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Hector et Uriel étaient curieux de tous ces changements. Auparavant, il y avait une armée de gens pour s’occuper d’eux. Maintenant, c’était une autre armée ! À la différence de la précédente, c’est qu’ils étaient tous des vieux-vieux, alors que précédemment, ce n’étaient que des vieux.

Le temps d’élaborer les messages, le programme des tournées, et en attendant sagement au chaud que la situation extérieure se calme, la retouche du modèle pouvait se faire. Autant profiter de cette attente pour présenter un produit rénové dans une nouvelle version !

La première difficulté avait été de convaincre Matou. Devançant les coups fourrés et l’amateurisme des reprenants, elle avait appelé ses interlocuteurs pour leur rappeler la clause la positionnant partie prenante pour toutes les décisions concernant son poulain. Un « Oh, merde ! » lui prouva la justesse de son intuition.

Elle fut donc désignée comme quatorzième membre du SAS, sans possibilité d’être présidente, ce qu’elle accepta.

On lui exposa la question du reconditionnement génétique, qu’elle approuva immédiatement, n’ayant pas envie de voir s’écrouler sa nouvelle vie e devinant l’inanité de toute demande d’information auprès de son vieux copain.

Les projections sur l’avenir du physique de son poulain l’encouragèrent aussi à soutenir le projet. On lui fit comprendre que son avis sur l’utilisation du prodige n’était pas de son ressort, ce qu’elle approuva également. Il faut dire que Jason la comblait tellement…

On fit donc appel à un robot-remodeleur et à son spécialiste. Ce dernier se trouvait sur le green absorbé par son prochain coup. Avant de venir tirer son charriot, il avait lancé la machine, tout vérifié et, maintenant, il pouvait se consacrer à la préparation de son put. Avec son club virtuel assisté, il voulait gagner un par et il était sur la bonne voie. Il jeta un œil distrait sur son terminal et bondit en l’air, se démenant pour tout stopper. En arrivant dans la salle, il vit le désastre et la cause. Pendant la préparation, Hector avait insisté sur les lapins. Depuis que, tout petit, ses parents lui avaient lu l’histoire de Jeannot Lapin, la seule histoire jamais lue, il avait développé une passion pour les léporidés. Il avait réussi à glisser une image de lapin dans la machine et celle-ci était en train de façonner une face de bouquin à Uriel. L’opération fut stoppée, reprogrammée, mais, vous l’avez-vous-même constaté, l’Ange a un petit faux air de Bugs Buny, avec sa lèvre légèrement retroussée sur ses deux incisives. Son sourire est craquant. Ses oreilles, un peu pointues, apportent une touche originale.

En attendant, la reprogrammation ayant également eu lieu, Uriel gisait sur son lit d’hôpital, sous morphine pour atténuer la douleur de la cicatrisation. La chaleur avait obligé sa nudité. Les membres du SAS qui lui rendirent visite, avec leur compassion habituelle, se rendirent compte qu’ils avaient loupé un problème. Un problème de taille, celle du membre d’Uriel ! Et le genre de problème qu’ils rêvaient de ne pas avoir à traiter, car, par tradition, ils restaient, pour la plupart, obnubilés par cet aspect des choses. Afin d’exploiter au maximum ce nouvel atout, Le SAS décida de réserver les apparitions de l’Ange à ses fidèles : il était temps de leur offrir un petit avantage. En plus, cela ferait la nique aux Mahométans et autres tenants de religions stupides.

Cela impliquait de trouver une tenue spécifique, soulignant bien cette particularité, sans non plus la mettre en exergue, pour ne pas choquer les plus jeunes. Le choix se porta sur un rokushaku fundoshi, le sous-vêtement traditionnel japonais, sous une large tunique descendant à mi-cuisse, fendue sur le derrière. La couleur blanche s’imposait. Les ailes, redevenues grises, seraient également blanchies. Hector porterait le même costume.

Uriel cicatrisait, les costumes étaient en cours de réalisation, la situation internationale se calmait, les procès étaient oubliés, il était temps de passer à la phase deux. D’autant que plus personne ne s’intéressait à la disparition de l’Ange. Ils avaient tenté de relancer des campagnes de questions, dans des creux d’actualités sportives bien ciblés, sans plus d’effet. Les sites des FOU étaient à l’abandon, ceux de la CUCUL, comme ses lieux de rassemblement étaient désertés. Heureusement qu’ils n’étaient point soumis à des critères de rentabilité, puisqu’œuvrant au bien public et à l’élévation des âmes.

Le SAS avait lancé un chantier pour apporter un autre plus : jusqu’à présent, l’Ange s’était tenu muet, ou presque. Il fallait le faire parler, qu’il délivre des messages, et des messages qui aillent dans le bon sens. Ce projet fut suspendu.

Il était temps de réfléchir à la mise en scène du Grand retour.

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