Pyramide VI Réveil

Une minute de lecture

Je redressais l’échine et cherchais mon étoile,

Mais mes yeux éblouis par ce sel encollé

Devenaient nébuleux et me masquaient ta voile :

Ton bateau navigant m’était auréolé.

Tout ce sel, tout ce temps, cette mer, cette pluie

Avaient noyé mon cœur dans l’océan confus

De mon ubiquité... Ma chair s’était enfuie

Avant de se dissoudre, absolu que je fus.

J’avais pourtant perçu ces solides écailles

Me pousser dans le dos, me changeant en triton,

Tout n’était que douleur et profondes entailles,

je rêvais d’Hélios mais j’étais Phaéton.

Cette mer infinie a su perdre ma mue

Dans ses reflets de lune et ses flots obstinés.

Et la flamme agitée, effrayée et ténue

M’empêchait de choisir ces quelques destinés.

Et je me répandis... Cette mer abyssale,

Cet océan d’ennui fut mon corps épanché :

Je n’avais jamais eu de nageoire dorsale,

J’étais cet homme hagard, inutile et penché.

J’avais rasé ma barbe, et mes joues étaient creuses,

Je rêvais, subissais et le vent m’implorait,

Mais tout est plus pénible aux âmes amoureuses,

J’étais sur cette plage et la mer m’effleurait.

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