perdus dans cette nacre légère

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Et les yeux, perdus dans cette nacre légère, que voient-ils, que discernent-ils qu’ils ne connaissaient pas et qui va les sublimer pour le reste des jours à venir ? Sur la colline teintée de beige, loin où vivent les lièvres, les chevreuils agiles, un long sillage blanc qui ondule sous les traits obliques du soleil. C’est le fleuve de la transhumance qui, bientôt, se dispersera en un large delta, les sentes sont plurielles qui tapissent le plateau à la façon d’une toile d’araignée. Parfois, dans l’intervalle entre deux émotions, le tintement cuivré des sonnailles, il résonne jusque dans la rivière pourpre du sang en longues stases qui sont la rhétorique des vaisseaux, cette rivière rouge qui palpite et compte nos pulsations, les hautes et les basses, les heureuses et les tristes. Au fond d’une vallée brille le miroir d’un lac entouré des hautes griffes des buissons. Sur les terres semées de vent, des barres de rochers plus sombres rythment l’immobilité d’un temps qui paraît sans attaches. D’un temps qui ne serait durée que dans une manière de jeu avec lui-même, sans souci aucun des hommes livrés aux rudes travaux et aux jours d’ordinaire destinée.

Bientôt, la fraîcheur se répandant, la lumière baissant, il ne restera plus qu’à se mettre en quête de cette terre des Bergers, de rejoindre ce troupeau des hommes, de faire présence dans le cercle agrandi des consciences, parmi les mains ouvertes et accueillantes. Sous un toit de lourdes lauzes exténuées de la chaleur diurne, l’on boira le verre de vin de l’amitié en présence de Ceux d’en bas, ces Modestes qui se confondent avec la laine de leurs bêtes, avec le souffle du vent, avec la brume d’automne lorsque, le soir venu, elle n’est plus qu’un crépitement assidu faisant son givre parmi le concert des vieilles pierres. Oui, la journée aura été bonne avec le chemin exact de la solitude, la croisée multiples des layons, la dalle largement ouverte de l’horizon, les bruits montés des combes et des gorges profondes semées d’ombre, des hauts piliers de lumière soutenant la coupole du ciel, la longue perspective débouchant sur la plaque étincelante de la mer, surgie comme dans l’échancrure d’un rêve. Oui, la journée aura été féconde, apportant avec elle l’immense, le sans-mesure, ce qui, ayant tous les prix n’en a aucun. Aucun ! Nulle mesure pour la pure beauté. Elle est elle jusqu’au bout illisible du temps. Puisse ce dernier être circulaire et revenir jusqu’à nous agrandi des signes magiques rencontrés ! Toujours nous sommes en attente et nos mains sont ouvertes qui attendent l’offrande !

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