Bip.

 Sa pemière bêtise et le fait qu'elle ai hérité de mon caractère têtu. Avoir le devoir de la punir même si j'avais plutôt le cœur à l'encourager.

Bip.

 Les disputes qui donnaient vie à notre maison. Je ne savais pas qui avait raison entre Mary et Alex, et je m'en fichais. Ce qui m'intéressait, c'était la façon dont ils se défendaient. Ils auraient pu, tous deux, devenir avocats.

Bip.

 Sa première punition à l'école. Elle s'était battue avec un de ses camarades de classes, parce qu'il l'avait provoquer et avait dit que son frère était trop faible pour faire quoi que se soit.

Bip.

 Nos après-midi à la piscine où elle s'amusait à monter sur notre dos. Elle était tellement légère que même Alex pouvait la porter. Après une journée assez sportive, Claudia nous préparait un magnifique repas.

Bip.

 La joie non-contenue qu'elle ressentait lors du déballement de ses cadeaux. Je ne lui offrais que des choses qu'elle avait réélement besoin ou envie. Ce n'était pas une enfant gâtée. Elle demandait peu de chose, et le peu qu'elle demandait était simple.

 Elle a vécu huit ans seulement. Huit ans, que c'est court huit ans. Huit ans de bonheur. Huit ans avec une mère aimante. Huit ans avec un frère attentionné. Huit ans avec un père trop faible pour vous sauver. Huit ans avec elle. Et le reste de ma vie sans elle.

 Un long bruit aigu traverse mes oreilles. Pourtant, il m'a fallu quelques secondes pour comprendre que son cœur s'était arreté. C'était fini. Deux personnes qui me sont chères sont parties pour toujours. La cause ? Un malheureux accident.

 Mais, était-ce réllement un accident ? Depuis l'incendis près de chez moi, mon continent et ravagé par le feu. Les flammes laissent derrière larmes et destruction. Quelle était la cause de ces incendis ? Et si tout cela était ma faute ? Et si moi et mon entreprise polluante, j'avais causé cet incident ? Tout est de ma faute. Je mérite ce qu'il m'arrive.

 Au lieu de m'effondrer sur moi même et de sombrer dans la dépression, je refusa de me laisser abattre. Je devais réparer les erreurs du passé, quel qu'il en soit le prix. Me levant du chevet de ma fille, je passa un coup de fil à mes parents pour qu'ils s'occupent de mon fils. Il n'avais rien avoir avec tout ça, il avait fait ce qui lui semblait juste. J'intime à Alex de rester avec les soignants le temps que ses grands-parents arrivent, et je me dirige d'un pas déterminé vers la sortie.

Je ne laisserai pas les flammes prendre à d'autres ce que j'ai perdu.

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