Un Invitation

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De retour sous sa tente, Xavier ne trouva pas le sommeil. Un baiser sur la joue, une soudaine montée d’hormone qui dilate les pupilles et qui rend tout d’un coup heureux ne devaient certainement pas être pour rien dans ce regrettable, mais très agréable contretemps. Essayant de noyer son insomnie, il décida de travailler un temps à l’archivage des objets qu’il avait rapporté de ses dernières sorties.

Lorsqu’on rentrait sous la tente de Xavier, immédiatement, une certitude sautait aux yeux. Le soin évident porté au montage plus que bancal de la structure de sa tente était en harmonie complète avec un intérieur des plus improbables. Par temps de crise, l'endroit était en tout point le symbole de la désuétude du pragmatisme qui énervait tant Maya. Xavier vivait reclus dans le cloître abandonné d’une bibliothèque moyenâgeuse. Du sol au plafond s’étiraient de gigantesques piles de livres qui étaient en équilibre par la seule volonté de deux ou trois cales en bois savamment intercalées pour faire tenir le tout. Sa tente n’était pas très grande. Alors qu’au fond, il entreposait les objets de grandes tailles, il avait rangé avec beaucoup de méthodes tous ses livres de manière à en lire chacun des titres inscrits sur leur dos. Quelques fois, alors qu’il ne sentait pas l’énergie suffisante pour travailler, il lisait à haute voix certains d’entre eux en essayant de les relier dans la logique d’une histoire qui émergeait différemment dans ses vaines tentatives d’inhumer un nouveau cadavre exquis. Le centre névralgique de sa caverne d’Ermite était constitué de trois éléments indissociables du spartiate confort qu’il s’était accordé depuis son installation. Il y avait tout d’abord cette table de chevet, ou plutôt, ce petit tabouret en bois de pin clair qui était recouvert d’un napperon en coton brodé. Dessus était posée une vieille lampe à pétrole retrouvée dans les réserves du musée des travailleurs d’autrefois qui consacrait, dans un kitch jusque-là inégalé, les métiers manuels du temps où la région était une importante zone d’exploitation du minerai d’Argent. Surmontée d’un globe en verre terni par des années de suie, la flamme arrivait difficilement à éclairer au-delà de ce halo qui s’entendait jusqu’au pied de son fauteuil. Les deux objets qui profitaient inconditionnellement de cette lumière terne, mais chaude étaient cette poupée hawaïenne montée sur ressort qui se déhanchait en cadence sur le rythme d’un ukulélé en résine brune et un réveil en métal rouge qui donnait l’heure une fois sur deux.

Au centre de la tente, il y avait une petite table sur laquelle Xavier posait négligemment ses pieds pour détendre ses articulations. C’était pour ainsi dire une table unique en son genre. Surmontés d’une planche en mélaminé blanc, ses quatre pieds étaient en réalité des piles de bouquins que Xavier avait déjà en triple ou en quadruple. Chacune d’elles, pas plus hautes qu’un seul de ces livres mis debout, on avait inévitablement toutes les difficultés du monde pour s’y asseoir sans se cogner les genoux dedans. Autant dire que la préoccupation principale de Xavier n’était pas plus de savoir comment en profiter pour dîner confortablement que de quelle manière y avachir ses jambes pour servir quelques moments de décontraction. Non, la seule chose, chinée de façon snob et éclairée dans les décombres du Parking, avait été ce siège d’une grande limousine. Il trônait au centre de sa tente. Ce fauteuil en cuir noir, sur lequel lézardaient, le long des coutures du dossier et des accoudoirs, quelques craquelures blanches caractéristiques d’un cuir de qualité médiocre, n’en était pas moins très confortable. Xavier avait pris la mauvaise habitude. Lorsqu’il était assis dessus, il fouillait avec son index droit dans un trou qu’il avait fait, avec son ongle, dans l’accoudoir. Il en ressortait, quelques fois, des fibres du rembourrage, qu’il s’empressait immédiatement à remettre en place. Il faisait généralement cela quand il réfléchissait, ou lorsque, plongé dans la lecture d’un de ses romans préférés, il s’oubliait au temps qui passait. À l’instar d’un couteau suisse, ce fauteuil lui servait aussi bien à dormir que manger ou encore travailler. Et c’est à peu près à cet instant que Xavier se laissa porter par de l’insouciance nocturne.

