A l'hôpital

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A l’hôpital.

Déçus de ne pas avoir fait la connaissance de leur cousine, mais heureux à l’idée de revoir enfin leur mère pour laquelle ils s’inquiétaient, les trois Garin et leur père prirent place dans le break Peugeot de leur oncle. Une Peugeot 504 blanche, rehaussée spécialement pour rouler dans les chemins de campagne. Florius lui, s'installa dans le coffre.

-J’ai l’habitude. Sourit le jeune garçon. Ne vous en faites pas ! Il n’y a rien de plus amusant que de faire un trajet dans le coffre.

Pendant le trajet, Louis demanda à son cousin s’il pensait que sa sœur Cléo n’appréciait pas leur venue. Mais Florius les rassura en souriant.

-Non, pas du tout ! Cléo est simplement une solitaire. Elle adore se balader à cheval, à pieds, à vélo. Elle s’arrête n’importe où pour lire ou pour écrire quand elle en a l’inspiration.

-Ah parce qu’elle écrit aussi ? Comme tante Tonie ? Interrogea Louis.

-Et oui. C’est dans les gènes ces choses là ! Enfin dans les siens, parce que moi j’aime bien lire, mais je ne suis pas très porté sur l’écriture.

-Pourtant vous êtes jumeaux. Objecta Marie.

-Oui, on est jumeaux. Et on est totalement complémentaires, mais pas vraiment semblables au sens où on l’entend avec des vrais jumeaux. Chacun a ce que l’autre n’a pas. Je suis gaucher, Cléo est droitière. Elle est une littéraire, moi je fais de la musique. Elle a des cheveux châtains foncés, moi j’ai les cheveux blonds roux… Mais attention, on se ressemble hein ! Comme elle a les cheveux courts, on la prend parfois pour un garçon et on lui demande souvent si nous sommes jumeaux. Dans les endroits où on ne nous connaît pas bien sûr. Parce qu’au village et aux alentours tout le monde nous connaît. Et en fait, elle ne sait pas si ça lui fait plaisir ou non !! Elle est bizarre parfois Cléo. Ah on arrive.

Oncle Victor gara la voiture sur le parking de l’hôpital, un énorme bâtiment en pierres datant du siècle dernier aux jardins abondamment fleuris et rafraichis par des fontaines.

-Voilà, dit l’oncle Victor. Je m’en vais à mes petites affaires avec Flo et je reviens vous chercher dans deux heures.

Pendant que leur oncle s’éloignait avec Florius qui avait quitté son coffre pour s’installer à côté de son père, les trois enfants Garin et leur père entrèrent dans l’hôpital. A l’accueil, M. Garin demanda à la préposée dans quelle chambre se trouvait son épouse. Mme Garin se trouvait au troisième étage, au service des soins intensifs. Normalement les enfants n'avaient pas la permission d'entrer à trois dans la chambre de leur mère, mais l’infirmière en chef accepta de leur faire une faveur parce que Mme Garin était seule dans sa chambre et parce que la petite famille venait de faire un long voyage.

-Mais ne restez pas trop longtemps. Le dîner va être servi et puis votre maman est très fatiguée par son opération.

A la vue de ses enfants, les yeux de Mme Garin brillèrent de joie dans son visage pâle et émacié.

-Mes enfants ! Quel bonheur de vous revoir ! Comme je suis heureuse de vous retrouver enfin.

Fauve se jeta dans les bras de sa mère en pleurant.

-Oh maman ! On a eu tellement peur… La phrase de la petite fille se termina en sanglot.

Louis et Marie embrassèrent à leur tour leur mère, tous deux très émus.

-Maman, si tu savais ce que nous avons eu peur quand papa nous a annoncé ton accident ! Dit Louis.

-Oh oui, quel choc ! Je ne veux plus jamais que tu partes sans nous ! Renchérit Marie, prête à pleurer elle aussi.

Pendant que M. Garin embrassait à son tour sa femme, une aide soignante arriva avec le plateau repas. Mme Garin la remercia gentiment.

-Mais je ne suis vraiment pas certaine de pouvoir manger tout cela. Depuis mon réveil je n’ai vraiment pas faim. Je suis désolée.

-Essayez de manger quand même un peu. Il vous faut reprendre des forces pour guérir et pour être en forme pour la rééducation. Conseilla la brave dame.

-Oui, Madame a raison. Renchérit son mari. Il faut que tu manges et que tu te reposes beaucoup pour que tu puisses quitter l’hôpital au plus vite.

Mme Garin essaya de manger un peu pour contenter l’aide soignante et sa famille. Pendant ce temps, M. Garin expliqua à son épouse que l’oncle Victor, le mari de sa sœur avait proposé de leur prêter la bastide afin qu’elle puisse y passer sa convalescence près de sa famille.

