Où 8/10

3 minutes de lecture

- Pardon ?

- Nô, Pârdon pas mô nom.

- Ssédévn’aêk ?

- Ssdvenna’êk, à qui as-tou jeuré de… fidèle ?

- Isséri.

Le dragonien devint hésitant. Ombre porta lentement la main à son arme. Le geste n’échappa pas au prédateur, qui ricana en lui montrant les crocs.

- Ôui, nô devons saveuâr qui de nôs deux domine qui. Isséri craint tu me battes. Pas môa.

Ombre se demanda ce que signifiaient ces divers revirements et les implications qu’ils donnaient aux combats. Exceptionnellement, elle remercia intérieurement son entraînement et son interdiction de tuer. Sans cela, elle se demandait ce qui leur serait arrivé.

Ssdvenna’êk la détailla une dernière fois, puis lui annonça que parler la langue ennemie l’agaçait.

- Apprends vite ta langue, sœur, que je ne me salisse plus.

Sur ce, il retourna à son métier à tisser, formant une longue bande orangée.

Kala-kala-kala-kalak

Ombre se sentit seule, abandonnée et isolée comme jamais. Les uns après les autres, elle observa avec attention chacun des dragoniens. À tous elle leur donnait entre cent cinquante pour la plus jeune et six cents ans pour le tisserand. Désœuvrée, elle ne trouva guère mieux que de poursuivre l’inventaire de son environnement.

Kala-kala-kala-kala-kala-kalak

Sans même y s’en rendre compte, elle s’assit près du métier à tisser, hors du cercle dessiné par le groupe, aussi à part, exclue que le traducteur. Les autres fabriquaient des onguents, des outils, des armes et des armures.

Kala-kala-kala-kala-kala-kalak

Les ombres s’allongèrent peu à peu. Le ciel s’assombrissait, chacun vaquait à ses occupations, quand le bruit d’une chasse approcha. Un animal inconnu hennissait. Il ne s’agissait pas d’un cheval. Des dragoniens excités rugissaient et sifflaient. Tous les Aniogar se tournèrent vers l’origine de ces sons, avec des attitudes pleines d’espérances.

Kala-kalak…

Ssdvenna’êk abandonna sa tâche, et sourit de tous ses crocs lorsqu’il reconnut le fracas approchant. L’animal paniquait et se précipitait vers eux. Le dragonien se précipita sous la tente où conversaient toujours Isséri et Hênn-fia.

Confuse, Ombre suivit la sortie de la cheffe, le tisserand sur les talons. Des fougères géantes s’agitaient au loin, secouées par un animal puissant hurlant d’une nouvelle douleur et d’une terreur grandissante. Cela serra le cœur de l’égarée, qui s’inquiéta pour Astuce, Kriss et Brouillard. D’ici quelques heures elle saurait. Si on la laissait dormir…

Isséri se précipita loin du campement. À une dizaine de mètres, Ssdvenna’êk bondit sur elle, tandis que le corps de la noble se métamorphosait à une vitesse folle. En une pincée de secondes, ses membres s’agrandirent, son dos s’allongea, son cou s’épaissit, et à la place de la dragonienne bondit un grand dragon noir. Il prit son envol dans le même mouvement, une traînée de sable lié à ses ses pattes postérieures. Ses ailes engendrèrent deux petites tempêtes, tandis qu’elle parcourait les quelques centaines de mètres la séparant de l’orée des bois en un battement de cils.

Dans le même temps, une forme équine grise jaillissait des fourrés, hurlant son horreur. Même de là où elle se trouvait, sidérée, Ombre pouvait deviner les pieux cruellement enfoncés dans la chair de l’animal, ainsi que son boitement.

Lorsqu’Isséri atterrit, elle abattit l’animal, le tuant de peur. Quand bien même son cœur n’aurait pas lâché, la serre arrière que la dragonne posa sur lui l’aurait achevé. Elle reprit forme humaine, tandis que Ssdvenna’êk sautait de son dos.

Les uns après les autres, cinq dragoniens leur firent face. Même à plusieurs centaines de mètres de distance, le vent apportait à ceux restés au campement des bribes de conversation tendue. Le vent leur apportait une vague odeur animale de sang, et de sueur dragonienne.

L’échange ne dura pas longtemps. Il se conclut lorsqu’une barrière noire monumentale se dessina sur tout le pourtour de la plage. Cette démonstration de magie pétrifia Ombre. Le léger malaise des résidents ne l’aida guère à se sentir mieux. Les cinq inconnus partirent, abandonnant leur proie à Isséri. Cette dernière reprit sa forme draconique, l’animal dans une serre, et elle retourna à son campement, le tisserand de retour sur son dos.

Le dragon reprit forme humaine juste devant le campement, évitant que des tourbillons de sable n’indisposent les résidents. Ombre put admirer avec effroi et envie la bête. Son poitrail puissant sous de longues écailles noires et effilées. Les anneaux blanchâtres mouchetés de noir. Les membres puissants et les serres effilées comme des sabres.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Hilaze ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0