« Je suis endormi. Quelqu’un essaye de m’interpeller. Je me sens comme flotter dans l’air. La voix qui m’attire me tire vers une conscience réfléchie, mais le doux confort de mon sommeil m’engloutit vers les profondeurs de limbes enveloppantes. Je me sens bien. Cet homme semble me connaître, il m’appelle. À vrai dire, non ! Il ne m’appelle pas ; il me crie. Pourquoi cri t’il autant ? Ne me laissera-t-il pas le temps de me réveiller dans de bonnes conditions. Bon allez ! Il est peut-être temps que j’ouvre les yeux. Ça y est. Je vois cet homme. Il est enfermé dans une cage. Une cage comme celle des grands cirques qui emprisonnent de grands félins. C’est bizarre… Pourquoi suis-je là ? Comment cet homme me connaît ? Où suis-je ? Je regarde autour de moi. Une pièce, sur la droite de deux fenêtres et des cartons ; plein de cartons. Une remise ? Dehors, il y a du vent. Les rafales saupoudrent au sol, les premières feuilles d’automne. Le point positif, c’est qu’il fait meilleur dedans qu’il n’y paraît dehors… Et puis y’a cet homme qui commence à me tordre la tête sous ses râles de douleurs. N’arrêtera-t-il pas de beugler ? Tiens, c’est bizarre… Je viens juste de le remarquer, mais dès que j’ouvre les yeux, je n’arrive plus à voir sur les côtés. Détouré dans un cercle transparent et légèrement flou, tout le reste n’est que noir. Il commence à m’énerver… J’essaye de lui faire comprendre que je vais venir l’aider, mais je ne sais plus si c’est moi, qui ne sais plus parler, ou bien lui qui est sourd. Je me lève. La grille reste inexorablement fermée derrière une grosse serrure. L’homme cri toujours autant, droit devant lui. Il semble me fixer. Il veut me dire quelque chose, mais je n’arrive pas à comprendre quoi. Attends ! Pourquoi ma vision s’est encore réduite. Lentement, à coup sûr, mais assez pour m’obliger à penser ce que je dois regarder avant de le voir. Le visage de l’homme est flou. Je ne sais toujours pas pourquoi, mais j’ai encore l’impression de flotter. J’ai le tournis. Mais qu’est-ce qui m’arrive ?... »

À cet instant, le sol s’effondra sous ses pieds. Il ne flottait plus, il tombait. Xavier se réveilla sur le coup. La sensation de chute libre l’extirpa violemment du fond de son siège. Encore embué dans son rêve, du coin de l’œil, il observait sa petite vahiné se tortiller de gauche à droite. Il venait de donner un coup de genou dans sa table de chevet. Xavier ne savait pas s’il devait se fier à son réveil, mais il avait passé la nuit. Comme souvent depuis quelque temps, ses lectures avaient eu raison de son insomnie que pour quelques heures. C’était la première fois qu’il faisait ce cauchemar. Il n’y porta pas trop d’attention, mais aussi détaché qu’il pût en être, il avait cette impression de ne pas en être revenu. Comme si les sensations qu’il avait eues durant son rêve avaient été réelles, il se sentait encore flotter.

Xavier se redressa et tendant le bras derrière son fauteuil, il sortit d’un sac en papier un sachet renfermant quelques gâteaux secs. Il jeta un rapide coup d’œil dehors. Le parking dormait profondément. Xavier aimait beaucoup ces instants de calme qui lui donnait l’impression d’être le seul. Il n’y avait pas un bruit. Ingurgitant religieusement sa maigre collation, le bruit de l’emballage qui se froissait sous ses doigts se mélangeait à celui des gâteaux qui s’effritaient dans sa bouche. Il repensa alors à la discussion qu’il avait eue la veille avec son amie. Alors qu’il était encore sous le coup de cette sensation évasive, d’un cauchemar qui s’évanouit lentement dans la trame de l’instantané, il se demanda s’il n’avait pas rêvé ce qu’il s’était passé la veille jusqu’à ce que le souvenir chaud du baiser ne réveille en lui son sens de la réalité. En passant le revers de sa main droite sur sa joue, Xavier se sentit instantanément bête. Toussotant comme pour se fustiger d’être aussi nié, il hocha la tête. Profitant de l’heure précoce à laquelle il venait de se lever, il se dépêcha d’engloutir les dernières miettes de gâteaux qui se cachaient dans le fond du sachet pour partir discrètement en excursion.

