Chapitre 10 - La fête du Commencement

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Nous sommes dans l’immense jardin de la famille Follet. Le père de Clara Follet fait partie du conseil régional et il est très influent. Cette dernière vient nous saluer quand elle nous aperçoit.

- Comment vas-tu Valentina ? Ça fait un moment que je ne t’ai pas vu au club de golf avec tes parents, je croyais que tu aimais ça pourtant.

- J’ai été occupé par les examens ces dernières semaines, je me justifie.

- Vous faites un beau couple, termine-t-elle en nous observant tous les deux Alex et moi.

Elle s’en va saluer d’autres personnes. Alex me tend une coupe de champagne posé sur un plateau. Nous portons tous les deux des vêtements élégants et décontractés blancs.

Il y a énormément de monde et des serveurs ont été engagé par la famille. La piscine est inoccupée et pour cause, nous n’avons pas le droit de nous baigner. C’est une fête guindée, pas une soirée étudiante.

Le soleil commence à décliner et les premiers amuses bouches sont servi. Les adultes parlent affaires entre eux tandis que les jeunes s’esclaffent bruyamment. J’ai salué pratiquement tout le monde mais je ne suis pas près de me montrer sociable ce soir.

Alex et moi, nous sommes dans un coin et je peux percevoir la discrétion de certaines personnes. Des contrats de grandes envergures ont l’habitude de se négocier. Au final, c’est plus une soirée d’affaires qu’une fête décontractée. Ma mère et madame Follet sont en grande conversation, ces deux-là s’adorent, elles passent beaucoup de temps ensemble.

Mon copain semble s’ennuyer car je sais qu’il préfère la foule. Quand il aperçoit Charlie, il se lève et vient le saluer d’une tape dans le dos. Je m’éloigne discrètement puis entre dans l’immense salon vide. La cuisine est sens dessus dessous et les serveurs n’arrêtent pas d’aller et venir à la vitesse de l’éclair, les bras remplis de bonnes choses.

Je reçois un nouveau message d’Irina. Je pose ma flute de champagne pour lui répondre. Évidemment que je lui ai pardonné, je ne suis pas rancunière. Irina est mon amie et je ne veux pas que nous soyons en mauvais terme. Certes, elle n’approuve pas toujours mes choix mais elle n’a pas le droit de me faire la morale. Ma mère est déjà là pour ça.

Clara entre dans l’immense villa pour demander quelque chose à un serveur. Elle semble très agitée et lorsqu’elle m’aperçoit, elle se dirige dans ma direction.

- Tu ne sais pas la nouvelle ? demande-t-elle en faisant de grands gestes.

- Si tu es venu à ma rencontre c’est que je ne sais probablement pas, je réponds exaspérée.

Elle ne relève pas le fait que je la prends pour une idiote et continue ses explications.

- Matéo Di Angelo et sa mère sont ici. Étant donné que c’est tes voisins et que leur histoire a fait parler d’eux, je me disais que tu voulais peut-être le savoir.

- Quoi ?! je m’étrangle en faisant tomber mon téléphone.

Je le ramasse illico puis je me précipite sur la terrasse en faisant attention de ne pas tomber avec mes talons hauts.

Je scrute l’assemblée du regard et je ne mets pas longtemps à repérer Matéo ainsi que sa mère. Tous les yeux sont tournés dans leur direction et les murmures parcours les invités. Madame Di Angelo semble gênée tandis que Matéo défie l’assemblée du regard.

- Ma mère les a invités mais je ne pensais pas qu’ils viendraient, chuchote Clara près de mon oreille.

Clara est comme sa mère, toujours à écouter aux portes et rapporter les derniers potins à qui veut l’entendre.

- Pourquoi a-t-elle fait ça ? je demande inquiète.

Je ne veux pas que les Di Angelo soient humiliés lors de cette soirée, ils ont assez souffert comme ça du regard des autres.

- Elle était très amie avec madame Di Angelo dans le temps et elle voulait lui donner une autre chance de s’insérer dans la société, explique la jeune femme. Ma mère éprouve de l’empathie pour cette femme qui a perdu son fils une fois.

Quelques personnes viennent tout de même saluer les nouveaux venus et madame Follet la première. Je peux voir Alex tendu comme un arc aux côtés de son fidèle ami Charlie. Il ne quitte pas Matéo du regard et ses doigts sont crispés sur son verre.

Je me décide enfin à aller à la rencontre de mon ami. Le vent chaud d’été soulève mes cheveux et fait voler ma robe.

- Salut Matéo, je ne savais que tu étais invité, j’entame en souriant.

- Je ne pensais pas venir mais ma mère a insisté.

- Bonsoir Valentina, c’est un plaisir de te voir à nouveau, entame madame Di Angelo.

- Moi aussi madame, je lui dis avec sincérité.

Le costard de Matéo lui va très bien mais il ne semble pas très à l’aise dedans. Sa mère a les traies tirés et la peau pâle. Elle ne semble pas tout à fait remise de ses années de solitudes.