-On engagera une infirmière à domicile et un kiné viendra pour ta rééducation. Ainsi tu ne devras pas aller dans un centre de convalescence et tu seras au milieu de ta famille. Ta mère et ta sœur viendront te voir autant qu’elles le souhaitent. Et les enfants resteront chez ma sœur Tonie afin de ne pas te fatiguer. Mais comme ils seront à moins de 2 km, ils viendront tous les jours te rendre visite.

-Et quand tu ne seras plus fatiguée, on restera près de toi. Annonça Fauve.

-Mais bien sûr ma chérie, promit sa mère en la prenant dans ses bras. Bien sûr que vous resterez près de moi dès que ça ira mieux. Vous me manquez déjà tellement les enfants.

La petite famille discuta encore un moment, évoquant la gentillesse de la tante Tonie et de l’oncle Victor ainsi que l’accueil sympathique de leur cousin Florius. Voyant que sa femme était fatiguée, M. Garin proposa aux enfants de la laisser se reposer.

-Nous reviendrons demain, promit-il, mais je pense qu’il vaut mieux que nos visites ne s’éternisent pas. Votre maman est très fatiguée et très éprouvée.

Après de nouvelles embrassades, Louis, Marie et Fauve, suivis par leur père quittèrent l’hôpital. Et l’oncle Victor était déjà là, un peu à l’avance. On se réinstalla dans le break pour aller déposer M. Garin chez sa belle-sœur où il logerait le temps que sa femme puisse quitter l’hôpital.

La sœur de Mme Garin les accueillit à bras ouverts et leur proposa des rafraîchissements qu’ils ne purent refuser. Cela faisait tellement longtemps qu’ils n’avaient plus vu leur famille. Leur tante, qui vivait seule avec son chat dans une jolie petite maison du vieux quartier de Carpentras, les fit asseoir sur sa jolie terrasse fleurie et encore ensoleillée malgré l’heure tardive.

-Je vais appeler votre grand-mère ! Il faut au moins que vous puissiez lui dire bonjour. Cela fait tellement longtemps qu’elle n’a plus vu ses petits enfants. Vous lui manquez beaucoup vous savez ? Annonça leur tante.

A peine dit, et au grand étonnement des enfants, leur tante mit deux doigts dans la bouche et se mit à siffler comme un homme. L’oncle Victor et M. Garin se mirent à rire. Tante Francine ne changerait jamais.

La fenêtre d’une petite maison voisine s’ouvrit et une dame âgée parut. Apercevant son beau-fils et ses petits enfants elle se mit à crier par la fenêtre.

-Oh mes enfants ! Comme je suis contente de vous revoir enfin ! Comme vous m’avez manqué pendant toutes ces années ! Attendez-moi, j’arrive, je viens prendre l’apéro avec vous !

Quelques minutes plus tard, l’énergique vieille dame en chignon, toute de noir vêtue arrivait en trottinant chez sa fille. Elle embrassa les enfants, M. Garin et même Florius et oncle Victor qui se laissèrent faire en riant.

L’apéritif traînait en longueur. La grand-mère de Louis, Marie et Fauve était une adorable vieille dame, mais tellement bavarde… Elle complimentait les enfants sur leur taille, leur mine superbe. Elle riait de les retrouver après tant d’années d’absence à l’étranger. Elle pleurait de ne pas les avoir vu grandir.

-Mais maintenant je ne vous lâche plus ! Vous êtes ici pour toutes les vacances et j’espère bien que vous viendrez souvent me rendre visite, ainsi qu’à votre tante. Je ne vous ai pas vu grandir et j’ai hâte d’enfin pouvoir vous gâter et vous faire des gâteaux. J’en ai des choses à vous raconter… Et votre tante aussi !

De cela, les enfants n’en doutaient pas un seul instant. Mais il se faisait tard et l’oncle Victor rappella diplomatiquement que Tante Tonie les attendait, les enfants et lui, avec le repas du soir. Et elle risquait de s’inquiéter, car l’heure du dîner était largement dépassée.

Nouvelles embrassades. Promesses de se revoir bientôt. Et enfin les enfants grimpèrent dans la Peugeot de leur oncle, direction : le mas des Cigales !

-Hé bé ! On peut dire que votre grand-mère est bavarde ! Souffla l’oncle Victor en riant.

-Ca oui alors ! Rétorqua Florius. Elle est encore plus bavarde que ta mère, celle de maman et la grand-mère de maman… Enfin… peut-être pas que le grand-mère de maman ! Corrigea le jeune garçon avec un clin d'oeil. Parce qu’elle est vraiment très bavarde. Mais elles sont toutes les quatre super gentilles, c’est sûr !

-Oui, reconnut Louis, on va rattraper le temps perdu et lui rendre de fréquentes visites tant qu’on est dans la région.

Le reste du trajet jusqu’au mas des Cigales s’effectua en silence. Les trois enfants Garin étaient fatigués par leur journée éprouvante.

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