Le parking se trouvait à quelques encablures des ruines de l’Université de Mexico qui était, avec le Musée d’anthropologie, les deux lieux où Xavier aimait chiner de vieux objets. Avec le temps, il avait appris à écouter le vent. Il s’était levé quelques semaines après la catastrophe. Sans prévenir, il arrivait ; aussi vite qu’il était venu, il repartait. Impossible de prévoir quand il soufflerait. C’était une onde de choc qui déferlait sous la robe grise d’une déferlante cendrée. Avant de se faire entendre, son souffle annonçait sa venue dans la vague de cendre qui le précédait. Le vent était devenu pour ainsi dire imprévisible. Alors que la plupart des survivants s’en méfiaient, Xavier, lui, avait su apprivoiser le son changeant de son souffle qui différenciait généralement la brise légère de la force dévastatrice du souffle. Xavier avait donné un nom à ces deux vents pour les différencier. Le vent clair était inoffensif. Il passait, s’infiltrait puis disparaissait en se faufilant au milieu des ruines, mais jamais il n’avait eu la force dévastatrice du souffle fort qui pouvait déplacer des montagnes de débris en une seule expiration. Alors que le vent clair était porté par le son cristallin d’une brise légère que l’on entendait de loin, le souffle fort grondait lorsqu’il était déjà trop tard. Le souffle fort ne s’entendait pas, il résonnait. Quand le sol commençait à vibrer, il était souvent trop tard pour trouver un abri.

Xavier savait pertinemment qu’une nouvelle sortie lui vaudrait gracieusement les foudres de son amie, surtout depuis que le souffle fort s’abattait sans prévenir sur la ville. Maya connaissait trop bien les risques auxquels Xavier s’exposait quand il sortait tout seul des jours entiers. Et alors qu’elle se faisait un sang d’encre, il s’était toujours revendiqué d’une indifférence tout assumée. Égoïstement, quoiqu’il arrive, il n’avait jamais pu y résister. Il préférait encore essuyer la colère de sa seule amie sur le camp que d’avoir à tourner en rond comme un lion en cage pendant des heures à attendre une accalmie. Quand, au milieu des plus grandes tempêtes de cendre qui balayaient en surface la ville, il devait se résigner à rester à l’abri, il avait l’impression de perdre son temps. De certains pensaient qu’il incarnait le stéréotype de l’archéologue des manuels scolaires qui trouvait, dans un champ de ruine, un terrain de jeux idéal pour se prétendre digne d’une succession scientifique. Mais au fond, pour Xavier, il n’en était rien. C’était pour lui une sorte de thérapie, un moyen pragmatique d’occuper son esprit sans avoir à gamberger. La seule chose qui le poussait encore à renter le soir était Maya.

Ce jour-là, alors que le temps resta relativement clément, Xavier n’avait pas vu la journée passer. C'est en fin d’après-midi qu’il décida de rentrer au campement.

Au premier pas posé dans le parking, la fatigue n’avait aucun mal à se lire sur sa figure. Les gouttelettes de transpiration qui dégoulinaient de son front craquelaient son visage noirci par la poussière ; et malgré quelques crampes qui lui tétanisaient les jambes, il rentrait, comme à chaque fois, son sac à dos rempli, avec le sentiment du travail accompli. Sur le chemin qui le ramena à sa tente, il égraina derrière lui, à chacun de ses pas, la fine pellicule de cendre fraîchement collée sur ses vêtements.

Devant sa tente, il y avait un bidon d’eau avec lequel il se lavait le visage et les mains en revenant d’expédition. Il déposa son sac au sol et remplissant une petite écuelle, il entendit, provenant de l’intérieur de sa tente, du bruit. Au même moment, Maya sortit de sa tente :

— Mais t’était où ? Lui demanda-t-elle sur la défensive surprise de tomber nez à nez avec Xavier.

