Voyage 4/6

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Dès son réveil nocturne, tenaillée par la faim, elle nota en catastrophe son compte-rendu. Comme chaque nuit, elle se faufila jusqu'à la réserve, prit sa tartine de pâté habituelle puis retourna se coucher. Cette fois, elle se concentra sur les dix dernières années, et Isa.

Au matin, elle s'éveilla dans les bras de son seigneur. Ce dernier sentit le cœur de celle qu'il aimait s'emballer comme jamais auparavant. Désireux de la rassurer, il affermit une emprise aimante sur elle. Ombre attendit que son corps se réchauffe, avant de se dégager de l'emprise. Avec autorité, elle annonça :

- Mon seigneur, nous devons parler à votre famille immédiatement.

- Qu'as-tu vu, Ombre ? bailla ce dernier.

- Je préfère en parler devant votre famille. Seul, vous répéteriez vos erreurs.

Elle s'habilla en vitesse, tandis que Gérald caressait son oreiller. La dragonienne prépara les vêtements de l'humain, et partit sans l'attendre. Son petit-déjeuner attendrait. Son rapport en main, elle partit se faire annoncer en salle d'audience privée. Son agitation perçait au niveau de son odeur, ce qui surprit les dragoniens qu'elle croisa.

L'espionne n'attendit qu'une dizaine de minutes avant que le comte et ses enfants ne se tiennent face à elle. Dès que les cinq nobles furent assis, elle tendit son rapport à Xavier, et résuma ses visions. En sa qualité de servante, elle resta debout face à eux.

- La duchesse Isa sait que mon seigneur Gérald refuse de vivre sans moi, et quels sentiments il nourrit à mon égard. Elle ne le supporte pas, et désire le mettre à l'épreuve. Au moindre signe, qu'elle interpréterait comme une inclination de sa part me favorisant, elle nous fera tous deux jeter au fleuve.

Elle guetta une réaction. Le vieux comte, de par son grand âge nécessitait de temps pour tout saisir. Gérald tentait de dissimuler la rancœur qu'il éprouvait pour sa promise, enfin, Herbert et Xavier se concertaient du regard. L'aîné prit enfin la parole.

- Comment s'y prendra-t-elle ?

- La duchesse a payé plusieurs troupes de mercenaires. Ils n'attendent qu'un geste, qu'un mot de sa part, et ils me lieront à mon seigneur, avant de nous emmener au loin.

- Et ce messager déjà reparti... murmura Xavier.

Ombre le foudroya du regard. Elle n'avait demandé qu'une nuit. Désormais, il leur fallait trouver des solutions en urgence. D’une voix froide, elle proposa :

- Je peux le rattraper.

L'héritier écarta l'offre d'un geste.

- La solution me paraît simple, tu devras rester loin de Gérald... et toi petit frère, apprend à jouer ton rôle correctement !

- Il en est incapable, contra Ombre.

Gérald voulut protester, mais ses frères le firent taire.

- Vous trouvez de meilleures solutions, habituellement.

- Que veux-tu que je te dise, Ombre, nous ne pouvons pas encore manquer de respect à Vorn, nous devons tenir quatre mois.

- Les meilleurs messagers nécessitent de deux semaines et des meilleurs chevaux, pour rallier Gué-des-Âtres depuis le château résidentiel de Vorn. Bien des choses peuvent interrompre leur course.

- Jamais nous ne te donnerons la permission de tuer, Ombre, précisa Herbert d’un ton irrévocable.

- Alors empressez vos assassins, insista cette dernière.

- Ne me contrarie pas, le messager vivra, clôtura le comte.

lls lui demandèrent si elle détenait d'autres informations. Comme toujours, elle ne leur dissimula rien. Avec monotonie, elle leur lista ce qu’elle savait, et leur raconta la nouvelle méthode de dressage qui portait ses fruits pour obtenir des mages, obéissants. Et surtout, assez libres de leurs mouvements, pour représenter une sérieuse menace.

Les mercenaires, à chaque couloir, prêts à avertir leur cliente de la moindre erreur de Gérald, ainsi que l’obsession nourrie par la Duchesse à l’égard de ce dernier ; la poursuite de la torture à mort d'innocents, pour satisfaire son insanité ; l'assassinat des parents d'Isa, dans des conditions qui les écœurèrent, similaires à ce qu'Ombre avait traversé. Au détail près que jamais la Demoiselle ne les toucha, ni ne se dévêtit en leur présence. Le couple ducal avait péri les yeux dans les yeux.

Lorsqu'elle eut fini son rapport, Ombre attendit. La mine sombre, les de Xévastre accusaient le coup, se sentant dépassés par ces atrocités. Ils la décevaient. Avec sa méthode, cette situation n'existerait pas. Désireux de se plier aux règles de bienséance, ils ne pourraient empêcher l'inévitable.

- Dites tout de suite que je représente une gêne, pesta Gérald tandis que des regards noirs convergeaient vers lui.

- Vous être trop sincère, mon seigneur.

- Depuis quand s'agit-il d'un désavantage ? se hérissa-t-il.

- Depuis que nous tentons de changer les choses, commenta sobrement Xavier. Je crains que seul le désistement puisse nous sauver.

- N'oubliez pas les mages au service d'Isa, grimaça Ombre. J'ignore encore leurs capacités. Il me faut plus de temps.

- Quel fléau que la magie, s’agaça Xavier.

Ombre le toisa. Comment qualifiait-il sa capacité ? Certes, il ne s'agissait pas d'un pouvoir répandu, et elle ignorait même si d'autres le maîtrisaient aussi.

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