Les négociations 10/

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De par son nouveau statut, Ombre se trouvait dans la suite seigneuriale, perdue parmi une quarantaine d'humains. Elle profita de sa petite taille pour rester discrète, et avait confié Astuce à un soldat humain souvent en milieu de colonne.

Les nobles et notables de Vorn les attendaient, sublimes devant leur fontaine de marbre gris piqueté d'émeraudes. Les membres de l'administration les plus éminents ne détonnaient pas dans leurs tenues cousues de fils d'or, leurs brodequins des cuirs les plus fins et leurs tabards brodés d'un écu frappé du profil du roi, sur fond sinople soulignaient la richesse du duché. Nulle autre famille ne pouvait vêtir ainsi ses sommités.

Venaient ensuite les généraux ducaux, aux armures d'apparat teintées de même manière, ciselées avec art, agrémentées d'émeraudes, de diamants verts et de topazes. Un peu de fonte noire délimitait chaque métal. Leurs armes n'en restaient pas moins létales. Enfin, venait le couple ducal, aux tenues provocantes à la dernière mode venue de l'Est, couvrant le corps pour mieux s'ouvrir en des successions de cercles réguliers laissant voir une peau bronzée par le soleil. De petites épaulettes de métal teint en vert imitaient la dentelle, et retenaient de petites capes blanches.

Enfin, au centre, telle un joyau présenté sur un écrin, se tenait la Demoiselle Isa de Vorn. Sa silhouette d'une harmonie exceptionnelle, était savemment mise en valeur par sa toilette toute de soie et de satin, aux couleurs pâlies de sa seigeurie. Son port altier rappelait son autorité à venir, et déjà elle se tenait en dirigeante. Quelque chose dans sa posture lui conférait une aura de souveraineté, associée à une prestance rare.

À cette perfection s'ajoutait son visage en cœur. D'ultimes rondeurs juvéniles embellissaient ses joues roses, rehaussées par son sourire heureux. À peine parvenait-on à en détacher le regard, que ses yeux bleu ciel emprisonnaient l'attention. Magnifiques, l'iris cerclé de vert pour qui approchait assez, brillants d'intelligence et de joie de vivre. Puis une mèche blonde attirait l'esprit, invitait à contempler l'oeuvre d'art de sa coiffure. Son diadème sublimait un chignon relâché.

Ombre grogna intérieurement. La Demoiselle embellissait d'année en année.

Le Duc s'avança en direction du Comte, d'un pas noble et mesuré. De face, sa cape voletante ajoutait de la prestance à sa mise déjà fort élégante. Il tendit sa main gantée de dentelle à son invité, et l'accueillit avec toute la distinction de son rang.

  • Soyez les bienvenus en notre domaine printamnier, Comtes du Nord. J'espère que votre voyage fut agréable.
  • Il fut plaisant, oui. Et je suis certain que notre séjour sur vos terres le sera plus encore, répondit courtoisement Thomas.

Les deux hommes s'échangèrent quelques courtoisies, avant que le Duc ne songe à disperser les suivants de son invité. Il demanda également que les dragoniens, tous rangs confondus, se mettent à part.

Sentant l'humiliation venir, les prédateurs obtempérèrent avec discipline. Maître Xavier comptait impressionner ces connards, ils voulaient bien tenter le coup. Ombre prit soin de conserver sa discrétion, et trouva sans peine son second père.

Pendant ce temps, les serviteurs humains des deux seigneuries collaborèrent pour éloigner le carrosse et monter les affaires des de Xévastre à leurs appartements alloués.

Des gardes non-humains de Vorn approchèrent ceux de Xévastre, générant un malaise général parmi les étrangers. Les nouveaux venus portaient des armures striées noires et blanches, affublées de fioritures agressives aux articulations, leur donnant un air monstrueux. À cela, s'ajoutait leur regard terne, leurs gestes dénués de volonté. Ils obéissaient, agissaient et se mouvaient comme des chiens soumis. Enfin, une nouveauté achevait de rendre nerveux les arrivants.

Tous portaient une sorte de collier qui leur maintenait le menton haut, les empêchant d'ouvrir la bouche. Non contents de tolérer ces horreurs, ils en tenaient chacun un dans leurs mains, tendues vers leurs frères du Nord. Plusieurs dragoniens libres coulèrent un regard vers les nobles, qui les ignorèrent superbement. Connaissant la coutume vornienne, ils ne tentèrent rien pour entraver la servitude des détruits. Ces saloperies de colliers, ou le fouet pour eux et la pendaison pour ceux auxquels ils auraient tenté de résister.

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