— C’est plutôt moi qui devrais te poser la question ? Ce n’est pas très sympa de rentrer chez les gens quand ils ne sont pas là, non ? Rétorqua Xavier qui ne semblait pas plus que ça dérangé. Ça le faisait plutôt marrer de voir l’état dans lequel Maya s’était mise. Sans attendre de réponse de sa part, il reprit ce qu’il était en train de faire. Il sortit de sa poche un chiffon, et le plongeant dans l’eau, il s’essaya le visage et se rafraîchit la nuque.

Maya un peu gênée lui répondit en grimaçant :

— Ça fait bien trente minutes que je te cherche ! Et comme personne ne t’avait vu sortir de ta tente ce matin, je me suis dit que tu étais peut-être encore en train de dormir ?

— Et toi tu réveilles les gens comme ça ? C’est quoi ? Ton nouveau hobby ? Préviens-moi, la prochaine fois ! Je ferai semblant de dormir… S’amusa Xavier

— Oui, je n’ai que ça à faire ! Non ! À vrai dire Victor a capté un truc sur la CB…

— Ah ! S’exclama Xavier en souriant. Comme si cette boîte de métal à onde courte cristallisait à elle seule le somme de tous les actes manqués qui le rongeaient de l’intérieur, il voulait entendre parler le moins possible de cette CB.

— Il voulait que tu viennes voir si elle ne s’était pas encore détraquée. Pour tout avouer, j’ai écouté ce qu’il pensait être un message… Et pour moi c’est toujours la même neige qui grésille. Rien de plus… Maya se rendit compte rapidement que son prétexte ne tiendrait pas longtemps la route si Xavier lui demandait des explications. Essayant d’arrêter de se noyer dans un verre d’eau, elle préféra reprendre sur un ton plus incisif : « Mais t’était où au juste ? On ne sort jamais aussi tôt ? »

Xavier se doutait que la réponse qu’il allait lui donner n’allait pas la satisfaire. Il prit donc son temps. Il déposa son chiffon sur le rebord de l’écuelle et se lava le visage à grandes eaux. S’essuyant une deuxième fois le visage, il lui répondit :

— Là ! Où ça vous énerve tout le monde que je sois !

— Que tu sois où ? Répéta Maya qui n’avait pas encore fait le rapprochement.

Se lavant les mains, d’un mouvement de tête, Xavier invita Maya à regarder son sac à dos.

— T’es encore allé dans ce musée… S’exaspéra Maya

— Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans ma démarche ?

— Je ne sais pas… Je trouve ça simplement bizarre. Et tu sais très bien qu’y aller tout seul, c’est dangereux…

— Pourquoi ? Tu voulais peut-être m’accompagner ?

— Tu crois peut-être que je n’ai pas mieux à faire que de crapahuter avec toi dans le froid ?

— Ah, bon ! Regarde autour de toi cinq minutes et dis-moi !

Xavier se leva. Il dépoussiéra rapidement l’assise de la chaise qui se trouvait à côté de lui, et invita Maya à s’y asseoir. Maya s’exécuta. Faisant un tour d’horizon à 180 degrés, elle ne remarqua rien de particulier. Ne voyant pas où Xavier voulait en venir, un peu surprise, mais aussi surtout très hésitante, elle commença à se mettre sur la défensive et lui répondit :

— Tu veux en venir où Xavier ? Je ne comprends pas…

— Toutes ces personnes autour de toi sont occupées à faire quoi ? Une fois leur corvée terminée, une fois rentrée que se passe-t-il ? Viens, observe et dis-moi !

De là où elle se trouvait, elle avait un assez bon point de vue. À cette heure-ci, généralement les adultes rentraient de la surface. Le parking n’était pas au complet, mais il y persistait, encore, assez de vie pour couvrir ce silence ambiant qui résonnait le matin quand tout le monde dormait.