Madame Follet monte sur une petite estrade avec un micro et attire notre attention. Ma mère apparait à mes côtés, accompagnée d’Alex. Elle me regarde avec sévérité et me fait signe de me tenir près de l’estrade avec Alex. Elle nous donne à tous les deux une nouvelle flute de champagne.

Quand nous sommes à côté de l’estrade, madame Follet nous lance un sourire rassurant. Cette femme est plus gentille que ma mère, je ne comprends pas comment elles en sont venues à être amie. Ah oui ? Elles font toutes les deux les commères du village.

Je ne sais pas pourquoi ma mère nous a demandé de nous poster ici.

- Bienvenue à la fête du Commencement, commence notre hôte. Mon mari et moi-même nous sommes heureux de vous accueillir pour la cinquième année à la soirée en l’honneur du début de l’été.

Madame Follet nous jette un nouveau coup d’œil avant de reprendre son discours.

- Nous allons annoncer les fiançailles d’Alexandre Damas et de Valentina de Folona. Une fête aura lieu d’ici quelques semaines pour célébrer les fiançailles.

Mon visage vient de se décomposer et l’assemblée applaudit en nous observant. Le visage gêné d’Alex et son sourire crispé m’indique qu’il n’était pas au courant de ça. Je vois madame Damas et ma mère discuter en nous regardant tout sourire. Je ne pensais pas que ma mère allait forcer l’amour de cette façon. Je croise également le regard outré de Matéo. Charlie saute sur Alex en le félicitant.

Je ne veux pas rester une seconde de plus. Je me précipite dans la maison pour y trouver du calme. Je ne fais pas attention aux acclamations des invités. Je ferme la porte d’une vaste salle de sport privée. Je fais les cents pas en soupirant tout en lâchant des jurons de temps en temps. Mes pieds commencent à me faire mal mais je continue de tourner en rond. J’envoie un message à Irina pour lui demander quoi faire. J’attends plusieurs minutes mais elle ne répond pas.

La porte s’ouvre sur Alex et je m’arrête subitement pour l’observer. Il lève les mains en secouant la tête.

- Je te jure que je ne savais pas. C’est nos mères qui ont tout manigancé.

- Je sais, je le coupe avant qu’il n’en dise plus.

- Ce n’est si grave si on se marie dans un an, on a le temps de tomber amoureux, dit-il en s’approchant de moi.

- Est-ce que tu es sérieux ? je m’énerve en recommençant à faire les cent pas dans la pièce. On ne peut pas se marier !

- Pourquoi ? demande-t-il avec désespoir.

- Parce que je ne t’aime pas ! Je ne pourrais jamais t’aimer car tu as essayé de me violer, je m’exclame avant de poser une main sur ma bouche.

Il le savait mais il pensait que j’allais finir par succomber à l’amour. Je ne voulais pas le poignarder ainsi. Un éclair de souffrance passe dans ses yeux avant de laisser place à la colère.

- Je pensais que nous en avions finis avec ça ! s’énerve-t-il. Je me suis excusé mille fois pour ça.

Alex pose sa main sur mon épaule mais ce contact déclenche quelque chose en moi. Je revois ce moment où il m’a poussé sur le lit pour me faire du mal. Je le repousse violemment avant d'entourer mon buste de bras. Il trébuche sur des altères laissées au sol et s’effondre par terre.

Il se relève en crachant à terre. Ses yeux sont emplis d’une telle colère que je m’éloigne un maximum de lui. Alex se précipite vers moi puis m’attrape les bras.

- Espèce de connasse, je pensais que tu étais sincère avec moi ! Mes sentiments pour toi sont réels, hurle-t-il.

Je le gifle et il me lâche enfin. Quelques secondes plus tard il me renvoie une claque monumentale sur la joue. Je m’écroule par terre au moment où la porte sort de ses gonds dans un fracas assourdissant.

Matéo apparait, ses poings sont fermés et ses yeux verts sont en fusions. Il observe la scène et quand il comprend ce qu’il s’est passé, il se précipite vers Alex. Il lui attrape le col de la chemise et lui lance un regard noir en le dominant de toute sa hauteur.

- Si tu poses une nouvelle fois les mains sur elle, je te jure que je t’expédie en petits morceaux par la poste jusqu’en enfer, gronde Météo avec calme même si je sais qu’il est prêt à exploser.

Alex hoche la tête, les larmes aux yeux et quand Matéo le lâche, il s’enfuit en courant. Mon frère m’aide à me relever mais je ne tiens plus sur mes jambes parce qu’elles tremblent trop. Il me prend sans ses bras et me porte jusqu’à sa voiture. J’explose en larme sous l’étreinte rassurante de Matéo.

- Il… il faut que je te dise quelque chose, je parviens à dire entre deux sanglots.

Son regard est empli de douceur et de compassion. Je crois qu’il est temps de lui raconter ce qu’il s’est passé avec Alex à la soirée de Charlie.

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