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  L'un de leurs accompagnateurs saisit Ombre et referma des menottes sur ses poignets. Par réflexe, cette dernière éprouva la solidité des fers, ce qui les fit tinter. Jamais personne ne l'avait entravée de la sorte. Elle détestait cette sensation. Répondant à un ordre muet, l'esclave la déshabilla en déchirant ses vêtements. La dragonienne trouva le son sinistre et cela suffit, à sa grande honte, à la faire tressaillir. Elle ne voulait donner aucune satisfaction à la Demoiselle Isa. Ses écailles se hérissèrent à demi en réaction au froid humide ambiant. Au moins la puanteur s'atténuait-elle.

 Derrière elle, Ombre entendait des écailles caresser de la peau, accompagnés de souffles de satisfaction. Son tortionnaire partit chercher un assortiment d'outils, qu'elle ne put voir. Elle n'en entendit que les tintements métalliques, tandis que la Demoiselle Isa se faisait toujours caresser. Il y eut un moment de calme, tandis que le cœur de l'humaine battait avec plus de force et de vigueur. Son odeur témoignait de son plaisir grandissant.

 Soudain, l'esclave planta un clou dans sa clavicule. Ombre parvint à rester silencieuse, tandis que les affres de la souffrance la tétanisaient. Eclaté sous le choc, l'os lui envoyait des vagues de douleur à chaque respiration. Son bourreau laissa cette première épreuve se graver dans l'esprit de sa victime, avant de visser l'objet avec lenteur dans les chairs.

 Ombre s'efforça de demeurer stoïque, tandis que le fer fouaillait dans sa blessure. Son bourreau faisait patiemment remonter le stylet, jusqu'à l'épaule. Alors, avec application, il scia de la pointe les tendons qui liaient le bras au reste du corps, avec une certaine langueur. Dans son dos, la suppliciée entendit quelques gémissements de plaisir, tandis qu'elle parvenait à ne laisser échapper aucun son. Elle sentait que la spectatrice s'efforçait, elle aussi, de rester silencieuse, pour ne rien manquer de ses réactions. Craignant que fermer les yeux ne la pousse à se concentrer sur la douleur, elle s'imposa de fixer aussi haut que possible le mur de pierre face à elle.

 Chaque fibre tendineuse ou musculaire fut sectionnée, cédant les unes après les autres dans une lenteur atroce. Chaque zone parcourue par le fer irradiait. Lorsque le bras céda, se démit et ne fut plus que tenu par la peau et le bracelet de fer, la douleur ne fut déjà plus supportable. Ombre ne pouvait plus retenir ses tremblements, ses sifflements. Toutefois, elle parvenait encore à dissimuler à quel point tout ceci l'horrifiait. En réponse, Isa gémissait de plaisir, aussi bien à la vue de ce spectacle qu'en réaction à ce que lui procurait son esclave.

 Après avoir rendu ce premier membre flasque, le dragonien fit face à Ombre, ne cachant rien de son propre plaisir. Jubilant, il lui saisit l'arrière du crâne et le menton avec une douceur malsaine, et la contraignit à se contorsionner, malgré la douleur. Assez pour qu'Isa voie son regard et en éprouve une satisfaction sans borne.

- Bien... souffla-t-elle dans un râle.

 Le dragonien se remit sur le côté d'Ombre, et se saisit de l'arrière de son genou. Il avait laissé le stylet enfoncé presque jusqu'à la garde dans l'épaule. Couverte de sueur, la dragonienne se demandait, paniquée, comment se sortir de ce cauchemar. Chaque mouvement la terrassait déjà de douleur. Chaque inspiration. Combien de fois avait-elle méprisé des personnes cédant dès le début d'une torture, au cours de ses visions du passé, convaincue qu'il était aisé de résister aux affres de la souffrance et de la terreur ? Persuadée de mieux réussir que la plupart des victimes, elle se découvrait faible, à sa grande honte.

 Un nouveau sifflement lui échappa, tandis que le dragonien lui écorchait l'arrière du genou, puis remontait à rythme lent, lui sciant la peau. Ce fut plus fort qu'elle, Ombre se débattit de toutes ses forces, hurlante, rugissante, impuissante. En écho lui répondit le plaisir d'Isa.

 Ce traitement poursuivit son cours. Un observateur curieux suivait l'odeur de la dragonienne dans les couloirs souterrains, puis entendit ses hurlements désespérés. Soif suivit la piste olfactive et les cris. Il reconnaissait les effluves de la dragonienne et de l'humaine, mais pas celles de leurs deux accompagnateurs. Ce qui le surprenait. En trois millénaires, il avait eu le temps de connaître chaque personne du château, ainsi que leurs prédecesseurs. Et il découvrait deux inconnus, en sus de la peur de sa consœur au pouvoir dormant.

 Parvenu devant la dernière porte le séparant des réponses à ses interrogations, le dragonien entrouvrit le battant en silence, et resta loin de la lumière des torches. Il détailla la scène, chercha à comprendre. D'un côté, la terreur blonde de la surface se faisait masturber. En face, la dragonienne rousse au potentiel égal au sien se faisait taillader la chair, avec une lenteur anormale. On ne tuait pas ainsi, et de tels traitements ne servaient à rien pour asseoir une domination à long terme. Soif comprenait tout de même deux choses. La terreur et la douleur n'éveillaient pas le pouvoir en sommeil de la dragonienne rousse, seule chose attrayante en elle. Et la terreur blonde jouissait des cris de douleur, jamais elle ne ferait cesser le supplice. Cela pouvait durer des lunaisons encore. Pour rien. Rien que son plaisir, mais cela n'arrangeait guère les projets de Soif. Il s'éloigna, afin de demander conseil à ses pairs.

 Le supplice d'Ombre dura. Quand la Demoiselle s'estima satisfaite, elle prit le temps d'admirer l'œuvre. Malgré l'arrêt des coups, la dragonienne souffrait, subissait la rémanence des douleurs. Quand l'humiliation n'appartenait pas au présent, sa mémoire prenait le relais, détaillant chaque instant, jusqu'à ce qu'une nouvelle blessure soit provoquée. Pour tout reprendre à l'accalmie suivante. La rousse ne remarqua le départ d'Isa qu'au claquement de la voix de cette dernière.

- Je reviendrais plus tard, ma chose... et vous tous ; ajouta-t-elle en s'adressant à ses deux esclaves ; elle vous appartient presque.

 L'indication poussa les deux dragoniens à s'échanger un regard heureux. Ils savaient ce que cela signifiait. Dès que l'humaine sortit de la salle, ils s'approchèrent et se placèrent face à la suppliciée. Ombre se laissait porter par les chaînes, les genoux effleurant le sol. Abrutie par la douleur et la peur, elle s'abandonnait à la terreur.

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