Au loin, un père dessinait avec sa fille. Ils étaient tous les deux avachis sur ce qui devait être un bureau d’écolier. De conception très artisanale, il avait certainement demandé au père beaucoup d’imagination. Constitué de planches en bois de taille différente, il avait fait tenir le tout à l’aide d’une armada de clous. Sur toute la surface, le bois était recouvert de tête en métal. Le plateau, lui, semble-t-il, était la plage arrière d’une voiture oubliée dans les étages inférieurs du parking. La petite fille reposait sur les genoux de son père. Il accompagnait chacun de ses mouvements inexpérimentés pour l’aider à dessiner ce qu’un enfant de son âge exigeait d’une feuille blanche. Le regard légèrement plissé, faisant ressortir le bout naissant de sa langue à travers la commissure de ses lèvres retroussées, son implication à gribouiller était totale. Le père attentionné, lui, la tête reposée sur son épaule droite l’encourageait. À chaque fois qu’elle réussissait ce qui était pour elle un tour de force, elle se retournait, un grand sourire illuminant son regard, comme pour réclamer à son père des encouragements. Cette scène de vie, quoique des plus naturelle, renvoya Maya à la disparition prématurée de ses parents. Il ne lui restait que très peu de souvenirs de ses vrais parents, mais ce témoignage d’un amour filial ne la dérangeait pas, tant Victor et Quetzalli l’avaient entourée de tendresse.

Un peu plus loin, les bruits aigus et perçants de rires d’enfants jouant à cache-cache attirèrent l’attention de Maya. Ils étaient quatre ou cinq à se cacher, à tour de rôle, dans une vieille carcasse de voiture. L’aire de jeux qu’ils avaient investis recelait d’innombrables cachettes. Il n’était pas rare de voir ces enfants changer de planque en cours de jeux en faisant résonner la course de leur pas trépignant, tout au long de leurs parties interminables. À côté d’eux, un homme allongé, qui avait certainement envisagé de se reposer, voyait ses plans remis à plus tard. Son chapeau négligemment posé sur le visage, il les regardait, du coin de l’œil, d’un air affligé, en se demandant combien de temps allait encore durer son calvaire.

Alors qu’un peu partout dans le parking, les autres vaquaient à leurs occupations. Certains balayaient devant leurs abris pendant que d’autres nettoyaient leur intérieur certainement pour essayer de reproduire les gestes d’une vie quasi normale. Les plus vieux discutaient entre eux, posés sur des chaises alignées le long d’une traverse du parking. Ils attendaient peut-être le passage de la voiture qui aurait assurément amené un sujet de discussion houleux et partisan.

Il flottait dans le parking un sentiment d’optimisme résigné. Pour la plupart, le temps qui s’écoulait au rythme trottant des aiguilles de l’horloge du parking, était autant de minutes qui les rapprocheraient d’une meilleure condition humaine.

Xavier s’exclama :

— Alors, tu vois quoi ?

— Ben, rien de particulier… Tous ces gens s’occupent comme ils peuvent, répondit Maya qui ne voyait pas où Xavier voulait en venir.

— Exactement ! Et moi je fais de même. Maintenant si je te demande de venir avec moi demain… Tu me répondrais quoi ?

Maya n’aimait pas ce genre de question dirigée. Hésitante, elle prit le temps de réfléchir.

— Je te répondrais que… C’est peut-être un peu trop dangereux et que les enjeux n’en valent pas forcément la chandelle.

— Cela fait près de trois mois que je fais cela quasiment quotidiennement, lui rétorqua Xavier sûr de lui, alors si je peux t’assurer une seule chose c’est ta sécurité… Non, franchement ! Accompagne-moi au moins une fois, et tu pourras te faire ta propre idée ! … Supplia Xavier.

Hochant la tête, Maya accepta sans une certaine résignation, et préférant en rester là avant que Xavier ne lui en demande plus. Elle s’éclipsa.

— Je ne cherche pas à te rallier à ma cause, entonna Xavier, mais juste pour te montrer que ce que je fais est digne d’intérêt… Fixant Maya s’enfoncer dans la noirceur du tunnel qui la ramenait à sa tente, Xavier s’arrêta de parler. Et puis, sans se retourner, Maya leva la main droite pour lui dire au revoir et lui répondit ironiquement :

— J’te dirai ça demain soir ? Pour le moment ! Laisse-moi encore avec mes illusions et bonne nuit…

Quand Xavier se rappela ce qui avait amené Maya jusqu’à sa tente.

— Et Victor ! Il n’avait pas besoin de moi ?

— Non, c’est bon ça peut attendre…

— À demain alors !

Sans pour autant crier victoire, Xavier esquissa un large sourire de contentement. Il avait réussi à convaincre son ami de le suivre, et cela lui suffit pour être satisfait. Reprenant là où Maya l’avait interrompu, il termina de se nettoyer avant de passer une nouvelle nuit confortablement installée dans son fauteuil.

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