Retour à Vorn 3/7

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- Pour tout vous dire, il s’agit d’une habitude que j’ai prise. Le cuivre ne se réfère à rien, et plus jeune j’ai pensé que cela correspondrait parfaitement à ma garde. Depuis, je crains qu’une modification aussi vive que la couleur ne la perturbe.

- Comment une attardée peut-elle devenir garde personnelle ? minauda Isa.

Dans l’autre pièce, Ombre les écoutait tout en se débattant avec les sous-vêtements de la robe. Les couturiers de la Demoiselle avaient vu petit au niveau du ventre. La dragonienne haïssait déjà cet habit vert et proche du corps, l’empêchant de dissimuler ses dagues et ses poignards comme elle en avait l’habitude. De plus, à l’exception des robes de chambre, elle n’avait jamais porté ce type de vêtement. Pendant ce temps, Gérald répondait.

- Bien que simple d’esprit, elle reste capable d’analyser un adversaire, et de réagir en conséquence. Elle a obtenu ce titre par le mérite.

Contrairement à l’accoutumée, lorsqu’il abordait le sujet, son seigneur ne laissait transparaître aucune fierté déplacée. Il adoptait une intonation pensive, distraite.

Un son attira l’attention d’Ombre. Quelqu’un allait de la porte du boudoir à celle de la bibliothèque. La dragonienne eut juste le temps d’arranger l’amoncellement de ses pièces d’armure pour dissimuler ses armes. Seule son épée demeura en évidence sur un siège.

Le mercenaire ouvrit la porte, et elle émit un gloussement de donzelle surprise et pudique, tout en se cachant derrière un autre siège. L’humain la scruta avec insistance. Elle demanda de sa voix aiguë et enfantine :

- Que me voulez-vous ?

Le mercenaire réfléchit, et ne trouva aucune raison valable à son intrusion. Il haussa les épaules.

- C’est toi, Ombre ?

- Oui monsieur le serviteur !

Il ne put s’empêcher de tiquer, piqué dans son orgueil.

- Pourquoi, monsieur le serviteur ?

Ne sachant que répondre, il haussa de nouveau les épaules, et broda :

- On trouvait que tu mettais un peu de temps pour mettre cette robe.

- Enlever l’armure prend du temps, gloussa-t-elle en penchant la tête.

- Maintenant que tu la portes plus, je dois l’amener à tes appartements.

- Non monsieur le serviteur, s’opposa-t-elle avec candeur. Mon armure, il n’y a que moi qui doit y toucher ! Sinon, ça ferait de la peine à mon seigneur, et à moi aussi.

Perplexe, le mercenaire voulut tout de même s’en emparer. Engoncée dans une robe où elle ne se sentait guère à l’aise, l’écailleuse s’éloigna du meuble, dégaina son épée d’un geste et s’interposa entre le mercenaire et ses affaires, menaçante. Toujours avec sa voix d’imbécile, elle insista :

- Mon seigneur m’a dit que je ne devais laisser personne toucher à son cadeau. Je n’ai pas le droit de vous laisser prendre mes affaires, monsieur, sauf si mon seigneur vous l’a dit, et vous ne portez pas son odeur. Alors il ne vous a rien dit.

Le mercenaire l’observa longuement, analysant sa posture. Elle devina sans peine qu’il savait avoir affaire à une combattante d’élite. Sans armure, il ne prendrait aucun risque. Aussi s’inclina-t-il avant de tourner les talons. Dans la pièce attenante, les deux promis poursuivaient leur conversation, dont elle n’avait manqué que des bribes. Isa tentait de tout connaître de ce qui avait amené la dragonienne de compagnie sur la voie des armes, ce que Gérald peinait à contourner. Lentement, il avoua qu’Ombre s’était mêlée à une bastonnade entre frères, et y révéla un talent indéniable dans l'art du combat. Décision fut alors prise d’exploiter ce talent, et de le développer autant que possible.

Enfin, la dragonienne s’estima satisfaite de sa mise. Et nourrissait du ressentiment contre la dentelle utilisée pour ses dessous, qui se prenait dans ses écailles. Elle rangea soigneusement son armure, se servant d’un nouveau fauteuil comme d’un mannequin de rangement, et retourna au boudoir. Les deux tourtereaux la dévisagèrent, tous deux surpris de la manière dont sa nouvelle mise la mettait en valeur.

- Fais donc un tour sur toi-même, lui ordonna Isa.

Une pointe de sadisme lui avait échappé. Ombre se dandina durant ce tour, qui suffit à faire voler le tissu vert émeraude de sa robe longue. Elle sentit les écailles de ses cuisses se frotter à chaque pas, et la sensation la surprit. Elle entendit le cœur de son seigneur battre plus fort. Oh, non. Il ne parvint pas à dissimuler assez son intérêt pour que cela échappe à Isa. Cette dernière, parfaite dans son rôle, s’extasia :

- Quel ravissement pour le regard ! Qu’en pensez-vous, mon aimé ?

Gérald prit son temps pour répondre, et s’empêcher de déglutir au point de révéler l’ampleur de son trouble. Par chance, il ne s’empourprait pas. Pour la première fois, il put voir les formes d’Ombre, et ce n’était pas pour déplaire, bien au contraire.

Il ne pouvait même pas en profiter pleinement.

Encore moins ouvertement.

Elle avait des pieds plus fins qu’il ne le pensait, révélés par de belles chaussures blanches. Ses chevilles présageaient des jambes fuselées à souhait. Désormais dépouillées de tout aspect militaire, ses hanches témoignaient de sa féminité. Venait ensuite une taille joliment marquée, puis un torse sur le quel les muscles pectoraux se remarquaient aisément.

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